En 1643, la France est toujours plongée dans ce conflit, commencé avec les litiges allemands de 1618 et la défenestration de Prague. De religieuse, cette guerre devient politique et européenne. C'est le 19 mai 1635 que la France de Louis XIII et de Richelieu entre véritablement dans celle-ci, qui ne s'achèvera qu'avec les traités de Westphalie en 1648.
Huit ans jour pour jour après la déclaration de guerre de la France à l'Espagne, le plateau de Rocroi voit se dérouler une bataille décisive qui scelle à la fois la finalité de ce conflit, mais aussi une nouvelle donne géopolitique : la bataille de Rocroi !
Notre objectif sera ici de mettre en évidence les éléments qui nous permettent de voir en cette bataille, un tournant majeur dans le XVIIe siècle européen (...)
[...] Comme précédemment, cela conduit à de fréquentes mutineries en cas de retard de solde, qu'ils estiment insuffisante pour assouvir leur "mentalité somptuaire" (Bartholomé Bennassar). Mais ce sont des "professionnels", possédant une science de la guerre conséquente. Au combat, ils manœuvrent avec sûreté en soldats qui tiennent à conserver leur réputation tout en la méritant, en particulier chez les Tercios espagnols. Même le pillage des villes est réglementé. Finalement, face à l'armée française, l'armée espagnole fait figure d'armée permanente, là où les effectifs français augmentent ou s'amenuisent à la hâte au gré des nouvelles menaces, une véritable "armée improvisée". [...]
[...] Il y a surabondance aux échelons les plus élevés". Cependant, il nous est permis de relativiser cet état de délabrement en prenant en compte le témoignage de Pontis (Mémoires du sieur de Pontis) qui participa à de nombreuses opérations militaires sous les règnes d'Henri IV, Louis XIII et Louis XIV. Celui ci nous offre une image moins fâcheuse des troupes, en mettant en valeur "l'adresse manœuvrière des maréchaux, la rapidité d'exécution des manœuvres D'après son témoignage, ce ne serait que pendant les mois qui suivirent la mort du roi et de Richelieu que cette armée eut vraiment l'air de dégénérer. [...]
[...] Soudain, le son des "fifres" (sorte de flûtes traversières en bois), et des trompettes résonnent dans la plaine au son de la Marche du roi Duncan, provoquant une immense clameur d'enthousiasme, Sirot est suivit de tous les siens. De son côté, le duc vient d'apprendre la déroute de ses deux généraux, il conçoit alors la manœuvre extraordinaire qui va lui assurer la victoire. Par un vaste mouvement de contournement, lui et ses cavaliers foncent sur les arrières de Mélo que Sirot attaque de face, tandis que Gassion continue la poursuite des cavaliers et fantassins d'Albuquerque. En quelques minutes, c'est toute l'infanterie allemande et wallonne qui est détruite. Par une charge, Enghien dégage son infanterie. [...]
[...] Le grand combat Coiffé d'un chapeau garni de grandes plumes blanches, signe distinctif lui permettant d'être reconnu (ou peut-être en référence au "panache blanc d'Henri Enghien monte à cheval et parcourt les rangs des escadrons et des bataillons, apportant à ses troupes, l'enthousiasme indispensable. Les trompettes sonnent, il est 4 heures du matin ! Sur l'aile droite, le duc part à la tête de sa cavalerie. Il sait pour les mousquetaires couchés sous le talus. Il commande alors à Gassion, qui prend la tête de la première ligne, de charger la cavalerie d'Arbuquerque sur sa gauche, pendant que lui l'attaque de face. Albuquerque ignore que ses mousquetaires ont été anéantis, il fait tourner huit escadrons sur Gassion et le reste face au duc. [...]
[...] Les deux ailes de l'armée espagnole son défaites. Sur le champ de bataille où Melo a perdu son bâton de commandement, où ses principaux officiers gisent, blessés ou tués, il ne reste plus que les fameux tercios espagnols. Enghien et Sirot remettent de l'ordre dans leurs bataillons, La Ferté, repris, reste grièvement blessé, et Gassion continu à disperser les fuyards et à surveiller l'arrivée de Beck. Au centre, "cette redoutable infanterie de l'armée d'Espagne dont les gros bataillons serrés, semblable à autant de tours, mais à des tours qui sauraient réparer leur brèches, demeurait inébranlable au milieu de tout le reste en déroute, et lançait des feux de toutes parts" (Bossuet, Oraison funèbre de Louis de Bourbon Jusqu'ici, l'infanterie française n'avait effectué contre eux que de brèves escarmouches, de manière à ce qu'elle ne puisse intervenir sur les ailes. [...]
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