L'enseignement de Jésus s'est institutionnalisé, organisé au fil des siècles : au début des temps chrétiens, l'Eglise avait pour préoccupation principale de vivre, se développer par la diffusion de l'Evangile, et de s'organiser (et son action ne pouvait donc s'exercer qu'à titre individuel). Mais après que les empereurs se soient convertis, que l'Europe soit évangélisée puis que la société civile entière soit devenue chrétienne, l'action de l'Eglise s'étend ; et cette action devient directement sociale.
La France, elle, est la fille « aînée » de l'Eglise romaine, très catholique.
S'observe dans l'organisation du territoire en paroisses : divisions administratives de base de la société d'Ancien Régime. L'Institution ecclésiastique s'est temporalisée et spatialisée. L'Eglise est double, elle va au-delà de son autorité spirituelle : elle se dote de fonctions sociales. L' « Esprit de clocher » est une expression qui cristallise ces deux dimensions.
Comme le souligne Gabriel Le Bras, « le clocher est le symbole même de la paroisse et sa personnalité ». Le clocher, symbole de l'Eglise, résume la communauté des croyants, des individus.
En quoi l'Institution Eglise, représentante de l'autorité spirituelle se donne des fonctions que l'on qualifiera de sociales, dans une logique qui lui est propre (elle ne s'attribue pas des fonctions sociales mais ces fonctions sociales, laïques, découlent de ses prérogatives spirituelles) ? En quoi les fonctions de l'Eglise sont doubles et comment Eglise réinvestit ses fonctions religieuses dans le champ laïc ?
[...] Il est important de noter que jusqu'à la fin du XVIIe siècle, tous les écoliers apprenaient à lire d'abord en latin sur le Pater, l'Ave et le psautier. Les petites écoles enseignaient la religion, et le chant faisait partie du service de Dieu. Dans la congrégation de Notre-Dame, par exemple, la lecture, l'écriture, le calcul et la couture formaient seulement quatre des dix matières d'enseignement. Les six autres étaient la prière, la doctrine chrétienne, les sacrements, la haine du péché, l'amour de la vertu et la civilité. B. La charité Là encore, l'Eglise s'en déclare dépositaire. La charité doit se faire envers les hommes et envers Dieu. [...]
[...] Le droit désignait une église pour l'accomplissement des devoirs cultuels : assistance à la messe dominicale, réception des sacrements, paiement de la dîme, attachent obligatoirement le fidèle à une église dont le curé est son proprius sacerdos. La paroisse favorise le groupement et le contact des voisins, qui se rencontrent à l'église régulièrement et pour les solennités. La paroisse, entité de base du royaume (civile et religieuse) Le curé était estimé comme le personnage et l'interlocuteur essentiel, le clergé et de rares notables étant parfois les seuls à être instruits. [...]
[...] En manifestant son attachement à l'Eglise (mais même le plus éloigné), l'individu, chrétien, opte pour des conceptions de la famille, de la Cité, de la moralité qui leur sont enseignées par le catéchisme, la prédication, le confessionnal, l'action personnelle du pasteur, etc. Régis Debray, dans Le feu sacré, fonctions du religieux souligne qu'organiser la société, les uns avec les autres, c'est fondamentalement aussi le sens du religieux. L'Eglise peut s'entendre au sens spirituel (sub specie aeternitatis) autant qu'au sens de peuple local, organisé (non amorphe ni indifférencié), avec quête d'unité. [...]
[...] Il rappelle aux évêques leur obligation de prêcher ou de faire prêche. Enfin il institue des séminaires pour la formation du clergé. Le concile de Trente définit aussi un catéchisme paroissial, à l'usage des enfants (place de l'Eglise dans l'éducation) et Canisius, jésuite Allemand publiera le Tout petit catéchisme (1556), puis le Catéchisme moyen (1557), et enfin L'Ensemble de la doctrine chrétienne (1555). II. Le rôle concret de l'institution ecclésiastique dans la société d'Ancien Régime en matière sociale Après avoir montré l'action et l'influence que l'Eglise exerce dans la société civile entière, et ses composantes (l'Etat cf. [...]
[...] Elle vise à la fois l'âme et le corps (St Thomas : l'aumône est un secours quelconque donné à un indigent par compassion, pour Dieu En son temps, l'Eglise dispensait 14 aumônes : 7 spirituelles : instruire les ignorants, conseiller les hésitants, consoler les affligés, corriger les coupables, pardonner les injures, supporter ceux qui sont à charge, prier pour tous ; et 7 aumônes corporelles : nourrir ceux qui ont faim, désaltérer ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, hospitaliser ceux qui sont sans-abri, visiter les malades, racheter les captifs, ensevelir les morts. Concrètement, l'Eglise a institué les legs pieux (testaments charitables), distributions épiscopales, assistance permanente auprès des monastères. Elle décide aussi la construction de maisons-Dieu, hôtel-Dieu, asiles hospitaliers (à l'entrée des villes, près des grandes voies de passage, près des maisons épiscopales, monastères), mais aussi de maladreries, d'aveugleries, d'institution de placement des enfants trouvés. De nombreuses fondations hospitalières laïques sont inspirées par la charité (Beaunes par exemple). Tout établissement charitable était placé sous surveillance de l'évêque du diocèse. [...]
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