Pour leur propagande ou leurs menus plaisirs les souverains ont cherché à attirer autour d'eux les écrivains et à mettre leur plume à leur service. La littérature se voit ainsi embrigadée et instrumentalisée à des fins bien précises.
On ne devra cependant pas oublier que le vaste domaine littéraire ne se limite pas à ce champ étroit de la création : poésie lyrique et amoureuse, littérature d'édification religieuse, romans de chevalerie ou de moeurs... connaissent une grande faveur et, s'ils n'interfèrent pas directement avec le pouvoir politique, s'impriment et se diffusent largement dans le public.
Il n'en demeure pas moins que, progressivement, la condition de l'écrivain, de par ses contraintes professionnelles, son ancrage social ou son inclusion dans des institutions officielles, se trouve de plus en plus dépendante du pouvoir monarchique
[...] Recherche d'une protection, recherche de la gloire littéraire et recherche de l'argent vont de pair. Selon leur milieu social d'origine, les écrivains sont plus ou moins dépendants de leur protecteur. Des membres de la haute noblesse ? le cardinal de Retz ou le duc de La Rochefoucauld ? écrivent par passion des lettres, ils n'attendent nulle gratification de personne et se mêlent aux intrigues de la cour, allant jusqu'à participer activement à la Fronde. D'autres ont des revenus liés à des fonctions diverses, par exemple des offices de judicature ou des bénéfices ecclésiastiques : ils ne dépendent pas d'un protecteur, même s'ils ne dédaignent pas de recevoir quelque récompense.
[...] Quand le système des pensions royales s'interrompt en 1690, les finances du royaume sont grevées par le coût des guerres. Quant au Roi Soleil, autocrate solitaire, il estime que le régime absolu est suffisamment établi pour qu'il puisse se passer d'une dépense devenue inutile. Si au début de son règne, le monde des lettres était encore à conquérir, celui-ci, comme toute la cour, est désormais domestiqué : l'éloge du souverain ? on le mesure bien en lisant les programmes des académies de provinces ? est devenu un exercice quasi obligé pour quiconque veut acquérir la moindre considération littéraire. (...)
[...] Pendant une quinzaine d'années, la répression reste modérée. Elle se durcit après l'affaire des Placards : des imprimeurs, éditeurs et colporteurs sont arrêtés. Les exécutions commencent dès 1534. Le premier Catalogue des livres censurés est publié en France en 1545. Pour déjouer la censure, les imprimeurs délocalisent leurs ateliers, ils publient des ouvrages anonymes sous de fausses adresses, tandis qu'une active contrebande fait entrer en France livres et brochures confectionnés à l'étranger, principalement à Genève. En réplique, l'Edit de Chateaubriand (1551) réglemente de manière très stricte les conditions de publication et de diffusion des imprimés. [...]
[...] François Villon a connu plusieurs fois la prison ; il n'a sauvé sa vie qu'après avoir obtenu une providentielle grâce de Louis XI. Le poète ne manque pas de lui en témoigner reconnaissance. Remerciements d'un poète promis au gibet, après une grâce royale [ . ] Si prie au benoît fils de Dieu Qu'à tous mes besoins je réclame, Que ma pauvre prière ait lieu Vers lui, de qui tiens corps et âme, Qui m'a préservé de maint blâme Et [af]franchi de vile puissance. Loué soit-il et Notre Dame, Et Louis, le bon Roi de France ! [...]
[...] Je vois déjà, je vois marcher en la campagne Une suite de gens fidèles et guerriers, Qui, s'assemblant en un de trois divers quartiers, S'en vont planter le lys au beau milieu d'Espagne. [ . ] Et vous, Ligueurs, pleurez, car voici votre tour Qu'il faut prendre le frein et le joug de servage. [ . ] Pamphlet anonyme, continuation de la Satyre Ménipée ou la vertu du catholicon d'Espagne (vers 1595) Alors que la Fronde il vaudrait mieux dire les Frondes fait rage entre 1648 et 1652, se déchaîne une formidable guerre de pamphlets, appelés les mazarinades car leur principale cible en est le cardinal ministre. [...]
[...] LA SERRE Enfin vous l'emportez, et la faveur du roi Vous accable de dons qui n'étaient dus qu'à moi. On voit rouler chez vous tout l'or de la Castille. CHAPELAIN Les trois fois mille francs qu'il met dans ma famille Témoignent qu'il est juste et font connaître assez Qu'il sait récompenser les poèmes forcés. LA SERRE Pour grands que soient les rois, ils sont ce que nous sommes : Ils se trompent en vers comme les autres hommes ; Et ce choix sert de preuve à tous les courtisans Que pour de méchants vers ils font de beaux présents. [...]
[...] C'est dans ce cadre que paraissent les premières listes. Devant l'ampleur des publications protestantes, la papauté décide de centraliser le contrôle de l'édition. Le premier Index des livres prohibés publié par l'Inquisition romaine, date de 1557 : il recense surtout des ouvrages d'origine protestante. Cette liste est ensuite revue par le concile de Trente, dans le sillage duquel est créée la Sacrée Congrégation de l'Index. C'est désormais elle qui met à jour l'Index, dont les censures s'imposent (théoriquement) à toute la catholicité. [...]
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