Le XVIIIe siècle est un siècle empli de contradictions. Malgré leur volonté de lutter contre l'obscurantisme des siècles précédents, certains philosophes des lumières restent étroits d'esprit, voire « machistes » en ce qui concerne la condition de la femme et son accès à l'éducation. Inégale physiquement, elle serait également inégale intellectuellement. Après les inégalités face à l'écriture et face aux émotions vues précédemment, une autre inégalité est à souligner : l'inégalité naturelle entre homme et femme.
La doxa fait de la femme un être à mi-chemin entre la nature et la culture. Elle serait naturellement inférieure à l'homme puisque d'un point de vue religieux elle fut créée à partir de lui. Cette infériorité fut en quelque sorte le point de départ à la soumission de la femme à l'homme. Et plusieurs siècles plus tard, la femme tente tant bien que mal d'échapper à cette condition. Sans droit à l'éducation, certaines auront prouvé, par leur érudition ou leur courage à affronter la classe politique, qu'elles étaient prêtes à égaler les hommes.
Or, l'avancée de la condition féminine passe aussi par les hommes. Détenteurs de tous les droits civils et maritaux, ce sont eux qui dirigent et dominent, ce sont donc eux qui peuvent donner ou non le droit à leurs homologues féminins de se faire entendre.
Parmi ces hommes, deux se distinguent par leurs essais respectifs : Denis Diderot et son essai Sur les femmes, écrit en 1772, et Choderlos de Laclos avec son essai Des femmes et de leur éducation, paru en 1783. Deux essais relativement en avance sur leur temps, plaignant les femmes et leur condition, reconnaissant leurs qualités et dénonçant les injustices dont elles sont les victimes. Mais ils n'étaient pas les seuls à s'être penchés sur le cas des femmes. En effet, Condorcet était un féministe chevronné malheureusement peu écouté.
[...] C'est dans les douleurs, au péril de sa vie, aux dépens de leurs charmes, et souvent au détriment de leur santé, qu'elles donnent naissance à des enfants. [ ] Il n'y a peut-être pas de joie comparable à celle de la mère qui voit son premier-né ; mais ce moment sera payé bien cher. [ ] L'âge avance ; la beauté passe ; arrivent les années de l'abandon, de l'humeur et de l'ennui. [ ] Qu'est-ce alors qu'une femme ? Négligée de son époux, délaissée de ses enfants, nulle dans la société, la dévotion est son unique et dernière ressource[36] . [...]
[...] La condition de la femme du XVIIIe siècle vue par les philosophes des Lumières Le XVIIIe siècle est un siècle empli de contradictions. Malgré leur volonté de lutter contre l'obscurantisme des siècles précédents, certains philosophes des lumières restent étroits d'esprit, voire machistes en ce qui concerne la condition de la femme et son accès à l'éducation. Inégale physiquement, elle serait également inégale intellectuellement. Après les inégalités face à l'écriture et face aux émotions vues précédemment, une autre inégalité est à souligner : l'inégalité naturelle entre homme et femme. [...]
[...] Derrière une description précise de la femme et de sa vie quotidienne se trouve le discours avant-gardiste d'un écrivain éclairé. Outre la création d'une chimère, symbole d'une femme parfaitement libre, Laclos avance des arguments prouvant la force séductrice de la femme, et la nécessité pour elle d'accéder à l'éducation La chimère ou création d'une femme libre Créons à notre gré une femme parfaitement heureuse [ ] ce sera celle qui, née d'une mère tendre [ ] aura été élevée sous les yeux d'une institutrice [ ] qui [ ] lui aura donné toutes les connaissances utiles [ ] ; qui, parvenue à l'âge des plaisirs, aura trouvé pour époux un homme toujours nouveau, amoureux sans être jaloux, assidu sans être importun ; qui, devenue mère à son tour, aura goûté la douceur de l'amour maternel, sans en ressentir les inquiétudes perpétuelles, souvent suivies d'un affreux désespoir [ ] ; qui aura su en vieillissant éviter les maladies et les ridicules ; qui enfin saura voir la mort sans effroi et s'endormir paisiblement de son dernier sommeil [ Mais cette femme n'est-elle pas une chimère En imaginant la vie rêvée d'une femme forte, belle, sensuelle et épanouie, élevée par sa mère et l'amour maternel plutôt que par une nourrice, Laclos crée une femme à l'image de la liberté, pouvant jouir d'une vie sans contrainte. [...]
[...] De plus, certaines femmes sont lettrées et instruites au XVIIIe siècle (Julie de Lespinasse notamment), mais elles ne sont qu'une minorité. Il va même jusqu'à démontrer que la femme est l'égale de l'homme : La femme naturelle est, ainsi que l'homme, un être libre et puissant ; libre en ce qu'il a l'entier exercice de ses facultés ; puissant, en ce que ses facultés égalent ses besoins[16] Il dénonce néanmoins le caractère naturel de la femme, se demandant s'il lui est favorable ou non : Se conserver et se reproduire, voilà donc les lois auxquelles la nature a soumis les femmes. [...]
[...] Il y décrit un moyen à mettre en œuvre pour que la femme puisse accéder à l'éducation, et ce, de manière autodidacte : la lecture. La lecture est réellement une seconde éducation qui supplée à l'insuffisance de la première[44] Laclos met au point tout un programme de lecture, visant l'enseignement des femmes à travers les livres. Il préconise avant tout un enseignement antique avec des auteurs grecs et romains : Nous croyons qu'il est bon de commencer par les Grecs et les Romains, parce qu'ils ont été nos instituteurs en tout genre. [...]
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