Alors que sur le vieux continent les idées de la modernité se propagent grâce aux philosophes des Lumières, dans les colonies britanniques du Nouveau Monde la révolte s'organise contre le contrôle despotique qu'y exerce le roi d'Angleterre. La déclaration d'indépendance de 1776 concrétise cette révolte et peut être considérée comme le point de non-retour dans la quête de l'indépendance des treize colonies. Ce document et la révolution qui l'accompagne sont uniques à cette époque, et sont une pièce majeure dans la construction de la modernité.
Pour ce qui est de la révolution, ce sont des colonies qui se séparent de la patrie mère. Il ne s'agit pas d'un peuple colonisé qui se révolte contre des colonisateurs, mais des colons eux-mêmes qui proclament leur indépendance par rapport à l'Etat dont ils dépendaient jusqu'alors. Cette idée de patrie mère est développée par Thomas Paine, dans son pamphlet révolutionnaire "Common Sense" qui résume les raisons derrière la volonté d'indépendance. Pour lui, aucune "mère" ne pourrait traiter son enfant avec tant de brutalité. Thomas Paine est lui-même un exemple de cette révolution des colons : né en Angleterre, il émigre en Pennsylvanie en 1774 après avoir fait faillite.
[...] On retrouve ces actes intolérables dans la déclaration d'indépendance, et plus particulièrement, dans l'acte d'accusation. C'est là que l'on retrouve les plaintes pour avoir cantonné de nombreuses troupes, en ne les soumettant qu'au droit anglais prononcé dans des tribunaux en Angleterre. Mais aussi, de nombreuses nouvelles taxes et restrictions commerciales. L'accusation, et la dénonciation du despotisme de Georges III terminent avec des accusations très graves : le roi serait en train d'envoyer des soldats étrangers, des mercenaires, pour rétablir l'ordre dans les colonies. [...]
[...] Cette déclaration n'est pas la formulation d'une nouvelle théorie politique. Il s'agit de fonder cette déclaration sur des notions préexistantes, et en grande partie sur la construction politique de John Locke. La déclaration reprend explicitement les notions fondamentales à la philosophie politique de John Locke, en énonçant que les hommes forment des gouvernements pour assurer à chacun "la vie, la liberté, et la recherche du bonheur". Mais, si le gouvernement n'assure plus ce rôle, son rôle fondateur, alors il est du droit des citoyens d'établir un nouveau gouvernement qui serait en mesure de garantir "sécurité et le bonheur" du peuple. [...]
[...] Finalement, on peut considérer que la déclaration d'indépendance est structurée en trois parties: Le préambule, l'acte d'accusation, et la conclusion. Nous allons regarder dans ce document la dénonciation de l'ancien régime et du despotisme, mais aussi les fondements d'un nouvel état, inspiré des lumières et de la modernité. I. La dénonciation du despotisme Le despotisme de Georges III, et les Actes Intolérables Les actes de despotisme Le roi est dénoncé pour avoir: -refusé son assentiment aux lois. -Refusé de nouvelles lois sans son assentiment, pour ensuite ne pas s'en occuper -refus de nouvelles lois concernant des grandes circonscriptions, s'il n'y a pas d'abandon de la représentativité. [...]
[...] Deux notions présentées dans le préambule, et mises en application concrète dans l'acte d'accusation. Dans ces quelques lignes, le parlement britannique est tenu tout aussi responsable que le roi pour la détérioration des "liens et des rapports". Il s'agit donc de s'émanciper du pouvoir du roi, mais aussi de l'autorité législative du parlement. Il peut sembler paradoxal que ces critiques soient dirigées à l'encontre de la Grande-Bretagne, dont le système politique recevait les éloges de Montesquieu et de Voltaire. De plus, la Grande-Bretagne repose sur des principes développés par John Locke et qui furent instaurés par la glorieuse révolution en 1688. [...]
[...] La déclaration d'indépendance continue ce "plagiat", en déclarant qu'il ne s'agit pas de simples "causes légères et passagères". Cette prudence, tel que dit la déclaration, est également tirée de John Locke. De la rébellion: la rébellion est légitime quand il s'agit de nombreux abus qui durent dans le temps au point que les membres voient clairement un dessein despotique. Voilà ce que dit Locke, et c'est là que la déclaration justifie vouloir former un nouveau gouvernement qui sera en mesure de garantir "la vie, la liberté, et la recherche du bonheur". [...]
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