Les dernières années du règne d'Henri IV, qui furent la première décennie du XVIIe siècle, représentent pour les générations suivantes une époque heureuse qu'on évoquera avec nostalgie. Si les souvenirs transformèrent ce moment en âge d'or, c'est qu'il est le seul moment de répit, la seule plage de paix, entre les longues épreuves des guerres de religion en amont et les malheurs accumulés pendant la guerre de Trente Ans en aval.
A vrai dire, ce moment de paix et de reconstruction peut être prolongé pour la plupart des provinces de France jusqu'à la terrible crise démographique de 1628-1631. Le début du règne de Louis XIII, en dépit d'accidents politiques et des ravages localisés de guerres menées contre des places fortes du protestantisme dans le Midi, fut, en effet, préservé des guerres étrangères. Il fut également exempt de catastrophes climatiques et des poussées épidémiques qui désolèrent les années 1630-1660.
Dans toutes les chroniques provinciales, on rencontre alors des récits de bonnes années, où les récoltes sont suffisantes, où les courants du commerce se déroulent sans interruption, où les coutumes des fêtes collectives et des réjouissances familiales se renouvellent et s'enrichissent chaque année. Les mercuriales de l'Ile-de-France n'enregistrent aucune cherté grave entre les pointes effrayantes de 1591 et 1651. Dans les villages, le nombre des habitants est en hausse lente ; la parcellisation des terres et les nécessaires refontes de cadastres et compoix, groupées à cette époque, attestent une expansion modeste mais certaine.
[...] La base du soulèvement est la paroisse, la communauté d'habitants qui constitue à la fois l'unité d'imposition et l'unité de solidarité dans le refus. Des paroisses prennent les armes, s'attroupent, publient des manifestes et marchent sur les villes voisines afin de faire retentir leurs doléances jusqu'au roi. En 1635, des émeutes généralisées secouent ainsi toutes les villes de Guyenne ; en 1637, le Périgord et ses environs sont embrasés par la grande révolte des Croquants, dont l'armée de communes était conduite par un obscur gentilhomme nommé La Mothe-la-Forêt ; les troubles des Nu-pieds en Normandie en 1639 effraient le Conseil. [...]
[...] Les chroniques locales rapportent des évaluations grandies par l'effroi, mais on dispose des recensements qui montrent, par exemple, qu'Aurillac entre 1627 et 1629 aurait perdu 40% de sa population et Lyon 50%. On estime que la crise de 1627-1631 aurait fait deux millions de morts, soit près de 20% de la population. Autre conséquence : en achats de grains, secours, frais d'hôpitaux, les communautés d'habitants se sont lourdement et irréversiblement endettées. Cette crise marque souvent l'étape principale dans l'effondrement des trésors de ville et, par conséquent, dans le déclin des institutions locales. IV/ La montée fiscale et les révoltes populaires A. [...]
[...] La charge des finances incombe à Particelli d'Emery. Ce technicien habile, partisan du machiavélisme politique, doit découvrir chaque année les quelque cent millions de livres nécessaires aux ambitions continentales des ministres. B. La politique financière : Particelli d'Emery Les expédients successifs inventés par Particelli ne sont pas maladroits, mais ils ne sont plus soutenus par une légitimité évidente. Le terrorisme fiscal mis en œuvre sous Richelieu, au nom d'un roi incontestable et réputé juste, ne peut plus être accepté, dès lors qu'il exerce pendant le règne d'un roi enfant, sous le couvert d'un ministre étranger, bientôt détesté par toute l'opinion. [...]
[...] Dans la chambre de Saint-Louis du palais de la Cité, les magistrats mécontents tiennent une sorte d'assemblée revendicatrice qui publie, le 2 juillet, un programme politique articulé. Mazarin et ses ministres, complètement isolés dans l'opinion, privés de la force armée entièrement employée aux frontières, n'ont d'autre choix que de se résigner à ratifier le renversement politique exigé. Par une déclaration royale du 18 juillet, toute l'entreprise de vingt années de ministériat est défaite : les intendants provinciaux, au nombre de 17, sont rappelés ; les innovations fiscales, révoquées ; les fermes d'impôts, suspendues. [...]
[...] L'absolutisme, esquissé en France depuis plusieurs règnes, va connaître enfin son temps fort. Il est l'élan, l'espoir, la logique évidente de toute la génération montante. Bibliographie indicative Les années cardinales: chronique de la France : 1599-1652 Cornette, Joël / Sedes / DL 2000 Richelieu et Mazarin: le temps des cardinaux Ripert, Pierre / Éd. Privat / 2002 La Marine militaire de la France sous les règnes de Louis XIII et de Louis XIV. Tome Richelieu , Mazarin: 1624-1661 Lacour-Gayet, Georges / Honoré Champion libr. éd. [...]
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