Discipline historique, historisme, études historiques, régime d'historicité, Révolution française, patrimoine, France, Allemagne
La Révolution française est souvent associée à l'apparition d'un nouveau régime d'historicité. Qu'appelle-t-on un régime d'historicité ? C'est une notion que l'on doit donc à l'historien, mais aussi penseur de l'histoire, François Hartog, inspiré par un autre penseur de l'histoire, Reinhart Koselleck, qui s'interroge sur la manière dont les sociétés humaines ont de lier et d'articuler les dimensions du présent, du passé et du futur. En effet, concevoir ces trois dimensions temporelles ne se fait pas de la même manière selon les époques et selon les sociétés. C'est pour cela que l'on peut parler de régime d'historicité. On ne conçoit pas l'histoire, le passé, le futur, de la même manière selon que l'on appartienne à la société d'ancien régime, où on peut par exemple concevoir une forme d'histoire immobile, ou à la société du XIXe siècle.
[...] Une institutionnalisation réelle, mais limitée 1. Le développement des études historiques en Allemagne Les professeurs ordinaires sont ceux qui sont au sommet de la hiérarchie universitaire en Allemagne, les professeurs extraordinaires étant des professeurs extérieurs à l'université, ou associés. Vous voyez bien que en 1850, on ne compte qu'une quarantaine de professeurs ordinaires (les différentes colonnes correspondent aux spécialités de l'époque.) En 1830, à la veille, si je puis dire, de la disparition d'Hegel, nous n'avons même pas 20 professeurs ordinaires d'histoire dans toute l'Allemagne. [...]
[...] Cela montre bien que finalement, ce développement de la discipline historique est à relativiser. Il est certes important, et notamment pour nous qui nous situons dans cet héritage, mais il ne faut pas oublier qu'il existe une histoire, une écriture de l'histoire, en dehors de l'histoire proprement académique. Conclusion C'est ainsi que je dirais en conclusion que le XIXe siècle invente certes une discipline : la discipline historique. Mais cette discipline reste cantonnée à une partie du champ intellectuel. Ce qui ne veut pas dire qu'elle est insignifiante, loin de là, mais ce qui doit nous amener à nous interroger sur sa portée réelle. [...]
[...] Michelet, lui, a été chef de la section historique des Archives nationales de 1830 à 1852, date à laquelle il est révoqué par le Second Empire. Donc, vous le voyez, ce XIXe siècle historien, ce début, ne se limite pas seulement à la publication de livres, à l'écriture d'une histoire. C'est une pratique. C'est une pratique institutionnalisée, d'ailleurs, de recherche de sources matérielles, de conservation, de publication de sources matérielles. Ce qui fait, quelque part, la singularité de l'approche historique, et cela n'est pas nouveau, vous le savez bien, c'est ce détour, ou plus exactement, ce recours à la source matérielle. [...]
[...] L'un des premiers est Barthold Georg Niebuhr. Ce professeur d'histoire ancienne, est danois d'origine, mais va choisir finalement de faire carrière en Prusse, et publie, à partir de 1811, ses premiers volumes d'Histoire romaine, qui se caractérisent par une volonté de mettre à distance les récits littéraires, voire mythiques, de l'histoire romaine, pour leur préférer une approche critique, voire une recherche de nouvelles sources. À cet égard, Niebuhr, qui va aussi embrasser une carrière diplomatique à partir du milieu des années 1810, va, lors d'une mission en Italie, découvrir, à Vérone, une nouvelle version des Institutes de Caius, qui est un juriste du IIe siècle après J.-C., et cette découverte d'un texte, donc d'une source, va être extrêmement importante dans la redécouverte du droit romain. [...]
[...] Vous voyez que cette construction de l'université de Berlin se fait dans un climat qui est à la fois intellectuel et politique. Ce climat politique évolue, et non seulement, vous le savez, à partir de 1815, l'Europe s'engage dans une tentative de fermeture, si je puis dire, de la parenthèse révolutionnaire et napoléonienne. Tentative, nous le savons bien, vaine, mais les gouvernements monarchiques tentent d'asseoir leur domination, et surtout une vision conservatrice de l'évolution politique au début du XIXe siècle. [...]
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