Révolution historiographique, Fussner Smith, histoire, renaissance, philologie, bible, archives, Bossuet
Nous abordons aujourd'hui une nouvelle séance consacrée à la révolution historiographique. C'est un moment important, à la fois de réflexion, mais aussi de l'histoire de l'histoire. Il me faut, pour commencer, vous expliquer quelle est l'origine de ce terme de révolution historiographique. Ce terme provient en fait d'un ouvrage écrit par un historien états-unien, en 1962, intitulé The historical Revolution. Comme vous l'entendez, vous voyez bien qu'il y a une différence entre le titre en anglais et sa traduction en français, mais c'est bien de révolution historiographique dont il s'agit. En effet, nous allons avoir l'occasion d'y revenir, Fussner Smith, puisque c'est de lui qu'il s'agit (Frank Smith Fussner : Franck Smith est son prénom, Fussner est son nom) écrit en 1962 un ouvrage consacré à l'écriture de l'histoire dans l'Angleterre des XVIe et XVIIe siècles. Sa thèse est qu'à cette époque, se produit un changement, une rupture dans la manière d'écrire l'histoire, notamment parce que l'accès aux archives est différent, plus facile, parce que le réseau des érudits et des historiens à l'échelle internationale se densifie grâce à des échanges de correspondances.
[...] Il l'indique dans son Discours sur l'histoire universelle de 1681. Bossuet intervient également dans la condamnation d'un certain nombre d'historiens de l'époque, comme Richard Simon, qui en 1678 publie une Histoire critique du Vieux Testament, une histoire qui met en avant des contradictions philologiques parfois présentes dans l'Ancien Testament. On voit bien que l'histoire utilisée par Bossuet reste strictement contrainte par un cadre religieux, puisqu'il défend une vision apologétique et providentialiste de l'histoire. Pour Bossuet, le long enchaînement des causes particulières, qui font et défont les empires, dépend des ordres secrets de la divine Providence. [...]
[...] La philologie biblique, mais pas seulement, emporte avec elle un savoir historique et repose sur un savoir historique, ce qui amène à dire que l'héritage du XVI e siècle est clair : il se produit une lente assimilation de la Bible aux textes profanes. 3. Histoire, droit et politique au XVIe siècle Mais les textes anciens, et le texte biblique en particulier, ne sont pas les seuls ensembles textuels concernés par cette dynamique philologique. Le droit est également concerné. L'approche philologique porte sur le droit romain, dont l'étude aboutit à une critique politique. [...]
[...] Oui, les congrégations religieuses ou les ordres religieux ont leurs propres mythes, mais précisément, au XVII e siècle, les bollandistes, et plus tard, comme nous le verrons, les mauristes, vont lutter contre ces mythes en proposant un regard critique sur cette histoire sainte, c'est-à-dire un regard reposant sur l'usage des sources. Ainsi, en 1681, Jean Mabillon produit un ouvrage fondamental pour l'historiographie, le De re diplomatica, où il explique comment procéder à la critique des sources. Qui est Jean Mabillon ? Mabillon rejoint la congrégation bénédictine de Saint-Maur en 1653. Cette congrégation bénédictine vit selon la règle de saint Benoît, mais avec des modalités spécifiques. En tant que bénédictins, les mauristes sont impliqués dans la création du savoir - vous connaissez peut-être l'expression « travail de bénédictin ». [...]
[...] Le développement des études bibliques au début du XVIe siècle est tout à fait patent en Espagne. Le cardinal Cisneros, alors Grand Inquisiteur - aussi paradoxal que cela puisse paraître - procède à la réactivation de l'enseignement de toutes les langues bibliques. Le cardinal Cisneros lance le projet d'une Bible polyglotte en hébreu, en latin, en grec, et même dans d'autres langues, ce qui conduit à une étude, là encore, des différentes traductions et versions des textes de la Bible. [...]
[...] Dans La structure des révolutions scientifiques, Thomas Kuhn défendait l'idée d'une histoire des sciences comme une succession de paradigmes, chaque paradigme étant caractérisé par ce qu'il appelait une « science normale ». La science normale, c'est une manière « normale », « normée » pourrait-on dire, de concevoir la vérité scientifique à un moment donné de l'histoire. L'idée que défendait Thomas Kuhn était que les différents paradigmes étaient incommensurables entre eux. Pour vous donner un exemple plus concret, un peu plus précis : pour Thomas Kuhn, il existe une normalité, une vérité, du système céleste conçu selon les Anciens et aussi à l'époque médiévale, à savoir un système céleste caractérisé par une Terre au centre du cosmos. [...]
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