Les XVII° et XVIII° siècles européens nous renvoient l'image d'une période mittée par les affrontements anglo-français. Lorsque ce texte est rédigé, en 1695, les deux nations ennemies, la France et l'Angleterre, sont en plein dans la guerre de la Ligue d'Augsbourg -ou guerre de Neuf Ans- engagée depuis 1688. Elle oppose la France sous la monarchie absolue de Louis XIV, alliée au Danemark et à l'empire Ottoman, à une grande coalition, d'abord défensive. Celle-ci comptait principalement l'Angleterre sous la monarchie constitutionnelle de Guillaume III d'Angleterre, l'empereur d'Allemagne et plusieurs Electeurs, l'Espagne, les Pays Bas, la Savoie et la Suède. Elle se plaçait dans le contexte de l'opposition entre les Bourbons et les Habsbourg, notamment pour le contrôle de l'Espagne. Elle prendra fin en 1697, par la Paix de Ryswick.
Ce document est extrait de Mémoire au roi concernant la câprerie, écrit par Vauban en 1695. Vauban est né en 1633 à Saint-Léger-de-Foucherets, il est le plus connu de tous les ingénieurs français. Il commença sa longue carrière en affrontant les armées du roi Louis XIV, qu'il allait si bien servir plus de cinquante années durant. Il est vite remarqué par le cardinal de Mazarin qui le convainc de se mettre au service du roi. Il reçoit son brevet d'ingénieur du roi en 1655 à l'âge de 22 ans. Avec la guerre de Hollande en 1673, Vauban s'efforce d'exhorter le roi et Louvois à faire ce qu'il appelle « son pré carré », c'est-à-dire à réduire le nombre de ses places pour ne conserver que les plus fortes qui ne sont pas isolées en territoire ennemi. Nommé lieutenant général en 1688, il parcourt l'équivalent de 4000 km par an, soit pour conduire des sièges, soit pour réparer ou construire des fortifications. Vauban a également des responsabilités dans cette guerre. La priorité donnée à l'instrument naval cède ensuite la place, de 1691 à 1715, lors des guerres d'usure engagées par l'Angleterre et l'Europe coalisée, à une stratégie moins offensive qui fait la part belle à une défense terrestre appuyée sur des fortifications permanentes. Vauban, homme de Louvois, n'intervient en Bretagne qu'après la mort de Colbert. De mars 1683 à 1695, il étend à la province la logique du pré carré. Il s'agit de maîtriser l'espace nautique littoral où se concentre la navigation commerciale côtière de l'Europe occidentale, de maintenir ouvertes les routes maritimes intercontinentales qui prennent pour points d'atterrages les îles avancées du continents, de garantir la liberté opérationnelle de la Marine royale et la sûreté des ports militaires et marchands. Les ports militaires et corsaires sont prioritaires. Leurs passes et leus rades se hérissent de forts, de tours et de batteries. Elevé à la dignité de maréchal de France le 14 janvier 1703, cette distinction vient couronner une carrière tout entière passée au service de son pays et de son roi. Il donne à la France une « ceinture de fer » et devient si fameux que l'on dit même: « Une ville construite par Vauban est une ville sauvée, une ville attaquée par Vauban est une ville perdue.»
[...] Ces ports disparaîssent à partir de la guerre de Hollande au profit de Saint-Malo et Dunkerque. Dans chaque camp cependant apparaît une stratégie corsaire qui voit les escadres de l'Etat tenter de s'emparer du grand commerce ennemi. Les prises sont vendues au profit de l'Etat et des équipages. Cette course royale que l'on confond trop souvent avec la course privée est d'abord illustrée par Jean Bart puis par Duguay-Trouin. Sous la guerre de la Ligue d'Augsbourg, on fait de plus en plus appel à des marins privés devant tout à leur famille et peu à l'Etat: le maître de pêche qu'est Jean Bart en 1675, âgé de 25 ans, devient un corsaire redouté des Hollandais puis des Anglais, admis comme lieutenant de vaisseau en 1679 dans la marine royale, promu dix ans plus tard capitaine de vaisseau, et, en 1697, chef d'escadre de Dunkerque. [...]
[...] Le roi de France traita l'Espagne avec mansuétude, et rendit à Madrid les Pays-Bas espagnols, occupés depuis 1684. Il voulait préparer la succession espagnole, il ne fallait donc pas heurter l'opinion espagnole. L'Espagne quant à elle devait reconnaître à la France la possession de Saint-Domingue, dans les Antilles. Cela permettra à la France d'être le premier producteur de sucre au XVIIIe siècle. La France ne négligeait donc pas ses intérêts coloniaux. Globalement, le traité de Ryswick est un succès pour la France. [...]
[...] Avec ce texte de Vauban, nous nous plaçons dans le contexte de la guerre de la Ligue d'Augsbourg. En 1689, Guillaume et Marie (famille de Hanovre) arrivent sur le trône d'Angleterre, et s'allient aux Hollandais (ligue d'Augsbourg) contre la France. Pour cette guerre, il n'y a pas de véritable supériorité par le nombre, pour n'importe quel protagoniste, que ce soit les Français, les Hollandais ou les Anglais. La guerre de la Ligue d'Augsbourg voit les Français profiter d'une mobilisation plus rapide. [...]
[...] II.La guerre de course, stratégie gagnante? Le désastre de Barfleur/La Hougue: un déclic L.2: la guerroyer ouvertement et à toute outrance par terre et par mer Avant de s'engager dans la guerre de course, dont il est question ici, la France menait la guerre de façon plus traditionnelle sur terre et sur mer. Ce sont les épisodes de Barfleur et de La Hougue qui ont changé le cours des choses. La bataille de Barfleur est une bataille navale qui opposa le 29 mai 1692 au large du Cotentin, la marine de guerre française à la flotte anglaise. [...]
[...] Louis XIV ayant, en mars, donné l'ordre d'attaquer, quelles que soient les circonstances, Tourville obéit. Après un combat de plus de dix heures, et la nuit venant, la bataille est indécise. Cependant la flotte française renonce à l'expédition projetée et tente de se mettre à l'abris. A ce moment-là, les Français n'ont perdu aucun vaisseau, contrairement aux Anglais, qui déplorent la mort du contre-amiral Carter et la perte de deux vaisseaux. Mais, la même année et dans la continuité directe de cette bataille, se déroule la bataille navale décisive pendant la guerre, de Neuf Ans, celle de La Hougue. [...]
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