Au XIème siècle, l'Empire Byzantin subit de nombreux remous politiques. La décadence des institutions affaiblit l'administration. L'argent sort plus vite qu'il ne rentre dans les caisses du trésor impérial, et le faste de la cour n'arrange rien à la situation. Les propriétaires de domaines soumis aux recrutements militaires préfèrent payer un impôt plutôt que d'envoyer des hommes combattre. L'empire est donc obligé d'employer des mercenaires pour défendre un état dont les richesses et le luxe légendaires attisent toutes les convoitises. En 1081, l'Empire Byzantin passe aux mains des Comnènes. Lorsqu'Alexis Ier accède au trône impérial, la situation est peu brillante : le trésor est quasiment vide, les Turcs ont envahi une partie de l'Asie Mineure et du Moyen-Orient, les Balkans s'agitent et les Normands de Robert Guiscard sont en Italie. Néanmoins, il décide de restaurer le prestige de l'Empire en commençant par se mesurer aux Turcs qui menacent de trop près Constantinople ; puis se tourne vers les terres italiennes.
[...] Alexis met tout en œuvre pour protéger les Vénitiens. Il est important de signaler qu'il ne s'adresse ici non pas aux représentants des Vénitiens ; seuls le doge et les commerçants sont mentionnés. Il ne fait aucun doute que l'Empereur souhaite faire bénéficier les Vénitiens d'un fort prestige, ils sont de plus sensés rester fidèles : ses soutiens contre les ennemis et ont promis d'être tels jusqu'à la fin des temps (l.63), qui sont fidèles de notre Hautesse et le seront dans le futur [ ] promettent de tout cœur de s'y tenir pour toujours (l.68 à 70). [...]
[...] Ainsi, à la fin du XIe siècle, la porte est ouverte à la prépondérance vénitienne à Byzance. Anne Comnène résuma bien les concessions alors accordées par son père Alexis : Il accorda au doge de Venise en personne la dignité de prôtosébaste, avec droit à la pension correspondante, et honora également le patriarche du titre d'hypertimos, avec droit à la pension correspondante. A toutes les églises de Venise fut annuellement distribuée une importante quantité d'or, prélevée sur le trésor impérial. [...]
[...] Ceci montre bien la volonté de l'empereur de favoriser les Vénitiens, de les dispenser de toute concurrence. En effet, les marchands d'Amalfi commerçaient dans une grande partie des pays riverains de la Méditerranée et s'enrichissaient fortement en vendant de nombreux articles rares et précieux. Mais les Amalfitains furent mis sous la dépendance des Normands après les avoir appelés au secours en 1073, et leur commerce prospère vers le Levant fut alors compromis. Nous comprenons mieux pourquoi Alexis Comnène fait alors subir aux Amalfitains une telle humiliation au moment où il tente de s'unir durablement avec les Vénitiens et contre les Normands, d'autant plus que ce texte coïncide avec l'effacement progressif des Amalfitains qui avaient sillonné toute la Méditerranée orientale et s'étaient établis en colonie permanente sur les rives de la Côte d'Or. [...]
[...] Ceci laisse alors entrevoir la supériorité vénitienne se profiler. Après la mention de cette taxe, Alexis fait une liste de redevances qui auraient normalement dû être payées au fisc mais dont les Vénitiens sont aussi exempts, mais qui sont bien moins importantes et bien moins bénéfiques que le kommerkion. Il cite en premier le pakton, une sorte de loyer, le xylokalamon, une autre taxe et le liméniakon, qui donne le droit d'ancrer un bateau à un endroit donné d'un port. [...]
[...] Toutefois l'empire ne perdait pas totalement son rôle d'intermédiaire car la mer Noire restait fermée. Le chrysobulle de 1082 est à l'origine de la prospérité de Venise au XIe siècle. Cette république offre alors désormais le spectacle d'un Etat qui met sa force maritime au service de ses intérêts commerciaux. Les empereurs Comnènes ont compris tardivement les conséquences néfastes de si grands privilèges. Pour limiter l'influence vénitienne, Alexis et ses successeurs furent ensuite contraints d'accorder aussi des avantages, certes moins importants, à Pise (en 1111) et à Gênes (en 1155). [...]
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