Charlotte Corday, portrait neutre, acte politique, liberté, figure révolutionnaire, Jean-Paul Marat
Que suis-je censé vous dire ? Que ce crime n'en est pas un, qu'il est excusable, ou au contraire qu'il n'y a pas de décision plus terrible que celle d'enlever la vie. Ne devrais-je pas plutôt vous rappeler ce que vous semblez laisser de côté ? Ce procès n'est pas seulement une question de politique ou de morale, la finalité n'est pas de savoir s'il y a ou non culpabilité de cette jeune femme.
[...] Tous, ici nous la connaissons cette raison. Regardez-vous, regardez votre voisin, regardez ce que nous devenons, regardez cette société de terreur que nous laissons à nos enfants, et cherchez comme moi le responsable de cette folie qui s'est emparée de nous. Cet homme n'est plus, car une jeune femme l'a enlevé à ce monde, persuadée par nul autre qu'elle-même qu'il était temps d'agir, et que son bras devrait nous libérer du joug d'un tyran. Vers qui se porte la culpabilité à présent. [...]
[...] Mon malheur est d'être ici, de vous parler d'un homme que j'ai connu, et d'une femme sortie de l'ombre. Car j'entends bien donner mon avis, et exprimer tout le dégout que j'ai pu ressentir à l'égard de ce que nous devenons. Quand Charlotte Corday dit à une amie : «Tous ces hommes qui devaient nous donner la liberté l'ont assassinée » comment s'empêcher d'adhérer. L'évidence de son propos est saisissante, et révèle le carcan de terreur qui emprisonne notre société. Le pire sans doute, c'est ce geste, cet instant, ou la décision de tuer un homme fut prise pour en sauver cent mille autres. [...]
[...] Témoin neutre au procès de Charlotte Corday I. L'acte de Charlotte Corday : un crime ou un acte politique ? Que suis-je censé vous dire ? Que ce crime n'en est pas un, qu'il est excusable, ou tout au contraire qu'il n'est pas de plus terrible décision que celle d'enlever la vie. Ne devrais-je pas plutôt vous rappeler, ce que vous semblez laisser de côté. Ce procès n'est pas seulement une question de politique ou de morale, la finalité n'est pas de savoir s'il y a ou non culpabilité de cette jeune femme. [...]
[...] A ce titre, ne ressemble-t-elle pas assez à ceux qui fondèrent les idées révolutionnaires ? N'a-t-elle pas très justement appliqué Locke et l'Etat de guerre ? N'est-elle pas empreinte de cette souveraineté populaire que défend Rousseau ? Ne tente-t-elle pas de lutter, comme Voltaire, contre l'intolérance et pour la liberté de penser ? Je n'ambitionne pas de l'excuser, encore moins de lui donner l'absolution, il s'agit de comprendre ses motivations et de savoir pourquoi l'histoire lui devrait donner tort ? III. Charlotte Corday : une héroïne de la liberté ou une criminelle ? [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture