A peu de choses près, le christianisme est européen. Il y a cependant quelques exceptions :
Il y avait eu des chrétiens schismatiques en Asie : les chaldéens (c'est-à-dire des nestoriens, croyant en la double nature du Christ sans union de sa personne) en Mongolie et en Chine, mais qui disparaissent aux XIVe-XVe siècles ; dans le Proche-Orient, qui ont presque tous disparu au XVe siècle ; au Sud de l'Inde, sur la côte de Malabar, formant la seule communauté encore importante (on les appelle « chrétiens de Saint-Thomas »). Il y a également les coptes (des monophysites, croyant que le Christ n'a qu'une nature qui est divine) en Nubie (où ils tendent à disparaître), en Egypte, surtout en Ethiopie. Il y a également des jacobites (monophysites) en Syrie, mais très peu nombreux.
En Afrique des tentatives missionnaires des Portugais ont eu lieu dans la deuxième moitié du XVe siècle. Mais, à part les esclaves ramenés en Europe, il y a très peu de résultats. Des espoirs apparaissent cependant au Bénin et surtout au Congo.
En Amérique espagnole, l'évangélisation débute tout juste, la première messe est dite en 1494 à Hispaniola (Haïti).
En Europe coexistent plusieurs christianismes :
L'Est est orthodoxe : c'est le cas du Grand duché de Lithuanie (qui recouvre l'Ukraine, l'Est de la Pologne…), de l'Est du royaume de Pologne, de la Moscovie. Le centre en est la métropole de Moscou, qui se veut héritière du patriarcat de Constantinople (le patriarcat de Moscou ne sera reconnu qu'à la fin du XVIe siècle)
Le Sud-Est est également orthodoxe, mais est placé sous domination turque. Le patriarche est à Constantinople, prise par les Turcs en 1453. Le sultan conserve cependant les structures de l'Eglise en les contrôlant étroitement. Il se produit dans ces régions une islamisation très inégale, forte en Bosnie et en Albanie, plus faible ailleurs.
Tout le reste de l'Europe dépend de Rome, à l'exception de la Bohême, où les catholiques cohabitent avec les utraquistes (héritiers de l'hérésie hussite : ils veulent une Eglise plus pauvre et la communion sous les deux espèces) et leurs dissidents, l'Unité des Frères (qui insistent sur la Bible seule et rejettent la Tradition).
[...] Mais la situation n'est plus celle de 1517 : les idées luthériennes sont connues, des territoires entiers se sont coupés de Rome, des expériences de réforme ont été faites, tout un pan du catholicisme s'est effondré, les couvents se vident des mendiants seraient passés à la Réforme avant 1560). Deux camps se dessinent, entre lesquels il faut choisir. Or Calvin revoit la traduction de la Bible d'Olivétan qui, suspect de protestantisme, a quitté la France en 1528. Le 1er novembre 1533, Calvin rédige le discours de rentrée du recteur de l'Université de Paris en y insérant des passages entiers de Luther. Cela fait scandale, Calvin et Cop s'enfuient. Calvin se rend auprès de Marguerite de Navarre et rencontre Lefèvre. [...]
[...] Il reste cependant le centre de la lutte contre les Turcs, comme en témoigne la formation de Saintes Ligues, faites en principe pour la croisade : Sainte Ligue de Cambrai en 1508 contre Venise, Sainte Ligue de 1570-1571 contre les Turcs (qui amène la victoire de Lépante). La seule véritable structure de chrétienté est l'Eglise latine. Mais les XIVe-XVe siècles connaissent la division de la papauté (Grand Schisme), une querelle entre les conciles et le pape. La papauté, fixée à Rome, est restaurée, mais le conciliarisme reste fort à l'Université et chez les princes. [...]
[...] Les textes bibliques sont souvent édités : le Psautier en 1507 par Lefèvre d'Etaples, Saint Paul également par Lefèvre d'Etaples, le Nouveau Testament en 1516 par Erasme, etc. Editions aussi des Pères de l'Eglise, notamment par Erasme. Cela peut aboutir à une religion naturelle, adogmatique, confiante en Dieu. Le point-limite apparaît dans l'Utopie de Thomas More (1516). L'auteur, né en 1478, ami d'Erasme, chancelier d'Angleterre, sera décapité en 1535 pour son opposition à la politique religieuse d'Henri VIII. Il restera toute sa vie fidèle à l'Eglise catholique. [...]
[...] Luther est donc dans la logique de la piété de prestations, non de l'humanisme. Il a une quête spirituelle, qui provient peut-être des frères de la vie commune et des augustins réformés, et connaît une certaine réussite : il est prêtre en 1507, envoyé en mission à Rome (1510-1511) pour s'opposer à la réunion entre les observants et les conventuels (il échoue, mais en profite pour faire une confession générale et gagner des indulgences) ; il est envoyé au couvent de Wittenberg en 1511, il est docteur en théologie en 1512. [...]
[...] Il publie en 1506 un traité des rudiments de la langue hébraïque. Mais un dominicain de Cologne, juif converti, Pfeffenkorn, lutte contre les ouvrages juifs, d'où la protestation et une polémique de Reuchlin. Il est condamné en 1513, mais fait appel à Rome. Les facultés de théologie le condamnent, mais il est soutenu par les humanistes. En particulier un laïc, noble, Ulrich von Hutten, publie les Lettres des hommes obscurs (1515), correspondance fictive entre dominicains voulant perdre Reuchlin, une œuvre qui attaque Rome et la scolastique. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture