La fin du XVe siècle représente un moment d'apogée pour l'Espagne. Celle-ci vit sous le règne des Rois Catholiques, Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon ; le titre de « Rois Catholiques » a été décerné aux deux souverains par le pape Alexandre VI Borgia en 1494 : simple reconnaissance honorifique après la prise de Grenade et l'expulsion de l'Islam de la péninsule en 1492 après sept siècles de domination musulmane. Un Etat espagnol unitaire naît à l'issue de la reddition de Grenade. Les Rois Catholiques cherchent alors à entraîner leurs peuples à réaliser de grands desseins collectifs : achever l'unité de la péninsule avec la prise de Grenade, dominer la Méditerranée occidentale, lancer leurs pays dans la grande aventure des Découvertes, à la suite de Christophe Colomb.
Entre le milieu du XIVe siècle et le milieu du XVe, Portugais et Castillans découvrent et colonisent les archipels atlantiques : Madère et les Açores reviennent aux premiers, les Canaries aux seconds. Puis la Castille aux prises avec des difficultés internes, laisse le champ libre aux Portugais qui, après avoir débarqué à Ceuta, commencent à descendre le long des côtes d'Afrique. C'est alors qu'apparaît Christophe Colomb ; En 1476, à Lisbonne, ce Génois se mêle aux marins, aux négociants, aux missionnaires qu'attire l'outremer. Il conçoit le projet d'atteindre l'Asie en naviguant à travers l'Atlantique.
[...] Les Rois Catholiques soumettent son projet à une commission d'experts, laquelle émet un avis défavorable. Le Génois donne l'impression d'être un illuminé et un amateur en matière scientifique. L'idée d'établir une liaison directe avec l'Asie à travers l'océan Atlantique n'est pas originale, personne ne la conteste vraiment, mais elle se heurte à des objections pratiques. Jamais une caravelle ne pourrait embarquer assez de vivres et d'eau potable pour franchir une telle distance. Colomb répond par une hypothèse : il doit y avoir, entre l'Europe et l'Asie, des îles les Antilles qui pourraient servir de relais. [...]
[...] C'est ainsi que les institutions espagnoles et castillanes commencèrent à s'implanter en Amérique. Les chefs d'expéditions appartenaient souvent à la petite noblesse espagnole, il s'agissait dans bien des cas de cadets, écartés de l'héritage paternel au bénéfice des aînés et contraints d'aller chercher fortune loin du pays natal. Beaucoup étaient de simples hidalgos, certains furent même d'origine très humble, et analphabète comme Pizarro. Nobles, hidalgos ou fils du peuple, les conquistadors sont avant tout des soldats dont l'expérience militaire, à la veille des expéditions qui les rendront célèbres et riches, était déjà longue, soit qu'elle est été acquise en Amérique dans les premières années de la conquête espagnole, soit qu'ils aient auparavant servi dans des guerres menées par l'Espagne en Europe. [...]
[...] En un quart de siècle, ils ont conquis des territoires immenses avec des moyens limités ; en même temps ces aventuriers ont détruit des empires, parvenus à un degré d'organisation et de puissance élevé. Leur soif d'exploits les a ensuite conduits à s'opposer entre eux, avant que le pouvoir central ne reprenne ses droits et ses prérogatives afin d'organiser la société issue de la conquête. L'empire colonial espagnol est, avec l'empire colonial portugais, le premier empire colonial occidental ; empire désignant un territoire ou un ensemble de territoires qui se trouve sous la domination d'un même chef. [...]
[...] Dans leurs motivations entrent aussi le goût de l'exploit et le souci de gagner de nouveaux peuples à l'Evangile. Cela dit, les conquistadores, puis les colons n'ont vu aucune contradiction entre l'or et la croix, ils croyaient pouvoir du même coup s'enrichir et faire œuvre pieuse ; l'Etat partageait ces vues : l'évangélisation n'empêchait pas la quête du métal précieux et il fallait bien couvrir les frais de la colonisation, en tirer des bénéfices. La colonisation moderne avait bonne conscience ; la mission civilisatrice n'excluait pas –mieux : elle postulait la mise en valeur économique, c'est-à-dire l'exploitation. [...]
[...] Le stock épuisé, il importe d'en organiser la cueillette. La conquête aboutit donc à une répartition du butin privilégié entre les participants. Sur cette réalité économique, une énorme construction juridique s'est édifiée : l'encomienda dont la pratique est légalisée en 1503 et 1512. Son but est de normaliser ce qui n'est au fond qu'un désordre. L'encomienda, la commende c'est le recours au droit seigneurial. Le bénéficiaire du repartimiento ou encomienda se voit déléguer sur les Indiens l'ensemble des pouvoirs régaliens. [...]
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