Les sites de Frouard et Ludres se situent tous deux en Meurthe-et-Moselle, à peine à quelques kilomètres de Nancy sur le plateau de la Haye. Tous deux présentent des structures maçonnées dont la conservation est suffisante pour en étudier la typologie et la fonction, identifiées comme des bas-fourneaux, et datées respectivement des Vème-VIème siècles et VIIIème-Xème siècles.
La nature des vestiges découverts (déchets « industriels » hétérogènes et mélangés, structures partiellement conservées) et les questions spécifiques à résoudre (identification des matériaux, interprétation des conditions techniques de réduction) que nous allons étudier ici ont posé des difficultés aux archéologues, qui ont du faire appel aux travaux archéométriques, ce qui en fait des sites bien documentés.
Bons outils d'étude, ils permettent de répondre à certaines questions sur l'évolution chronologique et technologique des bas-fourneaux dans la région.
[...] Le site présente deux fourneaux à la base de la pente qui marque le flanc sud du vallon de Nerbevaux. Le Bas-Fourneau 1 (BF1) a une forme externe quadrangulaire (1,50m x 1,40m), sa base est encastrée dans le terrain environnant et sa hauteur conservée est de 0,35 ce qui correspond à la structure initialement enfouie. L'encastrement dans le sol se fait sur 3 côtés, ce qui donne une assise solide à la partie basse du fourneau, une isolation thermique, ainsi qu'un accès direct à la partie frontale et une facilitation au chargement de la cuve par un orifice supérieur. [...]
[...] Dedans est insérée la buse raccordant la tuyère au système de soufflerie manuel externe. Le bec déborde d'environ 10 cm à l'intérieur de la cuve en suivant une inclinaison de vers le bas, à 40 cm du fond. Il est recouvert d'un matériau argileux de protection, de forme conique pour empêcher la fusion du nez de la tuyère. Il a parfaitement joué son rôle puisqu'il y a des traces de vitrification sur ce revêtement. [...]
[...] Le fond de cuve est plat, modelé et lissé à même le terrain encaissant. On y trouve une dépression de 60 x 30 cm et profonde de 10 cm, mais qui rattrape à l'extérieur le niveau du sol situé devant le fourneau. C'est le système d'évacuation des produits de réduction hors du fourneau par un orifice qui serait situé à la base de la paroi frontale : c'est ce qu'on appelle le creux de coulée. On constate une vitrification des parois sur 1 à 2 cm d'épaisseur, mais elle n'atteint pas la base, elle s'arrête à 5 cm du fond sur la moitié Ouest et à 15 cm du fond sur la moitié Est, ce qui laisse deviner des arrachements. [...]
[...] La différence de ce fourneau par rapport au premier tient d'abord dans la forme du fond de cuve. En effet, celui-ci est moulé dans le limon en place, mais est fortement incliné vers une dépression centrale, en forme de chenal, large de 25 à 30 cm, longue de 1,10 c'est à dire dépassant les limites frontales du fourneau. Le fond de ce canal est faiblement incliné vers la partie avant du fourneau, et sert donc de système d'évacuation. Une scorie coulée refroidie et solidifiée sur place à été retrouvée à son extrémité et confirme l'interprétation du canal. [...]
[...] Les extrémités latérales sont renforcées par des blocs de pierres, qui forment des sortes de piliers massifs pour stabiliser la partie non encastrées dans le terrain. Sans doute la paroi frontale s'appuyait-elle dessus, mais elle a disparue. Sa destruction rend difficilement estimable la longueur de l'axe vertical, mais on en devine néanmoins le profil grâce notamment aux mesures des longueurs entres les parois : à leur base, on relève 85 cm de large. Au niveau d'arasement, on relève 75 cm, ce qui montre un rétrécissement notable dans l'élévation du fourneau et donc une allure en tronc de cône. [...]
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