La mort du vieux monarque le 1er septembre 1715 correspond avec la fin des guerres en Europe occidentale. Il semble aux contemporains que l'on accède à un moment privilégié, de paix et de tranquillité. Le pouvoir revient à un petit prince de cinq ans, Louis XV, arrière-petit-fils de Louis XIV. La régence est exercée par Philippe d'Orléans, neveu du roi défunt, intelligent et indolent, viveur et tolérant. Le terme de « Régence » est attaché à un style de vie facile, aux goûts, décors et modes aimables qui prévalurent pendant cet intermède politique.
La Cour revient à Paris (de 1715 à 1722). Une insouciante légèreté et des façons juvéniles y remplacent les manières compassées qui avaient été de mise sous le règne d'un souverain âgé. Dans bien des domaines, il n'y a pourtant pas de rupture avec les acquis du règne précédent. Rendre compte des aspects de changement ou de continuité de la Régence suppose donc que l'on examine, d'abord, l'instauration d'une légende louis-quatorzienne témoignant du prestige durable de l'époque achevée, puis qu'on envisage le tournant intellectuel, déjà esquissé depuis plusieurs années, modifiant profondément les attitudes religieuses, politiques et sociales, et enfin qu'on précise les étapes des changements survenus dans le gouvernement et dans l'économie du royaume.
Louis XIV avait été constamment conscient de l'importance des propagandes, soucieux de l'image qu'il donnait de lui à ses contemporains et à la postérité. Depuis la rédaction de Mémoires à l'attention de son fils en 1661, il avait travaillé à la construction de sa gloire. Le mécénat royal, les encouragements aux académies, les frappes monétaires triomphales, l'érection de palais monumentaux étaient autant de gages d'immortalité.
[...] Le contrôleur général Philibert Orry administre les finances de 1730 à 1745. Il préside aux débats du Conseil de commerce fondé en 1730. Il utilise le recours à l'impôt du Dixième, qui frappe tous les revenus, y compris ceux des privilégiés. Le cardinal de Fleury et le contrôleur Orry disposent surtout d'un corps remarquable d'intendants de province, dont la qualité du recrutement et l'efficacité de l'organisation sont alors évidentes et admirées dans toute l'Europe. Les dix-sept années de gouvernement du cardinal de Fleury correspondent à des changements essentiels dans les structures démographiques et sociales du pays. [...]
[...] Le Journal des Savants, organe presque officiel, adhérait sans réserve. Ce cartésianisme vulgarisé se ramène, sur un plan de méthode, à un mécanisme universel, et sur le plan ontologique, à une séparation totale de la métaphysique et de la science. Paradoxalement, alors que Descartes avait voulu concilier la foi et le savoir, la fortune de son œuvre engendre, à longue échéance, les controverses religieuses et sociales les plus radicales. C'est en 1687 que sont publiés les travaux de l'Anglais Isaac-Newton expliquant que les mouvements de tous les corps dans l'univers obéissent à une loi générale, la gravitation universelle. [...]
[...] En politique étrangère, le Régent s'éloigne de l'alliance espagnole, parce qu'il redoute en Philippe V d'Espagne un éventuel prétendant à la couronne de France, et il se rapproche de l'Angleterre où la légitimité de George Ier, premier roi de la dynastie de Hanovre, est pareillement mise en cause par le prétendant Stuart. Le retour de la paix interrompt les dépenses militaires, mais il fait aussi disparaître leur rôle moteur dans l'économie. Les manufactures, les arsenaux avaient travaillé pour les armées. Sur mer, la course avait été profitable aux corsaires malouins, et le trafic avec l'Amérique espagnole avait enrichi les armateurs marseillais, bordelais et nantais. [...]
[...] La crise de reconversion est difficile et la dette publique n'est pas encore éteinte. Le Régent fait alors appel à un penseur économiste et spéculateur heureux, l'Écossais John Law. Celui-ci pense qu'il ne suffit pas de se contenter de réduire la dette, mais qu'il convient plutôt de réveiller le crédit, de faire circuler l'argent, de mettre fin à la disette monétaire, à laquelle la France avait toujours été plus ou moins condamnée, faute d'avoir des mines américaines, comme l'Espagne ou des flottes de commerce, comme les Provinces-Unies ou l'Angleterre. [...]
[...] III/ La Régence Dans l'immédiat, il faut gouverner le royaume. Obéissant au sentiment général, Philippe d'Orléans semble prendre le contre-pied de la vieille Cour et du parti dévot En fait, personne ne songe à remettre en question la révolution administrative de 1661, le passage d'une monarchie de justice à une monarchie de finances, le remplacement du chancelier par le contrôleur général des Finances dans la hiérarchie des pouvoirs. Les cours souveraines, réduites au silence en 1673, ne retrouvent que bien timidement le droit de présenter des remontrances. [...]
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