Face à la menace turque qui fait pression, Charles Quint veut réunir la Chrétienté pour pouvoir lutter contre elle. Or, dès 1520, lorsque la bulle du pape Léon X est brûlée en public par Luther, l'unité de cette Chrétienté est en péril. Le protestantisme gagne du terrain autour de ce personnage. Charles Quint, représentant de Dieu sur Terre et responsable de ses sujets, ne peut encourager cette situation. Son propre salut est menacé: s'il laisse faire, il lui faudra rendre des comptes à Dieu lors du Jugement Dernier.
L'empereur mobilise donc son énergie pour tenter de trouver une solution à l'amiable. Pendant des années, les efforts de la politique impériale ont été dans le sens d'un dialogue de rapprochement entre les camps protestant et catholique. Ainsi, à la Diète d'Augsbourg de 1530, un compromis était presque établi. Mais chaque camp possède ses intransigeants qui reviennent sans cesse sur des sujets qui semblaient déjà clôts. Après de multiples tentatives de dialogues avortées, le descendant des Habsbourg envisage la tenue d'un concile. Ce sera le concile de Trente, le dix-neuvième concile oecuménique (c'est-à-dire qui intéresse l'ensemble des Eglises) (...)
[...] Au final, aucune conciliation n'est possible avec les protestants. C'est à partir du concile de Trente que Chrétienté ne rime plus avec Catholique et l'Eglise chrétienne de 2008 est encore divisée en différentes branches, dont le catholicisme et le protestantisme. En ce qui concerne l'implication personnelle de Charles Quint dans ce concile, il faut préciser qu'à la fin de son règne, en 1558, il comprend que le rapprochement entre catholiques et protestants est impossible. Gagné par le déception, celle-ci l'amène à suivre le chemin de l'abdication à Yuste. [...]
[...] Or, ce n'est pas le cas jusqu'en 1534. D'abord, le court pontificat d'Adrien VI (1522-1523), précepteur de Charles Quint auparavant, n'a pas permis d'ouvrir un débat sur le sujet. Quant à son successeur Clément VII (un Médicis), il est pour lui hors de question de discuter avec Luther de la réforme de l'Eglise. En outre, il tient à maintenir un équilibre entre les puissances rivales française et impériale. Convoquer le concile signifierait donner satisfaction à l'empereur et donc lui accorder une trop grande autorité. [...]
[...] Il nous reste donc à étudier la portée du concile. Le concile de Trente a été réuni pour faire face à un contexte nouveau d'une Chrétienté menacée par la remise en cause de la doctrine catholique. Charles Quint l'a réellement voulu, pensant qu'il s'agissait là de la solution qui mettrait fin au conflit intterne de la Chrétienté. Pourtant, le souverain doit faire face à un échec qu'il vit mal. Toutefois, nous allons voir qu'au-delà d'un objectif manqué, le concile de Trente a su tenir d'autres promesses. [...]
[...] Mais, nous l'avons vu précédemment, le concile est repoussé et n'aura pas lieu dans cette ville. En mai 1541, l'empereur propose Trente, ville italienne, mais en terre d'empire. Le pape refuse car la France n'en veut pas (Paul III sympathise avec les Français, ce qui explique ce choix). Les négociations se poursuivent. Les délégués du pape proposent Ferrare, Mantoue, Modène, et même Cambrai, ville française, mais en terre d'empire. En vain. Morone, un nonce (ambassadeur) du pape, pense à Trente, comme Ferdinand Ier et le Duc de Bavière. [...]
[...] Mais le concile de Trente ne doit pas être perçu d'une manière négative pour autant: il a permis une réforme générale de l'Eglise Catholique et un renouveau de celle-ci à bien des égards. Le cheminement qui a précédé l'ouverture du concile de Trente a été laborieux. En des termes plus familiers, on pourrait parler de parcours du combattant Charles Quint le désirait ardemment, ses tentatives de dialogues avec Luther et ses disciples ayant échoué. L'empereur voyait dans le concile le moyen de régler le problème de l'unité religieuse dans l'Empire. [...]
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