Comment les hommes qui se déplacent voient-ils ce royaume ? Qu'observent-ils ? Ce sont les voyageurs attentifs qui fournissent les meilleures sources. Arthur Young, à la veille de la Révolution, voyage longtemps et partout. Il espionne économiquement la France. Il reste à ces voyageurs attentifs une dimension qui leur manque, les Lumières voudraient pouvoir survoler le paysage. Pour ces rationalistes, Icare n'est pas un rêve, mais une nécessité. La monarchie encourage les expériences que certains disent diaboliques : s'envoler, les frères Montgolfier. L'objectif est d'appréhender l'espace.
Cette dimension sera toujours négligée par l'Empereur comme il a toujours négligé le sous-l'eau. Ces dimensions fascinent les Lumières anglo-saxonnes et reste étrangères à la vision de l'empereur mais pourtant c'est certainement un des plus grands géographes de son temps, en analyste précis et rigoureux de ce qu'il voit et en cartographe presque obsessionnel qu'il fut durant toute sa vie, voir, comprendre, mesurer les paysages. Cela est aussi une affaire de subjectivité autant que d'objectivité.
C'est dans ce contexte que les hommes doivent pourtant vivre et pour beaucoup survivre. Le cadre de vie pour l'essentiel de la population c'est le monde des campagnes ; campagnes que l'on appelle pays comme si depuis des siècles s'étaient agrégés des petits sous-ensembles qui avaient une identité. Ces pays sont souvent l'unique horizon de la population (naître-vivre et mourir au village).
Pendant de nombreuses années, on a voulu réduire le paysage et le territoire français au bocage face aux champs ouverts (openfields). Ce sont des paysages réels, hérités de la médiévalité, mais ils sont sans cesse remaniés et réaménagés et en même temps ils donnent cette impression de permanence. Le deuxième problème ce sont les défrichements et les villes nouvelles du Moyen-Âge, censées être le centre d'un nouveau territoire.
[...] C'est dans ce monde trouble du XVIIe que petit à petit une nouvelle société se construit, mais globalement, il faut louer des terres, le petit propriétaire accepte le fermage d'autres terres, ce fermage est souvent l'antichambre à l'achat définitif de la terre. Derrière cet aspect de la propriété il reste la seigneurie. Celle-ci, c'est elle qui est grignotée, elle qui vient du Moyen- Age, assise sur le fief font les droits sont en voie de dissolution, mais dont les taxes perçues n'ont jamais ou presque étaient réévaluée. C'est ce type de seigneurie qui est la proie des nouveaux acquéreurs, qu'il s'agisse des locaux, ou plus dangereux, des bourgeois. [...]
[...] On est frappé de voir que les ustensiles sont encore en bois, mais que le métal apparaît et même le verre. Bien sûr cela ne remet pas en cause la thèse globale : naître, vivre et mourir au village. Mais elle donne une idée d'un monde des campagnes moins fermé et moins désinformé qu'on a bien voulu le dire. Le XVIIe siècle est un siècle de guerres, de combats, et la soldatesque vient des campagnes et elle y retourne une fois les combats finis. [...]
[...] Surtout au XVIIe siècle où le climat est détestable. On augmente encore les surfaces cultivées, en sec ou en millet. Colbert incite à cette rotation, il n'hésite pas à évoquer al tyrannie des bleds. Il va plus loin, il interdit certaines cultures pour laisser le maximum de place aux céréales. Le monde paysan est perçu comme un monde global par les habitants des villes. Il y a une méconnaissance complète de la réalité des communautés villageoise. Une piste peut être creusée, c'est que les campagnes arrivent dans les villes, mais c'est une campagne particulière : les jardins potagers qui ont petit à petit pénétré dans les murs alors qu'ils avaient été cantonnés hors des murs. [...]
[...] Les idées nouvelles qui veulent cet assolement triennal, qui veulent cette rotation des cultures ignore la résistance paysanne. Les plantes sarclées (sainfoin, trèfle ) censées nettoyer la terre et donner à manger aux bêtes ne sont pas perçues comme un progrès, mais comme un recul. La structure de la terre c'est aussi les parcelles. Les parcelles sont souvent héritées du Moyen Age. C'était elles qui étaient censées nourrir une famille. L'époque moderne a vu se modifier la taille des parcelles, mais pas dans le bon sens. [...]
[...] Cette répartition qui est décalquée du Moyen-Age, n'est pas remise en question. Au-delà de ces trois espaces, il y a un espace qui est hérité du monde gallo-romain, celui que César appelait la Gaule chevelue, c'est-à- dire la forêt. En fait tout s'organise autour de ce dispositif. L'exploitation agricole Dans le monde des campagnes, l'exploitation agricole est déterminante pour le paysage, mais aussi dans le domaine du droit. Il y a bien longtemps que le mythe hérité de la Révolution française est tombé. [...]
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