Ce raffinement trouve son exaspération dans l'hôtel que la marquise de Pompadour achète en 1753 dans le Faubourg Saint Honoré aux héritiers d'Henri Louis de la Tour d'Auvergne et qui est aujourd'hui connu comme le palais de l'Elysée. La marquise fit meubler et décorer cet hôtel en unissant les talents des plus grands maitres et artisans de son époque : les boiseries de Verbeckt s'unissant aux peintures de Boucher et Van Loo pour créer des intérieurs raffinés et harmonieux.
C'est une nouvelle manière de concevoir l'architecture d'intérieur qui se donne à voir : la collaboration entre les ornemanistes et les architectes, menuisiers. C'est à cette époque également que le commerce du luxe explose dans les fameuses enseignes parisiennes de la rue Saint Honoré. Cette croissance de la demande entraine une hausse de la production et la nécessité d'organiser le travail de manière optimale entre les différents artisans engagés dans la réalisation d'un meuble.
Comment s'organisent entre elles les différentes compétences nécessaires à la réalisation du mobilier précieux du XVIIIème siècle ? Quelles sont les pratiques générales de ces métiers ?
[...] Le goût pour l'ameublement luxueux est très fort au XVIIIème siècle. Le retour provisoire de la cour à Paris va permettre l'essor des enseignes parisiennes, comme celle de Gersaint immortalisée par Watteau. La réalisation de ces pièces uniques impliquait le travail de nombreux artisans spécialisés. Les commandes étant nombreuses, il fallait travailler vite et donc efficacement. Une véritable organisation scientifique bien qu'informelle du travail se met donc en place. Des pratiques naissent et permettent de développer des méthodes comme en témoignent les ouvrages qui paraissent à la fin du siècle décrivant les procédés de la dorure ( Watin) ou de la menuiserie (Roubo). [...]
[...] Pour intégrer une corporation, l'artisan devait suivre neuf années de formation. Les six premières années sont celles de l'apprentissage durant lesquelles le maitre doit apprendre le métier, nourrir, blanchir et ne pas battre son élève. Après cela, le jeune artisan entre en compagnonnage, d'une durée de trois ans. Pendant cette phase le compagnon est rétribué pour son travail assez rébarbatif : sciage des planches le plus souvent. A l'issue de ce cursus, le jeune homme doit réaliser en guise d'examen un chef d'œuvre meuble grandeur nature devant ses maitres. [...]
[...] La première pratique du menuisier est le débitage. Après avoir réalisé ses calibres de débit : il s'agit, par sciage d'obtenir des planches qu'il pourra par la suite assembler. Il existe plusieurs types de pratiques d'assemblage : les principales sont l'assemblage à plat-joint, l'assemblage à tenons et mortaises et l'assemblage à queue d'aronde. A ce stade, le menuisier a obtenu un ensemble de planches formant un siège par exemple qu'il lui revient de travailler. Il a alors recours aux services d'autres artisans comme on l'a vu plus haut selon les exigences du commanditaire. [...]
[...] On a donc montré que les métiers du meuble au XVIIIème siècle sont organisés de manière structurée grâce au système des corporations qui encadrent la production et qu'ils sont fortement corrélés les uns aux autres. Etudions à présent les pratiques utilisées par les artisans du meuble au XVIIIème siècle. Nous procéderons en deux temps en dissociant les pratiques liées à la menuiserie et celles liées à l'ébénisterie, qui sont les deux grandes catégories des métiers du meuble au XVIIIème siècle correspondant à deux types de meubles tous deux nécessaires à l'aménagement d'un intérieur. La menuiserie est l'art de fabriquer des meubles en bois massif : il s'agit de sièges, de lits. [...]
[...] Dans ce cas, le menuisier faisait appel aux talents d'un canneur. Mais au-delà des pratiques et techniques relevant des différents arts du meuble, on peut relever au cours du siècle un certain nombre de pratiques qui relèvent des modes et des usages de la société. Prenons l'exemple de la bergère dite Callipyge de Claude-Louis Burgat que l'on peut dater de 1755. Burgat est passé maitre à l'époque ou les sièges en cabriolet font leur apparition : ces sièges sont plus légers et deviennent les sièges courants de la vie quotidienne. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture