Au début de l'époque moderne, l'Angleterre était un pays situé aux marges de l'Europe ; et ce non seulement du point de vue géographique ; il en allait de même en ce qui concerne l'importance économique et politique du pays. A la fin de l'époque moderne, on constate l'inverse ; en trois siècles, l'Angleterre est devenue la première puissance européenne, voire mondiale, un pays en voie de devenir "le premier pays industrialisé" (pour citer le titre d'un ouvrage désormais classique de Peter Matthias, The first industrial nation) (...)
[...] En revanche, du point de vue dogmatique, l'anglicanisme passait du côté de la Réforme (et finalement du calvinisme). Ce toutefois au cours d'un processus d'assez longue durée qui a aussi connu des retours en arrière. Sous Henri VIII, en effet, les mesures en faveur de la Réforme restaient relativement modestes. Quelques premières avancées sous le gouvernement de Cromwell furent révoquées en 1543, après la disgrâce du ministre (1540). Sous Edouard VI, la mise en place de la Réforme était poursuivie de façon plus résolue. [...]
[...] Reste à savoir comment les Tudor sont parvenus à mettre en place un régime aussi solide et peu contesté ? 10 "The Tudor revolution in government" (G. R. Elton) Nous devons à l'historiographie du XIXème siècle l'idée selon laquelle la Renaissance a fait apparaître l'individualisme, ce qui, entre autres, aurait donné lieu sur un nouveau type de monarchs : des princes à la personnalité forte, sans scrupule et avides de pouvoir. Parmi les exemples, on nomme volontiers Henri VIII, de même que sa fille Elisabeth. [...]
[...] Au XVIème siècle, ce parlement était surtout un lieu de coopération et de consensus ; mais il est clair que c'était aussi un pôle de résistance potentiel tout à fait redoutable. Un constat analogue s'impose en affaires religieuses. La voie moyenne entre Rome et Genève (prônée par l'Eglise anglicane) était sans doute, pendant longtemps, un garant de stabilité politique ; elle servait à coup sûr les intérêts de la monarchie. Mais c'était aussi le garant de conflits à venir avec les "malcontents" d'une Réforme inachevée. La (ou les) révolution(s) du 30 XVIIème siècle anglais doivent beaucoup à ces deux pôles de résistances potentiels, parlementaires et religieux. [...]
[...] Mieux formés et résidant sur place, ces agents de l'Eglise anglicane formaient autant de voix propageant la cause anglicane et les valeurs de la monarchie. - Combattant le catholicisme et s'approchant davantage des convictions protestantes, l'Eglise anglicane diminuait ainsi la distance aux groupes de puritains dont certains participaient activement aux efforts de confessionnalisation dont nous venons de parler ; sous les menaces de la guerre, les tensions entre les différents courants protestants avaient donc, temporairement, tendance à s'effacer. - Tous ces courants pouvaient désormais s'appuyer sur les fondements d'une hagiographie commune glorifiant les martyrs protestants anglais morts pour leurs convictions religieuses sous le règne de Marie "la sanglante". [...]
[...] Et ce pour plusieurs motifs. Tout d'abord, se forme, dans ces années, à côté de l'anglicanisme, un courant spirituel qui vise à mieux ancrer les convictions protestantes dans la société, et/ou à vivre ces convictions de façon plus authentique : c'est le puritanisme. L'éclosion de ce courant de pensée n'est pas le fruit du hasard. Depuis l'avènement d'Elisabeth, bien des sympathisants de la Réforme, qui avait quitté le royaume sous le règne de Marie Tudor, rentraient en Angleterre. Le plus souvent, ces personnes avaient émigré vers les centres du protestantisme (et en particulier vers les centres du calvinisme) sur le continent ; aux Pays-Bas ou à Genève, par exemple, elles avaient eu l'occasion de voir pratiquer le protestantisme de façon bien plus "pure" qu'en Angleterre. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture