Le 19 mai 1798, lorsque 38 000 soldats et 160 scientifiques quittent la rade de Toulon pour une expédition militaire et scientifique, presque personne ne connaît la destination. On parle de Sardaigne, de Crimée ou des Indes, mais ce n'est qu'en faisant escale à Malte, le 28 juin, qu'on apprend qu'il s'agit de l'Egypte. La destination à peine connue, l'enthousiasme est mitigé, et on s'arrache les quelques ouvrages écrits par des voyageurs.
Les voyageurs ayant écrit sur l'Egypte sont encore peu nombreux. Ceux qui y sont allés ne se sont souvent pas attardés, voire même n'ont débarqué. On peut citer le voyage du danois Norden, en 1737, qui dessine le temple de Karnak depuis son bateau. D'autres voyageurs y sont restés plus longtemps, néanmoins, tel que Claude Savary en 1777, qui décrit une Egypte idyllique dans ses Lettres sur Egypte. Plus tard, en 1787, François Volney parcourt l'Egypte à son tour et décrit, dans son Voyage en Egypte et en Syrie, un pays déchu, en proie à une tyrannie et d'une grande pauvreté artistique. Entre la vision plutôt noire de Volney, et les descriptions plus positives de Savary, les connaissances sur l'Egypte sont encore pauvres et superficielles, et plus particulièrement encore sur la Haute Egypte.
Quels ont été les travaux des savants de Bonaparte en Haute Egypte, et dans quelles conditions ont-ils été effectués ?
Pour répondre à cette question, nous étudierons dans un premier temps les acteurs de l'expédition, puis les travaux qu'ils y ont effectués et enfin les conditions difficiles du voyage.
[...] Mais les savants ne s'intéressent pas qu'aux ruines de l'Egypte antique. Geoffroy Saint-Hilaire, de son côté, collecte les différentes espèces animales, comme il l'écrit à Jussieu en août 1798 : "J'ai trouvé nombre d'oiseaux intéressants; les observer vivants, les décrire zoologiquement et anatomiquement, les faire préparer en peau et en squelette ont été les soins dont je me suis occupé." De fait, Geoffroy Saint-Hilaire a tout fait pour ramener le plus d'espèces rares possibles, en prenant contact avec des pêcheurs, des chasseurs, des charmeurs de serpent. [...]
[...] Les missions de la Haute Egypte Avant le retour de Vivant Denon au Caire, une autre mission est déjà partie en Haute Egypte. Elle est menée par l'ingénieur Pierre Girard et a principalement pour but d'étudier l'hydrographie du Nil. Mais cette expédition compte deux jeunes membres, Prosper Jollois et Edouard de Villiers du Terrage, ingénieurs comme tout les membres du groupe, qui s'intéressent de près à l'architecture et l'art égyptien. Très vite, essaie de se débarrasser de leur tâche initiale pour étudier eux aussi les monuments de la Vallée des Rois, malgré le désaccord de leur supérieur. [...]
[...] Le pas du chameau est d'une régularité parfaite; c'est un véritable pendule animal." Par manque de matériel, le travail est rendu plus difficile, même si l'astronome Nouet vient prêter main forte aux géographes. Il est demandé aux géographes d'indiquer avec leur travail tout les monuments et objets remarquables, mais également le nom des tribus de nomade, le nombre des habitants, les espèces de plantes cultivées . Il ne s'agit donc pas uniquement d'une volonté de contrôle militaire du territoire mais d'une véritable connaissance de l'espace. [...]
[...] Denon, lors de son séjour en Haute Egypte, ne dispose parfois que d'une vingtaine de minutes pour visiter une tombe et en faire des croquis. Plus grave, les savants se retrouvent parfois impliqués dans des combats entre les armées de Bonaparte et celles de Mourad bey. Sur les quelques 160 membres qui partent, huit trouvent la mort au court de combats. Cette insécurité est présente au jour le jour, comme l'écrit Villiers du Terrage dans son journal: "Combien de fois ( . ) n'avons nous pas parcouru les plaines de Thèbes, au risque d'y être assassinés par les Arabes! [...]
[...] Je vous en remercie infiniment, nous en étions réduits à faire des crayons avec des balles de plomb que nous fondions et coulions dans des roseaux." Le manque de matériel est parfois un véritable handicap, lors de la mesure des monuments en particulier, ou encore pour dresser la carte d'Egypte, et bien souvent les savants sont obligés de composer avec les moyens qu'ils ont. Ils ont de plus à faire face à des conditions difficiles. Un physique et un moral en baisse Les conditions du voyage sont difficiles à supporter pour les membres de la Commission. La chaleur à laquelle ils ne sont pas habitués, ainsi que le soleil, et les vents de sable peuvent se révéler très dangereux. [...]
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