Colonisation, Portugais, Océan Indien, Golfe persique, commerce
« J'étais ravi d'admiration pour une nation qui, quoique faible en nombre, avait fait les choses les plus étonnantes, qui avait étendu sa domination sur toutes les parties du monde par son industrie, par ses vertus, par sa valeur et par sa foule de héros qui l'avaient servie successivement ». Ainsi fut décrit le Portugal selon Gorani, un voyageur italien qui le parcourut au XVIII° siècle. Il parle ainsi d'un pays qui s'est déjà construit et qui a déjà aidé à la construction d'une partie majeure de la planète. Il ne faut pas immédiatement entendre dans ce propos le fait que le Portugal soit à l'origine de toutes choses que ce soit sur les côtes indiennes ou sur les côtes américaines mais qu'il ait aidé à mettre en relation l'Europe avec le reste des civilisations. La nation ibérique en général y est pour beaucoup dans l'ouverture des voies maritimes vers les coins reculés de continents peu ou pas explorés. Elle a su développer un commerce nouveau, ramenant des denrées exceptionnelles, utilisant des processus inédits dans ses négociations. Ce tournant de l'Histoire de l'Humanité, du choc des cultures a eu lieu à la fin du XV° siècle et notamment au XVI° avant de se poursuivre dans les décennies suivantes jusqu'à nos jours. Il a notamment débuté en Afrique puis dans l'Océan Indien qui, depuis des siècles, était sillonné par un intense réseau de communication, réunissant les côtes de Sofala (pays de l'or) au Deccan (pays du poivre), le Golfe Persique à la mer Rouge, à l'Inde et par-delà, via Malacca à l'Insulinde et à l'extrême Orient. C'est avec l'expédition de Pero da Covilha que la porte aux Indes fut ouverte : il atteignit en effet la côte occidentale de l'Inde en 1488 et visita le Golfe Persique, une première pour un Européen. Dès lors, le fructueux commerce des épices et la route maritime des Indes s'ouvrent accueillir bon nombre de Portugais, que ce soit des navigateurs, des militaires, des missionnaires ou des commerçants.
Ayant déjà des échanges avec le Maghreb et l'Italie, il est possible de se demander en quoi les Portugais ont été les précurseurs d'un nouveau genre de colonisation.
[...] Le Portugal a permis par son audace d'apprendre à mieux connaître les civilisations du Golfe Persique et de l'Océan Indien. Il s'est lancé dans une expédition dont la démesure pouvait en effrayer plus d'un mais fut récompensé par les prises de points stratégiques qu'il opéra à Ormuz et Malacca, ce qui lui permit de mettre fin au monopole des commerces vénitiens et arabes, orientant la situation en sa faveur. Les motivations des « héros » qu'elles soient l'enrichissement, le service de l'Etat ou la volonté de convertir de nouveaux peuples amenèrent le roi du Portugal à dominer la côte Est de l'Afrique avec ses mines d'or et d'argent qui d'un autre côté entretenaient le commerce en Insulinde. [...]
[...] Au milieu du XVI° siècle, les Portugais contrôlent les territoires de Sofala, du Mozambique, de Quiloa, de Socotora et de Cananor. Plus de quintaux d'épices arrivent chaque année sur les quais de Lisbonne. Cette dernière gère plus des 2/3 du commerce oriental. Les marchands admirent rapidement qu'il fallait s'organiser pour durer. Ils se rendirent d'ailleurs vite compte que la pacotille n'intéressait pas les sociétés asiatiques qui étaient déjà habituées à commercer. De riches cargaisons composées d'objets précieux, d'or en barre ou en monnaie ainsi que d'argent furent acheminées jusqu'en Asie. [...]
[...] L'India Portuguesa du XVIII° siècle se fragilisera petit à petit, la confusion des pouvoirs apparaissant. En réponse à cette dérive le contrôle de Lisbonne se fera plus ressentir laissant les gouverneurs dans une dépendance qui n'était pas forcément évidente à gérer, les communications entre patrie et colonies n'étant pas très aisées. Les négociations restaient toujours officielles que ce soit avec des chefs européens ou avec des chefs locaux. Soit les représentants de Lisbonne allaient sur place pour parlementer soit on faisait venir au Portugal les éminences de l'Océan Indien. [...]
[...] Cette motivation que sut entretenir le roi D.Manuel cachait derrière cet esprit patriotique la volonté de couper court au commerce vénitien, de réussir à enfin mettre en avant la nation portugaise. Et pour ce dessein, les moyens manquaient, il fallut donc établir des échanges commerciaux inédits avec les peuples orientaux. Le but ultime de cette quête (tels les croisés avec Jérusalem) était les Moluques, l'île des épices par excellence. La construction de cette Asie portugaise se fit dans le prolongement de celle de l'Afrique. Il n'y eut pas de réel phase initiale. [...]
[...] La présence de citadelles permit aux Portugais de remettre de l'ordre dans toutes leurs colonies. À peine hommes réussissaient à faire trembler un territoire qui s'étendait d'Ormuz à la Chine. Aucun véritable adversaire ne s'était opposé à leur conquête, les véritables ennemis se trouvaient le plus souvent dans leur rang comme l'illustre l'histoire de ces deux fondeurs d'artillerie italiens, qui arrivés avec les Portugais, désertèrent pour aller s'allier avec le samorim. Rien ne laissait à supposer qu'un jour cette petite nation européenne gouvernerait la quasi-totalité des côtes persiques et indiennes. [...]
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