La théorie absolutiste établit la royauté comme une autorité pleine, concentrant les pouvoirs, et entière, sans contrôle et sans partage. Le royaliste Louis de Bonald l'exprime parfaitement lorsqu'il dit que « le pouvoir absolu est un pouvoir qui s'exerce indépendamment des hommes sur lesquels il s'exerce; un pouvoir arbitraire est un pouvoir indépendant des lois en vertu desquelles il s'exerce ».
A l'époque féodale, la théorie absolutiste est en gestation. Certes, Philippe le Bel passe pour un roi absolu, de même que Louis IX. Mais ce n'est qu'avec la fin du Moyen-Âge et surtout l'avènement des temps modernes que l'essor de l'Etat met entre les mains du roi les moyens d'exercer un pouvoir sans partage, à défaut d'être sans limites.
On peut donc définir la monarchie absolue comme l'incarnation, en un homme, d'une souveraineté indivisible, s'exerçant par la détention du pouvoir de prendre les décisions politiques, de faire la loi, de rendre justice, d'émettre la monnaie, de lever l'impôt, de disposer de la force publique et de l'armée permanente, dans l'intérêt de tous, le respect des prérogatives de chacun et des coutumes du royaume, sans avoir à en rendre compte à quiconque si ce n'est à Dieu, ce que l'on pourrait résumer par la formule du président Guillart, prononcée au Parlement en 1527: "Le Roi peut ce qu'il veut mais il ne doit pas vouloir tout ce qu'il peut."
[...] Tandis que la théorie absolutiste trouve un défenseur en la personne de sir Robert Filmer en Angleterre, en France Jacques Benigne Bossuet (1627- 1704) s'impose comme le principal inspirateur de la théologie de gouvernement sous le règne du Roi soleil. Il est l'un des pères de la tradition gallicane qui refuse les ingérences pontificales dans les affaires du royaume. Selon les pères du gallicanisme, l'autonomie et l'unité religieuse de l'Eglise de France exigent que le roi n'ait aucun compte à rendre à l'autorité de Rome et qu'il exerce un pouvoir absolu dans son royaume. [...]
[...] En outre, pour accomplir sa mission politique, la seule importante dans la société, le pouvoir exige d'être absolu, c'est-à-dire délivré de toute obligation et sans aucune limite, pas même celles que pourraient imposer les lois ou la morale. Le roi n'a à reconnaître à sa propre action qu'un unique motif: la raison d'Etat. L'intérêt de l'Etat, dont le monarque est chargé, prime ainsi sur tous les autres. Parce qu'il est caractérisé par cette notion de raison d'Etat, l'absolutisme monarchique est qualifié de pragmatique (ou empirique En effet, Richelieu n'a pas l'ambition de formuler un grand projet politique. [...]
[...] Au plan pratique, des institutions, animées par des hommes, forment le cadre concret du gouvernement et de mise en œuvre du pouvoir. Un débat peut naturellement exister sur la nature des institutions qui doivent être mises en place pour gouverner au mieux. Bodin préfère pour sa part la monarchie royale aux autres modèles qu'il examine. II- L'ambivalence de la théorie absolutiste au XVIIe siècle: L'absolutisme pragmatique: La raison d'Etat de Richelieu: La pensée de Richelieu est fondée tout entière sur l'idée que la puissance est la seule chose nécessaire à l'Etat. [...]
[...] ) / 2e éd. / Presses universitaires de France / 1994 L'absolutisme français, Olivier-Martin, François (1879- . ) / Éd. Loysel / impr. [...]
[...] D'ailleurs, le Cardinal n'est pas l'inventeur de la notion de raison d'Etat, même s'il en fut le principal maître d'œuvre. Cette notion semble plutôt avoir été mise au jour par un juriste italien, Botero (Della ragiona di Salto, 1589). En pratique, elle est parfois identifiée aux décisions arbitraires du détenteur de l'autorité, car il n'est besoin ni de preuves ni de justifications. L'action politique se justifie d'elle-même par sa réussite: tout renforcement du pouvoir de l'Etat est la manifestation d'une juste compréhension de cette raison d'Etat. [...]
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