La deuxième guerre punique (281-201) qui opposa Rome à Carthage est considérée comme une épreuve à la fois militaire et religieuse pour les Romains. Rome perdit de nombreux hommes : quinze mille à Trasimène, quatre-vingts sénateurs furent tués. L'exemple le plus tragique fut la bataille de Cannes en 216 où soixante mille hommes furent tués. Les Romains ont mobilisé les dieux mais la présence d'Hannibal en Italie fut considérée comme une souillure, ils se mirent à douter des dieux romains, ils firent donc appel à d'autres dieux. En 204, ils introduisirent le culte oriental de Cybèle, déesse à l'opposé de la religion romaine, elle fut introduite sur le Palatin dans la cabane de Romulus, là où les dieux étrangers étaient interdits. C'est ainsi que Rome fut saisie d'une crise de superstitions étranges, les dieux furent changés, les rites romains furent abolis et cela même au Forum ainsi que sur le Capitole. Les femmes ne sacrifiaient plus, elles ne priaient plus les dieux dans les formes nationales.
Ce fut dans ce contexte que le culte de Bacchus fut introduit à Rome, ce qui fit scandale en 186 et obligea le Sénat à prendre des mesures par un senatus-consulte dont Tite-Live traite dans le livre XXXIX de son œuvre Histoire Romaine où il relate les événements de 189 à 183. Tite-Live, Titus Livius en latin est né en 59 à Padoue (Italie du Nord) dans une famille de nobles locaux, il est mort à Rome. Patriote ardent et croyant profondément en la grandeur de Rome, il exalta par ses œuvres le sentiment national. Il vint à Rome à l'âge de 24 ans où il fut chargé de l'éducation du futur empereur Claude. C'était un historien de la Rome antique et il consacra toute sa vie à la rédaction d'une œuvre immense Histoire de Rome, il relate les événements depuis la fondation de Rome en 753 jusqu'à la mort de Drusus en 9. Cette œuvre se composait de 142 livres, divisés en décades ou groupes de 10 livres. 35 livres seulement furent conservés, il s'agit des livres I à X et XXI à XLV. Les autres ne sont connus que par des fragments ou des résumés. Les livres qui se sont conservés renferment l'histoire des premiers siècles de Rome depuis sa fondation jusqu'en 292 av. J.-C., le récit de la deuxième guerre punique et de la conquête par les armes romaines de la Gaule cisalpine, de la Grèce, de la Macédoine, d'une partie de l'Asie Mineure. Le dernier événement important qui s'y trouve relaté est le triomphe de Paul Émile.
En 1640, le texte du sénatus-consulte gravé sur une plaque de cuivre fut trouvé par Giovan Baltista Cigala, seigneur de Tirioli en Calabre. Dans son récit, Tite-Live énumère les consuls qui ont fait appel au Sénat au sujet des fêtes de Bacchus ainsi que les greffiers présents lors de la délibération. Il relate les décisions prises par le Sénat : tout d'abord, l'interdiction des alliés, des citoyens romains et de droit latin de célébrer les fêtes de Bacchus avec une clause : ceux qui souhaitaient les célébrer devaient en avoir l'autorisation par le prêteur urbain ainsi que par le vote de cent sénateurs. Puis, le Sénat délibère sur le statut des prêtres, du président, sur l'administration et le déroulement des fêtes de Bacchus. Il autorise toutefois cinq personnes, hommes et femmes à exercer et à assister à la célébration du culte de Bacchus. De plus, le Sénat ordonne aux consuls d'informer le peuple romain de leurs décisions à l'assemblée publique et impose qu'elles soient gravées sur une table de bronze pour être connues de tous. Enfin le Sénat décida de quiconque ne respecterait pas ses décisions seraient mis à mort.
Cependant, en quoi le sénatus-consulte rend-il compte de la méfiance et de l'opposition du Sénat face au culte de Bacchus ainsi que de sa volonté à être le maître de la religion romaine ?
Dans une première partie, nous étudierons du culte de Bacchus puis dans une deuxième partie, nous traiterons de sa répression.
[...] En effet, les initiés devaient prêter le serment de ne pas divulguer des informations sur le culte de Bacchus ni sur le lieu de sa célébration sous peine de mort. Ceux qui refusaient de se lier aux autres par serment, s'associer à leurs actes de débauches et leurs crimes étaient immolés comme victimes. Cette pratique s'inspirait du meurtre de Dionysos déchiré par les Titans : dans l'emportement de leur fureur sacrée, les bacchants mettaient en pièce des victimes humaines. Ces crimes étaient cachés par des hurlements, les bruits des tambourins et des cymbales étouffaient les cris des victimes. [...]
[...] Ils interrogèrent Hispala qui, malgré la peur d'être tuée en ayant rompu le serment, raconta tout ce qu'elle savait sur les mystères de Bacchus. Les consuls firent le rapport de leur enquête au Sénat. A la ligne 20, le Sénat mentionne le prêtre le président et nous informe que les participants au culte de Bacchus étaient des hommes et des femmes Or, à l'origine, le culte de Bacchus fut introduit par un grec, de basse naissance, sans culture qui serait passé en Etrurie. [...]
[...] En effet, à la suite du sénatus-consulte, le Sénat mit en place des mesures d'ordre de police afin de contrôler les bacchants. Les consuls incitèrent le peuple à dénoncer les bacchants, à se joindre à eux contre leur répression. Cela provoqua la panique à Rome, beaucoup voulurent s'enfuir et se suicidèrent. Ils recherchèrent les prêtres dans les bourgs et les marchés, les édiles curules recherchèrent les ministres du culte et les arrêtèrent tandis que les édiles plébéiennes veillèrent à l'interdiction d'une cérémonie secrète. [...]
[...] C'est là que se tenait l'assemblée du populus et où avait lieu les foires rurales dont le rythme déterminait le délai que le Sénat avait concédé aux consuls pour l'exécution des mesures. C'était aussi une façon d'affirmer son autorité sur ceux qui prirent parti pour Hannibal durant la deuxième guerre punique, la lutte se poursuivit jusqu'à Tarente en 184 et en Apulie en 181. Ce texte montre la volonté du Sénat de contrôler la vie religieuse de Rome ainsi que la société romaine. Les poursuites furent exercées par le Sénat et les magistrats alors que cela relevaient des autorités religieuses. [...]
[...] Commentaire de document : le sénatus-consulte De Bacchanalibus La deuxième guerre punique (281-201) qui opposa Rome à Carthage est considérée comme une épreuve à la fois militaire et religieuse pour les Romains. Rome perdit de nombreux hommes : quinze mille à Trasimène, quatre- vingts sénateurs furent tués. L'exemple le plus tragique fut la bataille de Cannes en 216 où soixante mille hommes furent tués. Les Romains ont mobilisé les dieux mais la présence d'Hannibal en Italie fut considérée comme une souillure, ils se mirent à douter des dieux romains, ils firent donc appel à d'autres dieux. [...]
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