Au cours du XVIe siècle, que ce soit sous le règne des Rois Catholiques jusqu'en 1515, sous celui de Charles Quint jusqu'en 1555 ou sous celui de Philippe II jusqu'en 1598, l'Espagne a connu son apogée en tant qu'Etat, dominant incontestablement le reste de l'Europe politiquement, et surtout économiquement dans la seconde moitié du XVIe siècle. Au début du XVIIe siècle, le Royaume d'Espagne est ainsi l'Etat le plus riche d'Europe, ainsi qu'au niveau des individus, alors que les ressources propres au territoire espagnol n'ont rien qui pourrait expliquer un quelconque avantage de l'Espagne sur ses voisins européens, et que le Royaume d'Espagne est certainement l'Etat le plus endetté du continent.
Comment comprendre dans ce cas cette situation dominante de l'Espagne ? Par quels moyens l'Espagne a-t-elle réussi à l'acquérir ? Comment se fait-il qu'autant d'individus au sein de la société espagnole soient aussi riches ? Pour répondre à ces questions, nous allons travailler sur les chemins de la fortune de l'Espagne du XVIe siècle. Par « fortune » on entend le terme « richesse », même si cette richesse n'est pas nécessairement monétaire, mais peut aussi être culturelle, sociale, territoriale, etc. « Fortune » implique aussi l'idée de fatalité, de destinée, de chance ; certains chemins de la fortune sont-ils tout tracés ? D'autres sont-ils à découvrir, à créer ? Ces chemins peuvent être géographiques, mais aussi plus abstraits, c'est-à-dire, par exemple, intellectuels ou sociaux. Finalement quelles sont les différentes façons de réussir en Espagne au XVIe siècle ? Et vers quoi cela mène l'Espagne et sa population ?
[...] Toujours est-il que, comparée à celle des autres Etats européens de l'époque, la population espagnole du XVIème siècle est riche, ce qu'on observe notamment à travers le train de vie de beaucoup d'Espagnols de ce siècle : la banalisation des loisirs, le mécénat, l'utilisation très répandue d'esclaves, Grâce aux différents impôts indirects pratiqués sur toute la population, l'Etat a pu profiter de l'enrichissement des individus pour devenir le plus riche d'Europe à la fin du XVIème siècle, même si cela n'a pas suffi pour empêcher l'Espagne de sombrer à cause de ses dettes, au cours du XVIIème. [...]
[...] De plus, cette considération sociale est refusée à certaines professions, comme l'explique Joseph Pérez dans L'Histoire de l'Espagne : les métiers vils, le travail manuel et même certaines formes de commerce sont incompatibles avec la vie noble ; il vaut mieux y renoncer après fortune faite. L'aspirant à la noblesse a intérêt à renoncer à ses activités rémunératrices pour vivre de ses rentes. Pourtant, ce précepte est loin d'être suivi par tous les nobles, Bennassar écrit d'ailleurs : aucun métier n'est interdit à l' hidalgo Toujours est-il que travailler tout en étant hidalgo se banalise au cours du XVIème siècle, cela permettant à de nombreux hidalgos de continuer de s'enrichir rapidement et de monter dans l'échelle sociale. [...]
[...] Mais il ne faut pourtant pas croire que les chemins de la fortune en Andalousie mènent à une explosion dans la région du système social de l'Ancien Régime. Malgré l'impact du commerce des Indes et ses ondes de choc économiques et sociales, écrit Garcia-Baquero Gonzalez, la société sévillane reste hiérarchisée et figée. A chacun son rang et sa classe sociale. En effet, la société sévillane est certainement plus perméable que dans le reste de l'Espagne : on peut s'y enrichir beaucoup plus rapidement que dans le reste de la péninsule grâce au commerce, et on peut donc monter plus rapidement dans la société qu'ailleurs ; mais dans le fond, la société d'ordres se maintient : la noblesse étalant publiquement ses privilèges et sa prééminence, suivie des classes moyennes urbaines, professions libérales et marchands ; les métiers de la ville, l'artisanat fermant le cortège. [...]
[...] Les changements politiques entrepris par les Rois Catholiques ne les empêchent pas de continuer à s'enrichir au cours du XVIème siècle, et surtout, ils accèdent peu à peu à une pratique qui jusque-là leur était refusée par le souverain : le majorat. Ainsi, au sein même de la classe des caballeros un déclassement inévitable s'opère aussi chez les cadets de ces lignages. Mais alors que les cadets de la grande noblesse n'ont pas d'autre choix que de jouer sur leurs relations pour espérer retrouver leur niveau social d'antan, les cadets caballeros ont plusieurs voies d'enrichissement qui s'ouvrent à eux. [...]
[...] Par fortune on entend le terme richesse même si cette richesse n'est pas nécessairement monétaire, mais peut aussi être culturelle, sociale, territoriale, etc. Fortune implique aussi l'idée de fatalité, de destinée, de chance ; certains chemins de la fortune sont-ils tout tracés ? D'autres sont-ils à découvrir, à créer ? Ces chemins peuvent être géographiques, mais aussi plus abstraits, c'est-à-dire, par exemple, intellectuels ou sociaux. Finalement quelles sont les différentes façons de réussir en Espagne au XVIème siècle ? Et vers quoi cela mène l'Espagne et sa population ? [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture