Le présent manuel vise à s'interroger sur les fondements juridiques du pouvoir. On compte deux formes de pouvoir :
• L'auctoritas qui est un pouvoir d'essence spirituelle.
• La potestas, la détention et l'exercice de la force coercitive. C'est un pouvoir d'exécution et de commandement, comme le pouvoir royal.
Avec l'Empire carolingien, synthèse originale puisque l'empereur détient la potestas aussi bien que l'auctoritas. L'empire était défini alors comme une société chrétienne parfaite : la respublica christiana. L'Eglise revendique l'auctoritas, dont la plénitude est atteinte par le pontificat d'Alexandre III.
Après l'illusion d'un Empire universel, on assiste à l'éclatement territorial de l'Empire où les lignages les plus puissants revendiquent le titre royal, comme les comtes de Provence et de Bourgogne. A l'Est, la Saxe s'impose comme un nouvel espace dominant avec la maison des Liudolfinger-Ottoniens qui accèdent au trône en 919 avant de restaurer le titre impérial en 962. Ils mènent une politique d'évangélisation expansionniste, passant au centre de la société chrétienne. Les principautés sont gouvernées par des lignages qui s'identifient au territoire. Elles défient le pouvoir royal, le château matérialisant leur domination sociale.
La participation de l'Eglise est capitale. Alors qu'en 888, on note un affaiblissement de l'Eglise, en 1110, le pape prétend faire de l'Eglise romaine le ciment d'une nouvelle société. Les établissements ecclésiastiques exercent un pouvoir seigneurial sur les terres qu'ils administrent. Dans le royaume de Bourgogne-Provence, l'Eglise est étroitement associé à l'établissement d'un pouvoir royal hiérarchisé : le Reichskirchensystem, collusion entre le pouvoir laïc et le pouvoir clérical.
Le cours traitera des trois royaumes de Francie occidentale, de Francie orientale et de Bourgogne, en laissant de côté l'espace italien afin d'éviter de limiter les relations entre pouvoir et Eglise au face à face simplificateur entre le pape et l'empereur. L'Eglise, l'ecclesia, est la forme médiévale de la société, modèle du corps social. Le cours prendra également en compte la variété des situations locales. Enfin, cela reste une compilation. Les historiens du Moyen Age n'écrivaient pas l'histoire autrement, nous essayerons de susciter une réflexion neuve.
[...] L'autre originalité est le recours au sacré pour asseoir les décisions : processions des reliques, délimitation des villages par des croix à l'intérieur desquels tout acte de violence est sacrilège Tout ceci soutient l'action épiscopale et assure la validité des décisions prononcées en concile. Le pouvoir sanctifié : signification de l'hagiographie Le culte des saints, et le culte des reliques qui lui est associé, jouit au Moyen Age d'une faveur que les autorités politiques et religieuses de la période carolingienne ont tenté d'encadrer. Les restes d'un saint deviennent reliques vénérables lors d'une célébration appelée élévation, voire translation si les reliques sont déplacées. [...]
[...] Ce soulèvement de la noblesse saxonne est mené par deux évêques qui ne sont pas Saxons : Werner, archevêque de Magdebourg, et Burchard II, évêque de Halberstadt, son neveu. Ils agissent comme des évêques attachés à la réforme de l'Eglise. La révolte en Saxe symbolise une fidélité moins étroite de l'aristocratie, alors que le souverain s'enlise dans la lutte contre la papauté. Or, le roi moins soutenu par ses grands dépend davantage du soutien matériel de l'Eglise. Après 1089, le roi parcourt son royaume de cité épiscopale en cité épiscopale. [...]
[...] En Gascogne, Garsie Sanche, fondateur de la principauté, releva le monastère de Condom faisant de lui un princeps par cet honneur. L'origine divine du pouvoir princier est acquise sans la médiation d'un roi. La principauté comble un vide laissé par une autorité royale défaillante : au Xe siècle, le comté de Provence échappe progressivement à l'autorité royale. L'aristocratie prend en charge sa propre défense contre les Sarrasins, justifiant l'autonomie du comte Guilhem II et de ses héritiers. Dans l'Empire, la principauté née d'une défaillance de la présence royale émerge sous la régence d'Agnès de Poitiers en 1056. [...]
[...] Georges Duby dans sa thèse sur le Mâconnais, analysa la mutation de l'an mil en montrant la transformation du mallus en une cour féodale, désertée par les experts judiciaires au profit des comtes. Or, le terme de mallus est à reprendre au sens de fidèles. De plus, la négociation et le compromis ne sont pas les manifestations d'une sous-justice, il s'agit de privilégier la paix et la réconciliation. L'exercice du pouvoir public : faire la guerre L'ost royal Organisation de l'armée au début du Xe siècle L'une des prérogatives du roi franc est de réclamer de tous les hommes libres de son royaume la participation annuelle à son ost (armée). [...]
[...] Un geste final associe l'assemblée au rituel : une acclamation, l'échange d'un baiser de paix. Le sacre s'inscrit dans une cérémonie plus vaste. Lors du couronnement d'Otton Ier, le déroulement est normatif : élection par les grands puis serments de fidélité, entrée du roi dans l'église (Chapelle d'Aix pour Otton) où l'archevêque l'accueille, il demande au clergé de renouveler leur accord à l'élection du roi par une acclamation. Il procède au sacre avant de célébrer la messe qui est suivie par le roi trônant. [...]
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