Les 23 et 24 décembre 1588, Henri III fait assassiner le Duc de Guise et son frère, le cardinal de Lorraine. Cette décision, d'une importance majeure, a été prise dans le contexte de la huitième guerre de religion, c'est-à-dire de la Ligue. La particularité de cette guerre est qu'elle n'est pas simplement une opposition religieuse entre catholiques et protestants, mais depuis 1573 les guerres de religion se politisent, et la Ligue constitue un jeu à trois entre les catholiques intransigeants, les royalistes et les protestants. La Ligue se pose en leader du parti catholique qu'elle estime trahi par Henri III. Il s'agit d'un épisode de remise en cause du pouvoir royal, dont la spécificité est d'émaner à la fois de la très haute noblesse, les Guise et des villes d'une partie importante de la France, comme Orléans ou surtout Paris. Deux composantes forment donc la Ligue : une première nobiliaire, assez traditionnelle, mais aussi une composante urbaine.
Il s'agit alors de comprendre en quoi l'assassinat des Guise s'inscrit dans le contexte de remise en cause du pouvoir royal par la Ligue, c'est-à-dire de l'autorité royale d'Henri III, de ses attributions régaliennes, et du fonctionnement même de la monarchie. Nous chercherons à montrer que les ligueurs génèrent une crise constitutionnelle sans précédent, dont l'assassinat des Guise constitue le point d'acmé. En effet, la Ligue propose de mettre la loi de catholicité au-dessus de la loi salique, ce qui constitue un bouleversement des lois fondamentales de succession de la monarchie française. Les états généraux de Blois négocient avec le Roi pour tenter de s'arroger une partie de ses attributions régaliennes. La Ligue est à l'origine de la désacralisation d'Henri III et du premier régicide de l'histoire française. Enfin, les Etas généraux de la Ligue se proposent d'élire le roi. Les enjeux politiques de la ligue sont donc complexes puisque son programme révolutionnaire pose la question de savoir qui est premier entre l'Eglise et l'Etat. Dans quelle mesure, l'assassinat des Guise s'inscrit-il dans cette logique de remise en cause du pouvoir royal par la Ligue ?
[...] C'est donc le refus de cette succession qui fédère les catholiques intransigeants dans une Ligue autour des frères de Guise. Face aux Guise, Henri III apparaît de plus en plus comme un roi impopulaire. Il doit affronter un problème économique aigu : les disettes sont mal vécues et la fiscalité mal acceptée. Les Parisiens comprennent mal la foi pourtant profonde d'Henri III. L'opinion publique, qu'on peut deviner à travers des témoignages comme celui de Pierre de l'Estoile, fustige en outre, un entourage royal trop dépensier et les fastes de la cour. [...]
[...] Dieu avait abandonné le Roi de France parce qu'il avait ordonné l'assassinat du duc de Guise et de son frère le cardinal. Par ce geste, il avait failli à sa mission. En revanche, le geste de Jacques Clément, dont le culte fut associé à celui des princes lorrains décédés, constituait un encouragement à rejeter l'héritier du trône, le Roi de Navarre, prince protestant. B . à la restauration du pouvoir royal Toutefois, ce dernier, reconnu Roi par Henri III sur son lit de mort, par les nobles et chefs de guerre protestants et catholiques royalistes, pouvait s'appuyer sur son armée et le ralliement d'un grand nombre de villes de province face aux ligueurs. [...]
[...] De l'embrasement du royaume L'assassinat du duc de Guise jeta la consternation chez les Parisiens. On assista à de nombreuses réactions violentes qui furent prises en main et orchestrées par l'organisation ligueuse, avec à sa tête le conseil des Seize, comprenant les représentants ligueurs des seize quartiers de Paris. La victoire des barricades de mai 1588 avait changé les rapports politiques entre les princes et les conseils ligueurs : ces derniers, dont le nombre augmenta rapidement, se sentaient maîtres du terrain. [...]
[...] La pacification du Royaume s'achève entre 1595 et 1598 par la guerre contre l'Espagne, idéale car elle permet d'unir le royaume face à l'étranger, nécessaire car elle permet de mettre au pas les derniers bastions ligueurs, tels que Marseille. L'édit de Nantes vient clore ce processus. S'il est l'héritier des politiques de concorde des Valois, c'est bien Henri IV qui incarne l'ordre en assurant la liberté de culte et en boutant l'Espagne hors d'une France qu'elle occupait partiellement. La monarchie que construit alors le Roi, insiste davantage sur l'origine divine de son pouvoir, celui d'un roi élu par Dieu, comme pour compenser la perte de sacralité royale qu'avait entraîné le règne d'Henri III. [...]
[...] Le pouvoir charismatique du Lorrain sur les foules parisiennes était total. La victoire des barricades sonnait comme un retour à la tradition et aux libertés urbaines, contre les dangereuses innovations du souverain. Le Duc de Guise intervint fermement contre les débordements, ce qui rassura les notables royalistes. Il s'occupa d'abord de l'approvisionnement de Paris, où il gouvernait en maître, s'attribuant des pouvoirs régaliens. La Reine Catherine de Médicis travailla alors à la réconciliation de son fils et du Duc Henri, qui après la rencontre du début août 1588 fut nommé lieutenant-général des armées royales. [...]
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