Le Versailles de Louis XIV

Résumé du document

À partir de 1661, et plus encore après 1665-1667 et l'abandon des travaux du Louvre, Louis XIV décide d'édifier, sur l'emplacement du modeste château de son père à Versailles, une demeure à la mesure de sa puissance et de sa gloire. Une gloire symbolisée par le mythe d'Apollon, le plus beau et le plus rayonnant des dieux grecs. Jusqu'à la mort du souverain, Versailles est un chantier sans cesse démoli, remanié, perfectionné.

Tâtonnements à grande échelle : il faut modeler la butte qui porte le premier et « chétif château », drainer les terrains marécageux, amener une quantité énorme d'eau pour alimenter jets d'eau et bassins, et pour cela envisager même à un moment de dériver la Loire, avant de pomper effectivement les eaux de la Seine, sinon celles de l'Eure. En 1685, 36 000 ouvriers travaillent au chantier de Versailles. Le coût est prodigieux : sous le ministère Colbert les travaux de bâtiments reviennent à 46 millions de livres, à peu près la moitié du revenu annuel net du royaume. Mais l'œuvre achevée est grandiose : sur un ensemble de plus de 6000 hectares boisés dont un Petit Parc de 1700 hectares savamment agencé, un palais immense, avec sa façade longue de 415m, s'élève à la gloire du Roi-Soleil.

Extraits

[...] Les anciens appartements deviennent des pièces d'apparat (salle du Trône). En 1679-1680, les pavillons des grands officiers sont réunis par deux longs bâtiments parallèles, formant les ailes des ministres. Enfin, en 1662, commence la construction de la chapelle définitive dans l'aile nord (achevée en 1710) sur un plan simple, sans transept et avec abside semi-circulaire. Dans le parc, à l'ancienne Orangerie de Le Vau, est substituée une nouvelle, terminée en 1686, sous le parterre du midi. Les constructions d'agrément (le Grand Trianon en 1686- 1687) et d'embellissement (la colonnade de marbre à chapiteaux ioniques en 1685-1686) parent les jardins de nouveaux attraits. [...]

[...] Là, princes et souverains ont désiré, avec inégal bonheur, lier leur palais à la ville, recréer le Grand Canal, imiter les parterres de broderie, transposer bassins et jets d'eau. En ce sens, Versailles n'est pas toute l'Europe classique (P. Chaunu), pas plus qu'il n'est d'ailleurs, malgré la longueur et la pesanteur de son moment, toute la France architecturale classique. Son prototype, c'est Vaux-le-Vicomte et une des ses monnaies au développement progressif jusqu'en plein milieu du XIXe siècle, c'est le Nymphenburg des Wittelsbach. [...]

[...] L'unité Le palais commande l'architecture urbaine de Versailles qui devient progressivement une ville ( habitants en 1715). La chambre du Roi, située sur l'axe de l'avenue de Paris, prolongé par le Tapis Vert et le Grand Canal, est le point central du rayonnement urbain et palatin. B. L'harmonie dans les volumes Pour que le château assis sur la butte aménagée domine la ville, la hauteur des maisons est réglementée. Pour éviter la discordance due à la rupture de rythme, les constructions urbaines doivent être contiguës, surmontées de frontons identiques. [...]

[...] Le dallage de marbre est destiné à l'éclairement de la cour dont les angles sont agrémentés de volières dorées. Surtout, une enveloppe double extérieurement l'ancien château. Conçues par Le Vau, terminées par d'Orsay, ses façades sont élevées sur trois niveaux, sauf l'aile donnant sur le jardin qui ne comporte qu'un rez-de-chaussée soutenant une terrasse. La construction est faite en pierre et l'influence italienne y est nette. L'enveloppe se prolonge par les communs modifiés sur le même style. Intérieurement, commencent à être aménagés les appartements du Roi dans l'aile Nord et de la Reine dans l'aile sud. [...]

[...] Le mythe solaire De Versailles, château de puissance ou résidence du roi et du gouvernement (à partir de 1682), Louis XIV a voulu faire le palais du Roi- Soleil. Celui-ci s'est réalisé progressivement et avec des tâtonnements, selon un programme établi probablement dès 1663. Le grand axe Est-Ouest de Le Nôtre sert de support au mythe d'Apollon, au lever et au coucher du soleil. Après les aménagements de 1701, la chambre du Roi au premier étage se trouve dans cet axe, le lit royal tourné vers les rayons du soleil levant arrivant par la cour de marbre. [...]