Entre la fin du XVIe siècle et la première moitié du XVIIe siècle, les monarchomaques sont actifs dans de nombreux pays, s'opposant dans leurs libelles à l'absolutisme royal qui commençait à être mis en place. L'étymologie du terme qui les caractérise dévoile leur action, étant « ceux qui sont en guerre contre le monarque ». Ils fondent donc leur pensée sur le droit de résistance à l'oppression.
Cette possibilité de se révolter contre le pouvoir établi avait déjà été abordée dans l'Antiquité, notamment par Aristote et Cicéron, qui s'y appuie pour justifier l'assassinat de César. Cependant, le débat concernant la forme de cette lutte et envisageant le tyrannicide n'était pas consensuel. Ainsi, pour Thomas d'Aquin, il faut distinguer le prince usurpateur, qui peut être destitué et assassiné, du prince légitime qui néanmoins exerce son pouvoir de façon néfaste, et qui ne peut être tué. Cette théorie sera combattue durant le Moyen Age, puis reprise par les monarchomaques au XVIe siècle.
[...] Pour cette raison, l'initiative de la résistance revient aux magistrats inférieurs. Dans son traité Du droit des magistrats, paru en 1574, Théodore de Bèze, monarchomaque huguenot tente de définir une attitude légitime face à la tyrannie à travers la figure du magistrat inférieur, aussi nommé la plus saine partie Pour lui, cette légitimation ne peut en aucune façon provenir du peuple ou de ses revendications, car elle ne peut être fondée que sur la souveraineté de la loi. Le peuple souverain, notion très différente de la vision contemporaine, est représenté par les États généraux, qui choisissent les rois et les magistrats. [...]
[...] Ces auteurs veulent baser leur résistance à l'oppression sur la légalité, sans que le peuple ne soit directement impliqué dans le soulèvement. Pour Théodose de Bèze, on ne peut se persuader qu'un peuple, sciemment et sans contrainte, s'accorde de s'assubjettir à quelqu'un en intention d'en estre détruit et saccagé ce qui confirme la légitimité de la résistance. Si les monarchomaques français ont été très influencés par les calvinistes écossais, il ne faut pas sous-estimer l'importance du contexte politico-religieux mouvementé, qui a sans doute mené les monarchomaques, pour la plupart protestants, à s'élever contre le pouvoir royal. [...]
[...] C'est donc cette vision de la monarchie comme étant fondée sur un contrat avec le peuple qui justifie la révolte en cas de manquement de la part du roi, l'obéissance du peuple dépendant de cette condition. Suivant cette logique, Geoges Buchanan justifie dans de Jure Regni apud scotos (1578) John Knox et les calvinistes écossais, qui chassent Marie Stuart. Il invoque le pacte mutuel, qui en étant rompu par la reine, la transforme aussitôt en ennemi public, qui peut être châtié et même mis à mort. [...]
[...] Ainsi, pour Vindiciae, il existe deux limites à l'action du roi, fondées toutes deux sur un contrat. La première limite réside dans l'alliance conclue entre Dieu et le roi, qui oblige ce dernier à agir selon les règles divines ; la deuxième limite étant fondée sur un contrat passé entre le roi et le peuple, et selon lequel le roi doit agir selon la loi et le peuple doit l'obéir sous condition qu'il respecte les lois. De cette façon, l'action du monarque doit être légale sans condition tandis que l'obéissance de ses sujets n'est pas absolue. [...]
[...] En effet, on ne peut pas déceler chez les monarchomaques d'aspiration démocratique, la souveraineté du peuple et le contrat monarchique ne pouvant être rapprochés des notions contemporaines. Bibliographie F. Châtelet, O. Duhamel, E. Pisier, Dictionnaire des œuvres politiques, PUF (article : Théodore de Bèze) JJ. [...]
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