Au XVIIIème siècle, le sucre devient l'or blanc du commerce colonial. Les Antilles sont le premier producteur mondial. Les exploitations sont des machines industrielles, mais aussi de grands centres d'esclavage. Guillaume Thomas Raynal, dit l'abbé Raynal est né à Lapanouse de Sévérac le 12 avril 1713. Après de longues études chez les jésuites, il devient prêtre en 1743. Il est nommé à l'église Saint Sulpice à Paris en 1746, et devient peu de temps après précepteur dans de grandes familles. C'est vers cette époque qu'il commence à publier ses textes. En 1770, il publie de manière anonyme la 1ère édition de son Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les Deux Indes. Cet ouvrage, qui est une véritable encyclopédie de l'anticolonialisme, est interdit en 1772. Une nouvelle édition voit le jour en 1774, mais est à son tour interdite. C'est en 1780 que l'abbé Raynal publie une 3ème édition, plus connue sous le nom d'Histoire des Deux Indes et encore plus virulente que les deux précédentes. L'extrait dont nous disposons est issu de cet ouvrage, qui fut brûlé en place publique, et qui poussa l'abbé Raynal à l'exil. De retour en France en 1784, il décède à Passy le 6 mars 1796.
Dans notre extrait, il est question de la culture de la canne à sucre dans les colonies européennes. L'abbé Raynal décrit tout d'abord les aspects physiques et agronomiques de la plante (lignes 1 à 49). Puis il nous expose les techniques de transformation du sucre et les produits qui en découlent (l 50 à 132). Enfin, il suggère une possibilité d'amélioration des plantations, en ce qui concerne la productivité, et montre que le sucre est la principale source de richesse des colonies (l 133 à 170).
A partir de cela, on peut donc se demander quelles sont les îles productrices de canne à sucre et quels types de sucre elles produisent. Quelle est la destination du sucre et quel usage en est fait ?
[...] L'Angleterre refuse elle aussi le sucre terré, c'est-à-dire le plus raffiné, et met en place des droits dissuasifs. Les Antilles anglaises exportent donc surtout du sucre brut. c. Les pouvoirs publics français, tout en voulant ruiner le terrage des sucres créoles, ne l'interdisaient pas. Après 1717, le gouvernement ne s'opposa plus au blanchiment du sucre. En 1726, l'autorisation de libre trafic avec l'Espagne créa un stimulant nouveau. Le nombre de sucrerie augmenta dès lors en Martinique, à la Guadeloupe et à Saint Domingue L'utilisation du sucre a. [...]
[...] On couvre la surface du sucre dans toute l'étendue de la base du cône d'une marne blanche qu'on arrose d'eau. En se filtrant à travers cette marne, l'eau entraîne une portion de terre calcaire, qu'elle promène sur les différentes molécules salines, où cette terre rencontre des matières grasses auxquelles elle s'unit. On fait ensuite écouler cette eau par l'ouverture du sommet du moule, et on a un second sirop qu'on nomme mélasse et qui est d'autant plus mauvais que le sucre était plus beau, c'est-à-dire qu'il contenait moins d'huile étrangère à sa nature ; car alors la terre calcaire dissoute par l'eau passe seule et fait sentir toute son âcreté. [...]
[...] A partir de cela, on peut donc se demander quelles sont les îles productrices de canne à sucre et quels types de sucre elles produisent. Quelle est la destination du sucre et quel usage en est fait ? Nous verrons tout d'abord quelles sont les colonies productrices de sucre et quelles sont les techniques de culture nouvelles qu'elles utilisent. Puis, nous nous intéresserons aux produits issus de la culture de la canne à sucre, à leur destination et à leur usage. I. [...]
[...] La canne fournit, outre le sucre, des sirops qui valent le douzième du prix des sucres. Le sirop de meilleure qualité est celui qui coule d'un premier vase dans un second, lorsqu'on fait le sucre brut. Il est composé de matières grossières, qui entraînent avec elles des sels de sucre, soit qu'elles les contiennent, soit qu'elles les aient détachées dans leur passage. Le sirop inférieur, plus amer et en moindre quantité, est formé par l'eau qui entraîne les parties tartreuses et terrestres du sucre lorsqu on le lessive. [...]
[...] Les Anglais coupent leurs cannes en mars et en avril. Ce n'est pas cependant la raison de maturité qui les détermine. La sécheresse qui règne dans leurs îles leur rend les pluies qui tombent en septembre nécessaires pour planter; et comme la canne est dix-huit mois à croître, cette époque ramène toujours leur récolte au point de maturité. Pour extraire le suc des cannes coupées, ce qui doit se faire dans vingt- quatre heures, sans quoi il s'aigrirait, on les met entre deux cylindres de fer ou de cuivre, posés perpendiculairement sur une table immobile. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture