Avec l'affirmation de l'absolutisme, la mention dans les considérants des ordonnances de la 'voix publique', cette vague forme d'expression des sujets, se raréfie, avant de disparaître. Pourtant, l'Etat absolutiste, même s'il recourt à la force pour imposer son ordre, ne peut renoncer à la recherche du consentement. La négociation étant, en principe, exclue, quelle relation entretenir alors avec cette 'voix publique' ?
[...] La monarchie cherche encore à attirer sur elle la protection divine par l'intermédiaire de ses sujets, mais par d'autres moyens, comme les prières des Quarante heures quand s'annonce en septembre 1601 la naissance du premier enfant royal. Parallèlement aux publications cérémonielles, le roi annonce les progrès de ses armées par des lettres imprimées envoyées aux villes notamment. Tous les diocèses sont concernés pour l'annonce de l'absolution du roi (1595). L'articulation cérémonie/imprimés n'est toutefois pas systématique. A partir de ces bases, la monarchie allait bâtir un système cohérent d'information, en tentant de maîtriser son contenu. C'est la revendication du pouvoir absolu que la volonté de ne pas avoir de comptes à rendre à ses sujets. [...]
[...] Ce n'est qu'une reconstruction, a posteriori, alors que la réalité était plus tâtonnante, des informations involontaires se glissant parfois dans la publication. Exemple pour la guerre : chaque printemps, est publié un appel aux officiers pour qu'ils reprennent la tête de leur régiment. Le 8 mars 1656, Canto publie SA MAJESTE ayant avis que les Espagnols assemblent toutes les forces qu'ils ont en France pour attaquer la place de Condé etc. Le roi, en appelant les officiers à la tête de leurs troupes, apprenait ainsi aux Parisiens qu'une partie du royaume était occupée par les forces adverses Une royauté familière. [...]
[...] Il rend le roi partout présent, alors même qu'il a choisi l'absence, assurant ainsi une permanence des liens avec les sujets. Le Te Deum, par un cérémonial précis et fixé, est la reconnaissance du pouvoir absolu du roi. C'est la concrétisation, par les événements célébrés, de la volonté, de la science et de la sagesse du roi. Toutefois, la cérémonie ne nie pas toute existence sociale aux sujets : il donne un éclat supplémentaire aux rangs, et connaissance à tous les sujets des rapports avec les autres Etats. [...]
[...] L'Eglise était précieuse car elle avait en effet le seul réseau de communication adhérant à la répartition de la population. Toutefois, elles avait des exigences, et un édit de 1695 reconnaissait l'exclusion des propres affaires du roi de la lecture en chaire. En était-il de même pour les lettres royales annonçant une cérémonie ? La question reste en suspens. Cependant, le mouvement d'information par l'Eglise n'est pas exclusif : Louis XIV juge bon, en 1709, d'utiliser également les gouverneurs pour faire savoir que ce sont les ennemis qui refusent la paix. [...]
[...] - s'il existe un marché de l'information, l'affirmation des actes du roi comme manifestation de son essence sacrée n'est pas évidente : les acheteurs peuvent s'intéresser aux résultats de l'action de l'Etat. L'imprimé a suscité beaucoup d'intérêt, cf Gazette de Renaudot (1631). Mais, sauf lors des moments de crise qui obligent le gouvernement royal à entrer dans la polémique, l'information circule ordinairement par une lettre imprimée envoyée à tous ceux qui détiennent, sous quelque forme que ce soit, une part déléguée de l'autorité souveraine. [...]
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