Esclavage, traite négrière, exigences mémorielles, savoir savant, xixe siècle, abolitionnisme, débats politiques, approches scientifiques
L'histoire de la traite négrière et de l'esclavage fut très longue et connait différentes évolutions jusqu'à son abolition tardive au XIXe siècle. Pour Olivier Pétré-Grenouilleau, son historiographie débute à l'extrême fin du XVIIIe siècle, moment où les partisans de l'abolitionnisme commencent à manifester véritablement « une volonté de compréhension et de mise en perspective de l'histoire de l'infâme trafic ». Christian Delacroix, François Dosse, Patrick Garcia et Nicolas Offenstadt évoquent le fait que l'esclavage avait une grande place dans les débats politiques jusqu'à la fin du XIXe siècle, mais son abolition a éteint toute discussion sur le sujet de la part des principaux protagonistes (États-Unis, Angleterre, France).
[...] Il interroge le sens et la nature politique de la liberté dans l'espace occidental en insistant sur ce paradoxe ( valeurs de libertés et en même temps l'utilisation de l'esclavage). Durant les années 1960, les travaux de recherches se sont multipliés en Afrique, en Amérique puis en Europe et c'est à ce moment-là que le sujet éveille l'intérêt des intellectuels français. La France comparée à d'autres pays du monde comme le Brésil, l'Angle-terre, l'Afrique ou encore aux Caraïbes est en retard dans ce domaine-là. [...]
[...] Il existe plusieurs mémoires de l'esclavage avec des acteurs multiples et différents, mais aussi situés sur différents continents. En effet, les revendications mémorielles concernent des acteurs venant d'Afrique, d'Europe, d'Amérique ou encore des Antilles en sachant que ces derniers territoires furent des espaces de déportations des esclaves. Toutefois, dans ces mémoires de l'esclavage, Françoise Verges dénonce une marginalisation de la mémoire des personnes issues d'ancêtres d'esclave. Pour résumer, Benjamin Stora parle donc d'un enjeu qui s'est installé de manière politique au sein de la société française, avec une hiérarchisation des mémoires, des histoires, des victimes. [...]
[...] La transmission de l'histoire de l'esclavage a longtemps été insuffisante à l'école. Cette question de la transmission « était d'une part reliée depuis plusieurs années aux débats sur la France postcoloniale » avec cette dernière « refusant de faire face à son passé colonial ». Une controverse sur l'esclavage et son enseignement se cristallise autour de la loi du 23 février 2005 sur la présence française outre-mer. Son alinéa 2 de l'article 4 déclarait : « les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord et accordent à l'histoire et aux sacrifices des combattants de l'armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit ». [...]
[...] C'est au nom d'une loi mémorielle, la loi Taubira, qu'Olivier Pe?tre?-Grenouilleau est poursuivi en justice en 2005 pour avoir fait paraitre une analyse sur l'histoire des traites ne?grie?res en 2004 et après avoir donné une interview au Journal du dimanche. Une controverse a lieu au moment où il déclare que : « Les traites négrières ne sont pas des génocides. La traite n'avait pas pour but d'exterminer un peuple. L'esclave était un bien qui avait une valeur marchande qu'on voulait faire travailler le plus possible. Le génocide juif et la traite négrière sont des processus différents. Il n'y a pas d'échelle de Richter des souffrances ». [...]
[...] Elle s'interroge sur la question du débat aussi tardif en France. Des exigences mémorielles très fortes 2.1) D'une guerre des mémoires à la loi Taubira de 2001 Depuis la disparition de l'esclavage en 1848, des victimes cherchent à s'affirmer et à faire entendre leurs voix, mais la mémoire de l'esclavage est dans l'ensemble passé sous silence. L'opinion publique semble être ignorante des choses coloniales. Les témoignages d'esclaves ne sont pas abondants et l'histoire de l'esclavage parait éloignée des réalités locales en métro-pole. [...]
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