C'est le 27 avril qu'éclate la célèbre émeute du faubourg Saint-Antoine à Paris contre un important manufacturier de l'époque, Réveillon, ainsi que contre un de ses semblables, Henriot. Le premier aurait déclaré, quelques jours plus tôt, que les salaires des employés étaient trop élevés. Rapidement, les rumeurs allant et le mécontentement s'amplifiant, l'émeute avait éclaté, bouleversant le faubourg deux journées entières pour finalement laisser place à une intervention tragique des gardes.
L'évènement se révèle particulièrement difficile à classer : s'agit-il du premier soulèvement populaire de la Révolution ou de la dernière bataille de l'Ancien Régime ? Entre deux grands moments, l'épisode soulève des questions. Par ailleurs, dans un contexte de relative misère, est-ce un mouvement pour la défense des salaires ou plutôt contre la vie chère ?
[...] L'analyse des structures socioprofessionnelles met en évidence la relative unité sociale du quartier où vit une masse de travailleurs manuels, ainsi que l'importance numérique de l'artisanat. Des quelques éléments chiffrés, on peut dégager qu'une impression générale de médiocrité domine : médiocrité des ateliers, dont l'estimation dépasse rarement quelques milliers de francs, médiocrité des niveaux de vie. Aussi, les grandes manufactures comme celles de Réveillon restent-elles rares. En effet, même dans les secteurs les plus concentrés comme le papier peint ou le textile, une dizaine d'entre elles seulement emploient plus de 50 ouvriers. [...]
[...] Quoi qu'il en soit, la charge des gardes françaises occasionne la mort de dizaines voire de centaines de personnes et fait de cette émeute l'une des plus meurtrières de la période. Une trentaine d'individus sont également arrêtés et mis en jugement. Henriot et Réveillon s'étaient enfuis avant l'arrivée de la foule. La répression qui se voulait exemplaire, se limite à la pendaison de trois personnes accusées d'être les meneurs (deux le lendemain de l'émeute et le troisième, un mois plus tard) et à l'envoi de cinq autres aux galères. Mais la répression reste mal perçue par l'opinion publique. III. [...]
[...] Le travail de H. Burstin s'intéresse plus particulièrement au faubourg Saint-Marcel et à son rôle conjoint avec celui du faubourg Saint-Antoine : Plus que sur le nombre d'individus enrôlés dans la manifestation (qui reste mince) grâce à un détour par la rive gauche, il faut revenir sur l'option prise par les manifestants en ce tournant vers le faubourg Saint Marcel. En effet, le choix est probablement dicté par la réputation du faubourg, sûrement jugé prompt à se soulever, et par les ressemblances dans la composition sociale qui pouvaient laisser supposer une certaine sensibilité face à l'évènement. [...]
[...] Seul Réveillon est un gros employeur. Les classes laborieuses ont-elles pu, par l'intermédiaire des quelques artisans et boutiquiers présents aux assemblées préliminaires, exprimer leurs vœux ? On ne peut vraiment le savoir, les procès-verbaux des assemblées n'existant plus. Mais les masses populaires attendaient beaucoup de la convocation des Etats Généraux. Cependant, le cahier général du Tiers et le cahier de la ville n'évoquent pas les problèmes des classes laborieuses. Par ailleurs, la question des salaires fut-elle soulevée dans les assemblées de district ? [...]
[...] En 1784, il obtient, pour ses deux manufactures, le privilège des manufactures royales et, l'année suivante, une médaille d'or pour l'encouragement des arts utiles. Il emploie alors plus de 350 ouvriers, dont un quart d'enfants. En 1791, quand il cédera sa fabrique à Jacquemart et Benard, l'actif de la société dépassera le million. Il est l'un des plus gros propriétaires du faubourg Saint-Antoine et est désigné électeur en 1789. Il se situe dans une bourgeoisie capable de faire le pont avec le pouvoir et les élites traditionnelles. [...]
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