Nuit du 4 août 1789, insurrection populaire, privilèges, droits rachetables, Déclaration universelle des droits de l'homme
L'été 1789 consacré par la nuit du 4 août, reflet de cet ouragan destructeur d'une conception sociétale définitivement biaisée, fomente ainsi la chute définitive de l'ancien Régime et se place sous la trilogie déterminante de la faim, de l'espoir, et de la peur. Mais la révolution française n'aurait certainement pas remporté cette grande victoire si la province n'avait pas pris les armes et si l'insurrection ne s'était pas propagée dans toute la France, par les moyens des Jacqueries, de la grande Peur, et de la révolution municipale, phénomènes, qui, par ricochet, sauvèrent Paris et Versailles d'une contre-révolution néfaste.
[...] Mais par quels moyens ? Bien des patriotes sont perplexes : l'insurrection a sauvé l' Assemblée du coup d' Etat royal, elle représente le peuple français et ne peut que justifier le mouvement national, néanmoins, le peuple devrait attendre dans le calme l'œuvre de ses représentants. Ces derniers perçoivent bien l'épée de Damoclès qui plane sur la propriété par la Jacquerie. C'est dans ce contexte que Lally Tollendal lance son cri d'alarme : abattre la féodalité oui, mais légalement, et contre juste et préalable indemnité quant aux propriétés seigneuriales, elles doivent demeurer intangibles et sacrées. [...]
[...] Que nous serions heureux qu'on détruisit la féodalité La volonté populaire d'un ordre social nouveau n'est dès lors plus à démontrer. Outre l'inégalité des conditions tenant aux privilèges de la noblesse et du clergé, le peuple s'insurge avec virulence et inscrit dans le marbre révolutionnaire sa farouche opposition au maintien des droits seigneuriaux et féodaux consistant en redevances périodiques et droits de mutation perçus par les tenures, corvées, banalités, justice seigneuriale, dîme payée à l' Eglise. Question irritante si il en était que celle de l'abolition de ces droits, question éminemment difficile à résoudre également à cause du grand nombre de ceux qui les exerçaient. [...]
[...] C'est tout un courant de pensée qui a révolutionné les mentalités : le libéralisme. Dans les faits, de société d'ordres la France est passée à une société de classes : l'individu n'est plus catégorisé en fonction d'une quelconque honorabilité héritée du fin fond des âges mais de par son mérite social. Le libéralisme c'est la promotion de l'individu et de la propriété avec laquelle les structures mêmes de l'Ancien Régime n'étaient plus en adéquation. Les privilèges se trouvent ainsi depuis longtemps privés de tout fondement, il est temps pour les pères de la Révolution de les abolir. [...]
[...] Ainsi, le paysan était libéré, mais non sa terre. Lorsque le 11 août, l' Assemblée nationale régla les modalités de rachat, les restrictions s'aggravèrent encore. Elle n'exigea du seigneur aucune preuve de ses droits sur la terre ou des contrats que ses ancêtres étaient censés avoir passé avec les paysans. Dans ces conditions, tantôt le paysan fut trop pauvre pour libérer sa terre en rachetant les droits féodaux, ; tantôt, si il se trouvait être aisé, les conditions imposées étaient telles que le rachat devenait impossible. [...]
[...] L'Assemblée avait fait table rase du passé, il ne lui restait plus dès lors qu'à reconstruire. Ce processus fut amorcé dès le 9 juillet par Mounier qui soulignait la nécessité de faire précéder la constitution d'une Déclaration des droits courte, simple et précise Le 26 août 1789, l' assemblée adopta la DDHC. Véritable acte de décès de l'Ancien Régime, celle-ci ne saurait être dissociée de la nuit du 4 août précédent qui précipita la chute d'obscurs droits antiques qui n'avaient plus lieu d'être. [...]
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