Au XIXème siècle, le chancelier Bismarck, alors en conflit avec l'Eglise catholique s'écria : «Je n'irai pas à Canossa !». Depuis, l'expression « aller à Canossa » est rentrée dans le langage courant et signifie que l'on se rend aux injonctions de l'adversaire. Cependant, si le 25 janvier 1077, Henri IV, empereur d'Allemagne, s'est effectivement rendu à pied jusqu'au château de Canossa pour implorer le pardon du pape Grégoire VII, l'histoire n'est pas aussi simple ! Le pouvoir temporel en la personne d'Henri IV s'est-il ainsi vraiment rendu aux injonctions du pouvoir spirituel ?
La question que pose Canossa et surtout ses fondements théoriques, bien antérieurs, est celle – centrale - des relations entre l'imperium et le sacerdotium. Entre les arguments de Grégoire VII et de Henri IV, à vous de tenter de déceler les dessous de la querelle entre le Sacerdoce et l'Empire…
Pour ce faire, nous parcourrons le Moyen Age central en commençant par présenter Canossa comme le fruit d'une époque, étape supplémentaire d'un conflit entre pape et empereur, mais bien ancré dans la deuxième partie du XIème siècle. Puis nous nous attacherons à analyser les différents arguments de l'empire et du pape, chacun revendiquant un pouvoir souverain. Enfin, nous tenterons de replacer Canossa dans le problème théologico-politique de l'Occident médiéval…
[...] Le commerce des biens spirituels est facilité par la confusion entre charges religieuses et propriété des biens, conséquence directe du système féodal La réforme grégorienne va donc se heurter à un puissant système d'intérêt : Il est important de le préciser pour bien comprendre qu'il n'y a pas seulement dans le conflit de Canossa des arguments théoriques ou théologiques. Les évêques, possédant des terres, étaient en fait considérés comme d'importants seigneurs. De plus, leurs propriétés les rendaient dépendants du suzerain comme n'importe quel laïc. [...]
[...] L'un tenant le glaive temporel, l'autre le spirituel Canossa est un exemple du problème théologico-politique du Moyen Age. Il est connu pour une certaine intensité dramatique (pourtant certains diront que aller à pied voir le pape et l'attendre 3 jours dans la neige n'est qu'un acte de piété chrétienne, quand on sait les sacrifices dont d'autres étaient capables à l'époque ) Il y aura d'autres exemples, celui de Canossa est spécifique : En France, les affrontements entre le pape et le roi ont tourné à l'avantage du Roi et ont contribué à renforcer l'Etat français plus qu'à l'affaiblir : Philippe le Bel (1293 1314) voulait faire la Guerre à l'Angleterre et a donc voulu lever un impôt sur le clergé ; le pape Boniface VIII a menacé d'excommunier ses sujets qui iraient à l'Eglise et fait retourner ainsi le peuple contre Philippe le Bel (il jette l'interdit sur le royaume : plus aucun sacrement. [...]
[...] Grégoire du se réfugier au château Saint-Ange, d'où il appela les Normands à l'aide. Henri du céder, mais les Normands commirent de telles atrocités dans Rome, que la haine des Romains s'enflamma contre Grégoire qui les avait appelés. Il du quitter la ville à la suite de l'armée normande et se rendre à Salerne, où il mourut le 25 mars 1085. J'ai aimé la vérité et j'ai haï l'injustice, c'est pourquoi je meurs en exil. Ce furent ses dernières paroles. [...]
[...] Ce dernier affirme en effet : Deux pouvoirs ont été préposés au gouvernement des hommes : l'autorité sacrée des pontifes et la puissance royale. Mais [ ] les pontifes auront à répondes des rois eux-mêmes au tribunal du suprême jugement les éléments doctrinaux Grégoire lui-même expliquera à plusieurs reprises de façon très pragmatique comment le pouvoir spirituel est tout simplement supérieur au pouvoir politique pour la simple et bonne raison, que les rois et les princes, comme tous les autres, ont besoin de prière, surtout sur leur lit de mort. [...]
[...] Pour Henri IV, l'affrontement avec Grégoire VII, a remis en cause le pouvoir royal fort mais aussi le fonctionnement du système féodal. Pourtant, les événements postérieurs à Canossa qu'Adrienne vous a exposés, révèlent non pas une nouvelle dynamique du pouvoir politique, mais plutôt un renforcement du pouvoir morcelé, celui des princes. Celui-ci peut contribuer à expliquer pourquoi en Allemagne, un Etat puissant et centralisé ne s'est pas créé aux mêmes époques que dans le reste de l'Occident . Augustinisme politique et doctrine grégorienne Puisque nous avons choisi d'inscrire cette troisième partie dans le cadre plus large de l'occident médiéval, nous ne pouvions tenter de définir les fondements théoriques de Canossa sans nous arrêter quelques instants sur l'augustinisme politique, une doctrine qui vit le jour avant le pontificat de Grégoire VII, qui fut développé par lui, et qui lui survécut ensuite jusqu'aux Réformes Saint Augustin : la Cité de Dieu "L'ouvrage de saint Augustin, qui représenta longtemps l'autorité doctrinale essentielle de l'Occident chrétien, écrit D. [...]
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