Au XVIe siècle, il y a consensus pour imposer une censure, la question est de savoir qui doit l'exercer. Les Princes et les États ont tout intérêt à contrôler les ouvrages de polémiques religieuses qui engagent l'autorité du Prince. L'objet du traité de Machiavel "Le Prince" par exemple, écrit alors que l'Italie est divisée en multiples principautés, est d'exposer l'art et la manière de gouverner en jouant habilement des humeurs antagonistes du peuple et des grands.
Il s'agit de se demander si la censure est un moyen efficace pour lutter contre la prolifération des idées nouvelles au XVIe siècle.
[...] L'inquisition est dotée de pouvoirs de répression et de contrôle illimité. L'index de 1551 dit de Valdès condamne notamment un ouvrage de Pedro Manuel Jiménez de Urrea, Peregrinación de Jérusalem En 1559, un nouvel index est mis en place, avec une liste d'ouvrages interdits bien plus longue. Ainsi, le contrôle des livres est de plus en plus étroit à partir de 1550. En 1558, tous les moments du livre subissent un contrôle et on inspecte également les librairies et les bibliothèques. [...]
[...] La censure est inefficace du fait de la multiplication des centres d'édition et du non-droit de copie. Tous les écrits sont repris et republiés. La censure est ainsi donc rendue extrêmement difficile. Georges Minois dans son ouvrage Censure et culture sous l'Ancien Régime choisit de commencer son histoire de la censure en relation avec la découverte de l'imprimerie. Non pas que la censure n'existe pas avant Gutenberg, loin s'en faut. Mais l'atteinte à la liberté d'écrire et de penser prenait d'autres voies :"Les valeurs essentielles étaient unanimement partagées, intériorisées et vécues ; les rares expressions contestataires étaient étouffées sans difficulté par la simple pression sociale, sans même que les autorités aient à intervenir". [...]
[...] Ce commerce clandestin est encouragé par la présence de villes où la censure est inopérante. Les pôles de tolérance ou de censure inefficace Venise conserve une forte autonomie politique à l'égard de la papauté. Elle est capitale d'édition. En 1549, elle publie un index pour prendre de l'avance sur Rome, pour que cette dernière ne puisse pas la contrôler. Le ton est très patriotique mais il n'a jamais été promulgué. Venise devient la plaque tournante du livre interdit. Philippe de Melanchthon y possède une bibliothèque entière. [...]
[...] Cet événement survient dans un contexte d'austérité à Rome. La censure la plus efficace est celle espagnole, puisqu'il y a systématiquement le démantèlement des réseaux des livres clandestins et qu'aucun livre protestant ne circule en Espagne. Cette idée de livre clandestin permet de mettre en avant l'idée de réseau bien inséré dans les Etats, les libraires étant partis en exil pour éviter tout désagrément. La dernière manière de corriger un livre mis à l'index est l'expurgation, c'est-à-dire la correction des œuvres. [...]
[...] Les Etats se lancent dans des persécutions de libraires, et à des buchers de livres. Le premier buché a été celui des écrits de Luther à la suite de la Bulle Exsurge Domine. Le nonce Aleandro se vante d'avoir brulé 400 livres en Hollande dont 300 chez des libraires et 100 chez des particuliers. Mais le sort le plus brutal est réservé aux libraires qui sont le plus souvent exécutés. C'est le cas de nombreux libraires parisiens exécutés, massacrés lors de la Saint Barthélemy. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture