Le « despotisme éclairé » : une modernisation de l’Europe ? (1750-1800)

Résumé du document

Le terme de « despotisme éclairé » est apparu au 19e siècle dans les écrits des historiens allemands. S'il est largement employé aujourd'hui pour désigner certains régimes modernes, il désigne à l'origine les régimes autoritaires du 18e siècle en Europe qui œuvraient en vue du bien commun, de la modernisation, processus visant l'adéquation à une époque donnée. Or, selon Mirabeau : « Tous les actes du Despotisme ne sont que des combats de l'obscurité ». Les termes « despotisme » et « éclairé » apparaissent comme antithétiques. On peut alors légitimement se poser la question suivante :
Dans quelle mesure le « despotisme éclairé » a-t-il contribué à moderniser l'Europe ?
On analysera dans un premier temps les avancées qui ont eu lieu sous le règne des despotes éclairés, puis les échecs intrinsèques du despotisme éclairé.

Extraits

[...] Le despotisme éclairé : une modernisation de l'Europe ? (1750-1800) Le terme de despotisme éclairé est apparu au XIX° siècle dans les écrits des historiens allemands. S'il est largement employé aujourd'hui pour désigner certains régimes modernes, il désigne à l'origine les régimes autoritaires du XVIII° siècle en Europe qui œuvraient en vue du bien commun, de la modernisation, processus visant l'adéquation à une époque donnée. Or, selon Mirabeau : Tous les actes du Despotisme ne sont que des combats de l'obscurité Les termes despotisme et éclairé apparaissent comme antithétiques. [...]

[...] Le despotisme éclairé est également moderne économiquement puisqu'on aboutit à la rationalisation des techniques de production. Sur le plan agricole, le servage est aboli en Autriche en 1781 ainsi qu'au Portugal. Ces avancées sociales se lient à des avancées techniques : l'assèchement est pratiqué en Prusse pour augmenter la superficie des zones exploitables, et on introduit de nouveaux mets, comme le navet et la pomme de terre, dans l'alimentation de base. Sur le plan de l'industrie, le dirigisme de l'Etat est très important afin de pallier le désintéressement de la bourgeoisie pour ce secteur (contrairement à la Grande-Bretagne). [...]

[...] En Prusse Frédéric II relie les ministères au directoire général afin de coordonner tous les secteurs de l'Etat. De plus, un code prussien est rédigé en 1794 d'après les idées de Frédéric II. En Autriche Joseph II nationalise le système judiciaire en instaurant un code pénal en 1787 qui s'impose aux codes provinciaux. Ce code pénal abolit les distinctions entre les classes devant la loi. D'autre part, Joseph II impose l'allemand comme langue officielle dans toutes les régions de l'empire, ce qui a un effet unificateur sur l'Empire multi linguiste qu'est l'Empire d'Autriche. [...]

[...] Les échecs du despotisme éclairé : une modernisation imparfaite A. Justification d'un pouvoir autoritaire Pour René Rémond, dans l'Ancien Régime et la Révolution, le despotisme absolu et ses prétendues intentions philanthropiques ne servent qu'à légitimer un régime fortement autoritaire. En effet il existe d'importantes contradictions avec la pensée des Lumières, pensée critique de la tradition, et le despotisme éclairé qui repose sur la tradition. Il favorise l'aristocratie plus que les paysans, se confond avec la monarchie dans la mesure où tout débat public est prohibé, les droits fondamentaux ne sont pas garantis, il n'y a pas de représentation de la Nation en Prusse et Russie. [...]

[...] Le despotisme éclairé se sert d'arguments philosophiques, et notamment de la philosophie des Lumières. Les despotes éclairés, d'une manière générale, ne justifie pas leur pouvoir de manière religieuse mais en se disant des Lumières. Voltaire avait pour idéal un gouvernement autoritaire œuvre pour l'intérêt du peuple. Holbach justifie le despotisme dans Système social ou principes naturels de la morale et de la politique, pour lui un gouvernement fort est nécessaire pour diriger les hommes vers le bien de la société Voltaire et Kant ont loué Frédéric II, empereur de Prusse, qui a établit la tolérance religieuse. [...]