"Le Juif est l'agent de la Révolution, le fossoyeur de la religion et de la civilisation chrétiennes". Ces propos accusateurs sont, selon l'historienne Esther Benbassa, caractéristiques de la pensée antisémite héritée du christiannisme à la fin du XIXè siècle.
[...] On oppose par cette idée le Juif à la Patrie, ce qui est la racine de l'antisémitisme nationaliste, un antisémitisme renforcé par le nomadisme et une certaine forme de communautarisme de certains juifs du XIXème siècle. Le renforcement du sentiment national avant la Première Guerre Mondiale se caractérise aussi par une flambée de l'antisémitisme qui secoue l'Europe, le Juif étant considéré comme n'appartenant pas à la Nation. In fine entre les années 1870 et 1914, l'hostilité aux juifs revêt trois formes majeures aux manifestations diverses. [...]
[...] S'en suit une vague de pogromes perpétrés par des monarchistes antilibéraux en Bessarabie et en Ukraine (Elisavetgrad, Kiev, Odessa). Les juifs sont accusés d'avoir fomenté les attentats contre le tsar. L'antisémitisme va devenir, après 1881, un moyen d'Etat destiné à servir sa politique d'étouffement de toute revendication libérale. L'Eglise orthodoxe se joint aux autorités locales pour soutenir les pogromistes, tandis que des mesures restrictives interdisent aux Juifs d'habiter les grandes villes, d'acquérir des terres, les contraignant à vivre dans des ghettos à l'ouest du pays. [...]
[...] Selon le même les motifs de la haine des juifs apparaissent à l'observateur moderne comme inextricablement enchevêtrés et il est particulièrement difficile de les classer et d'attribuer à chacun la place qui lui revient Ainsi cette hostilité a pu reposer au cours de l'Histoire sur bien des fondements : religieux, rationalistes, économiques, politiques, sociaux, raciaux. Il faut mettre à part l'antijudaïsme au sens restreint qui ne consisterait qu'en des oppositions théologiques ou liturgiques. L'antijudaïsme, hostilité observable dès l'Antiquité, va se prolonger et s'amplifier au Moyen-‐Âge dans l'Occident chrétien et perdurer jusqu'au XXè siècle. [...]
[...] D'autre part, cette politique suit la logique de russification qui vise les nationalités allogènes afin d'éliminer tout particularisme sur le territoire, et ainsi limiter les risques d'opposition au pouvoir. Car en effet, ces violences dont les populations juives font l'objet les amène à quitter la Russie pour rejoindre des terres plus sûres : des centaines de milliers de juifs émigrent ainsi vers l'Europe de l'Ouest ou les Etats-‐Unis. Il y a donc un antisémitisme motivé par des intentions réactionnaires qui se développe en Europe à la fin du XIXème siècle, prenant une forme radicale en Russie dans la mesure où il est soutenu par l'Etat. [...]
[...] Nous traiterons de l'antisémitisme dans ce sens large. On constate au début du XIXème siècle européen une sorte de philo-‐sémitisme qui commence par l'émancipation pionnière des juifs de France. C'est la loi relative aux juifs, adoptée par l'Assemblée nationale le 27 septembre 1793, qui consacre pour la première fois en Europe le principe d'égalité en droit des juifs, principe étendu par les victoires de Napoléon, et après 1848 l'émancipation des juifs s'impose un peu partout en Europe. En effet s'est développé depuis le début du XIXème une tolérance religieuse à l'égard des juifs malgré la persistance de l'antijudaïsme, l'exclusion politique des juifs tend à disparaître avec l'essor du libéralisme et d'un certain nationalisme intégrateur notamment en Italie et Angleterre. [...]
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