Décret, levée en masse, 23 août 1793, mobilisation politique et humaine, mobilisation économique
Le 23 août de l'an II (1793), la convention vote un célèbre décret, celui de la "réquisition civique des jeunes citoyens pour la défense de la patrie". Ce décret fut rédigé par Barère, avec la collaboration de Carnot. Barère est né le 10 septembre 1755 et est le rapporteur ordinaire du Comité de salut public, c'est-à-dire qu'il fait le lien entre le Comité et la Convention. En 1789, il est délégué du Tiers-État et défend la monarchie constitutionnelle. Elu député des Hautes-Pyrénées à la Convention, il se retrouve proche des jacobins, et partage les positions des Montagnards lors du procès de Louis XVI. Il ne s'attache néanmoins à aucun des groupes ou partis qui agitent la Convention ; ce qui l'autorise à jouer un rôle absolument fondamental dans la création du Comité de salut public au printemps 1793, avec d'autres représentants de ce "tiers-parti", comme Guyton-Morveau, Cambon ou Robert Lindet. Membre du comité de constitution depuis 1792, il suit de près au Comité de salut public les affaires étrangères, la marine, les affaires militaires. C'est ainsi qu'il se voit confier un rapport au sujet d'une hypothétique levée en masse. Suite à ce rapport, ce décret étudié est voté. En 18 articles, ce décret met en place la mobilisation humaine et matérielle au profit de l'Etat en guerre. Tous les jeunes gens de 18 à 25 ans non mariés ou veufs sans enfants sont appelé à défendre le pays. C'était la première fois dans les temps modernes que toutes les ressources d'une nation en guerre, hommes, aliments, marchandises, étaient mises sous la main du gouvernement. La république, selon le mot de Barère, n'était plus qu'une grande ville assiégée, un vaste camps.
[...] Le Comité avait prévu que la manufacture de Paris donnerait 1000 fusils par jour, grâce à ouvriers. Un programme optimiste. Mais le comité avait la volonté d'agir et de vaincre. Ainsi en août 1793, la France possédait sept manufactures d'armes à feu : celles de Maubeuge, Chareville, Saint-Etienne, Tulle qui dataient de l'ancien régime, celle de Moulins créée en juillet 1792, celles d'Autun et de Clermont- Ferrand créées en janvier et juillet 1793. Il ne pouvait être question de négocier ces possibilités. [...]
[...] Lorsque les gouvernements deviennent les gouvernements du peuple, leurs guerres deviennent les guerres du peuple et leurs armées les armées de la nation. Bibliographie. BERTAUD JP., La Révolution armée, les soldats citoyens de 1789 à 1798, Paris, Laffont BOULOISEAU M., La république jacobine (10 août 1792-9 thermidor an Paris, le Seuil FORREST A., "Armée de l'an II : la levée en masse et la création d'un mythe républicain", annales historiques de la Révolution française, pp.111-130. SOBOUL A., Les soldats de l'an II, Paris, 1959. [...]
[...] Mais on peut déclarer que la levée en masse devient pour le service militaire en première ligne une réquisition. "La levée sera générale, les citoyens non mariés ou veuf sans enfants marcheront les premiers" (l.54/55) : seuls sont astreints à cette réquisition les célibataires de 18 à 25 ans ou les veufs sans enfants des même tranches d'âge. Réquisition : service militaire obligatoire pour tous sans exception, le riche comme le pauvre devra partir se battre. Réquisition et non pas conscription : la réquisition vaut pour le temps de guerre, que l'on espère court. [...]
[...] Cette loi apparaît comme le corollaire de celle du 23 août. Il faut noter l'importance de l'article V (l.32 à 45) : le Comité de salut public est chargé d'établir sans délai une fabrication extraordinaire d'armes de tout genre ; il est autorisé en conséquence à former tous les établissements, manufactures et fabriques qu'il jugera utiles, ainsi qu'à requérir la main d'œuvre nécessaire. "Il est autorisé [ ] à requérir, dans toute l'étendue de la République, les artistes et les ouvriers qui peuvent concourir au succès [de cette entreprise]" (l.38/40) : on réquisitionna les ouvriers en fer, ceux aussi spécialisés dans l'horlogerie. [...]
[...] A la ligne 14 nous pouvons lire : "Dès ce moment, jusqu'à celui où les ennemis auront été chassés du territoire de la république". En effet, la France est en guerre, et principalement trois fronts sont ouverts. Tous en dépit d'objectifs différents, mettent en périls la république. L'offensive des coalisés fait peser la menace la plus lourde. La France est envahi de toute part. De plus le péril vendéen est toujours présent. L'armée vendéenne ne parvint pas à prendre Nantes le 29 juin, mais tient toujours le sud de la Loire. Enfin, l'éviction des Girondins le 2 juin fait émerger une révolte "fédéraliste". [...]
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