Dans cette lettre, la lettre 96, Pline explique qu'il doit juger des chrétiens traînés par des dénonciateurs devant son tribunal. Mais hésitant sur la conduite à adopter, il écrit à Trajan. L'empereur lui adresse une réponse brève, qui constitue la lettre 97. Sa réponse n'est pas dépourvue de contradictions comme nous le verrons. Avec cette lettre, Trajan formule pour la première fois la position officielle de l'Empire romain envers les chrétiens. Il faut néanmoins savoir que ces lettres ont suscité une polémique quant à leur attribution. Par exemple, Dupuy, à la fin du XIXe siècle a cru que la lettre de Pline aurait été rédigée par un chrétien, notamment parce qu'il trouvait que les chrétiens y étaient montrés sous un jour favorable. Mais il semble aujourd'hui que ces deux lettres ont bien été écrites par Pline et Trajan. A la lecture de ces lettres, il convient de se demander pourquoi le développement du christianisme est perçu comme une menace pour l'Empire romain et quelles en sont les conséquences sur la situation des chrétiens ? Nous verrons tout d'abord l'expansion et les caractéristiques du christianisme au début du IIe siècle, puis quelles sont les raisons de la haine envers les chrétiens et enfin quel est le statut des chrétiens dans l'Empire romain
[...] Dans la description qu'en fait Pline, ces repas apparaissent comme étroitement liés à l'eucharistie. Cette lettre fait peu de références à l'organisation de la communauté chrétienne. On sait qu'au IIe siècle commencent à se développer des communautés avec une organisation hiérarchique. Mais il persiste encore des formes archaïques d'organisation avec une organisation très rudimentaire : il semble que ce soit le cas pour la communauté de Bithynie. Le seul ministère chrétien évoqué par Pline est les ministrae Généralement on traduit ce terme par diaconesse. [...]
[...] Ce refus du culte impérial est interprété comme un manque de loyalisme politique de la part des chrétiens, en qui on voit donc des sujets révoltés ou tout au moins des opposants potentiels. Le christianisme inquiète d'autant plus les autorités romaines qu'il est détaché de toute appartenance ethnique ou nationale. Son message se veut universel. On est donc en présence d'une opposition entre deux modes de philosophie politiques et religieuses, séparées par des prétentions unitaires rivales : un seul Empire, une seule Eglise. L'Empire se sent réellement menacé par cette nouvelle religion, ce qui peut expliquer l'importance que Pline attache à l'exécution du culte impérial par les accusés. [...]
[...] Les informations que l'on peut tirer de leurs témoignages sont donc strictement limitées aux questions posées par le gouverneur. De plus, Pline a pu mal interpréter leurs réponses. Il faut donc être prudent par rapport à l'interprétation de ces témoignages. Le gouverneur fait tout d'abord référence aux prières en commun adressées au Christ : ils s'assemblaient à jour marqué, avant le lever du soleil ; ils chantaient tour à tour des hymnes à la louange du Christ, comme en l'honneur d'un dieu. [...]
[...] Les magistrats ne doivent donc pas prendre l'initiative des poursuites et ne pas tenir compte des dénonciations anonymes. Mais il faut exécuter les chrétiens qui s'obstinent. Il y a donc une contradiction dans la procédure établie par Trajan, contradiction soulignée par Tertullien, auteur chrétien au début du IIIe siècle. Si les chrétiens sont coupables, pourquoi ne pas les rechercher et s'ils sont innocents pourquoi les punir ? Malgré leurs contradictions, les mesures prescrites par Trajan témoignent d'un désir de ne pas ensanglanter l'Empire par des persécutions systématiques. [...]
[...] Ils se mettent au ban de la société romaine en taxant d'immoraux les jeux du cirque, le théâtre mais aussi en refusant d'exercer certains métiers. Ils sont donc contraints de vivre replier sur leur communauté, si bien qu'on va jusqu'à les suspecter de misanthropie. Enfin, la population a peur que leur impiété amène des calamités sur la cité, ce qui explique certaines violentes manifestations à l'encontre des chrétiens. C'est donc bien, dans un premier temps, la pression populaire qui pousse les magistrats à agir sévèrement contre les chrétiens. [...]
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