Etat, France, monarchie, roi, souveraineté
Il faut pour commencer bien se représenter que jusqu'à la Révolution, pour simplifier, le Roi et l'Etat français ne font en théorie qu'un. Le paroxysme de cette identité est atteint sous le règne de Louis XIV, modèle du Roi absolu, auquel est attribué de manière sans doute apocryphe la phrase: "L'Etat, c'est moi." La question posée par une telle conception de l'Etat est alors: Comment assurer sa continuité à la mort du souverain?
[...] » Le Roi devient ainsi immortel comme le Christ l'est à travers le mythe de l'Eucharistie. II/ L'Etat continue par mais surtout au-delà du Roi La théorie « des deux corps du Roi » d'E. Kantorowicz L'historien allemand met en avant le paradoxe d'un Roi mortel au pouvoir temporel limité et dont la mort ne signifie pourtant pas la fin du pouvoir politique. Cette dualité possède trois fondements principaux. La nature christique du Roi, déjà évoquée, qui fait le lien entre Dieu et les hommes lui assure une forme de continuité par la transcendance. [...]
[...] C'est ce que Suger appelle « la Couronne ». Aujourd'hui, la cérémonie d'investiture du Président de la République repose encore sur des éléments symboliques de la continuité de l'Etat comme le collier de la légion d'honneur, couronne débarrassée de son aspect religieux mais conservant toute sa symbolique de succession. Elle remplit la même fonction de transmission d'un patrimoine culturel, politique et même territorial de l'ancien Président à son successeur qui devient chef de l'Etat français. Quant à la dualité du corps royal, on la retrouve sous la Ve République avec François Mitterrand qui fut simultanément inhumé en présence de ses proches à Jarnac et célébré par soixante-et-un chefs d'Etat lors d'une cérémonie symbolique à Notre Dame de Paris. [...]
[...] » La puissance divine du souverain est également illustrée par ses dons de thaumaturge. Après le sacre, celui-ci touche les malades souffrant d'écrouelles et les guérit selon la croyance populaire. Le pouvoir spirituel de l'Eglise soutient donc le pouvoir temporel des Rois « souvent appelés "les Christ du Seigneur"»; et le roi « assure à la fois le lien vertical avec le divin et le lien horizontal entre les hommes » qui renforce et perpétue l'Etat. Les limites d'une continuité religieuse Depuis le XVe siècle, c'est en réalité la loi salique, remontant à Clovis et que l'on a exhumée au XIVe siècle pour faciliter l'accès au pouvoir des Valois, qui conditionne l'arrivée d'un Roi sur le trône, son principe le plus important étant que peut seul succéder au Roi son fils ainé ou son plus proche parent masculin, selon le principe d'hérédité, à l'instar d'Henri IV qui succéda à Henri III, et ce malgré sa confession protestante qu'il accepta d'ailleurs de renier pour régner, l'arrêt Lemaistre de 1593 disposant que le Roi ne peut être que catholique. [...]
[...] La Couronne est ainsi une sorte de virtualité incarnée par le Roi et qui désigne toutes les possessions françaises dont il est le garant. « Le Roi ne meurt jamais. » Ce dicton, qui raisonne comme une vérité communément admise au Moyen-âge et même jusqu'à la fin du XVIIIe siècle et la décapitation de Louis XVI – et de la monarchie - montre l'instantanéité de la succession royale. Le sacre n'est dans cette perspective qu'un artifice, puisqu'en réalité le Roi est déjà Roi dès la mort de son prédécesseur, selon les conditions sus-évoquées. [...]
[...] La continuité de l'Etat à la mort du souverain sous la France monarchique Il faut pour commencer bien se représenter que jusqu'à la Révolution, pour simplifier, le Roi et l'Etat français ne font en théorie qu'un. Le paroxysme de cette identité est atteint sous le règne de Louis XIV, modèle du Roi absolu, auquel est attribué de manière sans doute apocryphe la phrase: "L'Etat, c'est moi." La question posée par une telle conception de l'Etat est alors: Comment assurer sa continuité à la mort du souverain? [...]
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