L'héritage du Roi-Sergent.
Le terme de Prusse1 est aussi inadéquat pour désigner les possessions des Hohenzollern que celui d'Autriche pour celles des Habsbourg. Le cœur de l'Etat est constitué par le Brandebourg avec sa capitale Berlin ; ce noyau primitif s'est agrandi à l'ouest de Magdebourg et Halberstadt et au nord de la Poméranie avec les bouches de l'Oder et le port de Stettin. A l'est de la Vistule, La Prusse avec Königsberg porte le titre royal ; en 1772, après le premier partage polonais, ces deux ensembles sont réunis par l'annexion de la Prusse occidentale. En Allemagne occidentale, le Hohenzollern possède de petits territoires sur la Weser, l'Ems et le Rhin inférieur.
En 1740, ces divers pays, au sol ingrat, ne sont peuplés que de 2,2 millions d'habitants, tous allemands. Le protestantisme domine, divisé en trois Eglises : luthérienne, calviniste allemande (la religion de la dynastie) et calviniste française2 (les descendants des réfugiés de la révocation de l'édit de Nantes). Il y a néanmoins 160 000 catholiques dont les droits sont garantis. A l'intérieur du Saint-Empire, la Prusse tolérante ignore le principe cujus regio, ejus religio3.
[...] La Prusse demeure protectionniste, le commerce dût-il en souffrir. Entre Leipzig et Hambourg, un espace commercial est difficile à conquérir. Frédéric II fait creuser le Plauer Kanal joignant l'Elbe à la Havel pour détourner vers l'Oder et Stettin le courant commercial de l'Elbe vers Hambourg. Comme Joseph II, Frédéric veut protéger les paysans, qui fournissent impôts et recrues. Il est préoccupé par la lourdeur de la corvée et la diminution, sinon la disparition de nombreuses tenures paysannes au profit des réserves des junker. [...]
[...] Il ne peut être question de restreindre leur rôle social. Frédéric les protège en tant que classe foncière et leur interdisant aux roturiers d'acheter des terres nobles et en leur accordant des prêts à bas taux qui évitent la vente du patrimoine. Frédéric II a donc rescellé l'alliance entre la monarchie et l'aristocratie et payé pour cela le prix fort : maintien du servage, renoncement au rachat des domaines aliénés aux nobles, ce qui est une petite perte pour moi et un grand avantage pour les nobles dont les fils défendent le pays, et dont la race est si bonne qu'elle mérite d'être conservée à tout prix Derrière la façade de la monarchie se dresse la puissance d'une nouvelle aristocratie de service très fermée. [...]
[...] Des écoles s'ouvrirent pour instruire le pays de Copernic L'Etat retira à l'Eglise la gestion de ses grands domaines, partageant également leurs revenus entre le Trésor et l'entretien du clergé ; Rome conseilla le ralliement et il y eut peu de résistances. Quant à la situation des paysans, elle fut améliorée ; Frédéric II n'avait pas à ménager la noblesse polonaise à l'égal de celle de Prusse. Le servage fut aboli dès 1772, les corvées et les droits seigneuriaux réglés en 1773 ; au total, les paysans gagnèrent au change. L'agriculture fut stimulée par l'introduction de colons allemands. Un processus de germanisation s'enclencha. Pour l'heure, la résistance à la Prusse, hormis chez la noblesse, fut faible. [...]
[...] Frédéric II, prince éclairé ? Né en 1712, Frédéric, à la différence de son père, manifeste le goût le plus vif pour la culture, les sciences, la musique, la littérature française. Le dressage qu'il subit l'amène à la rupture et, en 1730, il tente de fuir de la cour : échec, prison, astreinte à des tâches militaires subalternes . Enfin, en 1736, il obtient de vivre au château de Rheinsberg et pendant les quatre ans avant son avènement, il peut cultiver ses talents. [...]
[...] Finances, économie et société. Les désastres de la guerre de Sept Ans, les ruines accumulées, surtout en Silésie, l'avilissement de la monnaie obligent Frédéric II à des réformes pour augmenter ses moyens financiers. L'accise, mise en régie et réglée par de nouveaux tarifs (1766), une loterie, des monopoles pour la Poste, le tabac, le café, apportent des ressources supplémentaires. Plus intéressante est la mise en valeur de terres nouvelles marais de la Havel et de la Wartha, polders de Frise orientale par l'appel à des techniciens hollandais et des colons ( durant la règne) recrutés par des agences à Francfort-sur-Main et Hambourg : des villages neufs sont créés dont les habitants, dispensés du service militaire, ont des obligations strictement limitées. [...]
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