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Le système de l'encomienda est issu de la tradition féodale espagnole, elle est transférée dans le nouveau monde dès 1495. En 1503, la reine Isabelle de Castille avalise ce procédé, qui avait été mis en pratique par les colons eux-mêmes, par une cédule royale. Les encomiendas ne peuvent pas en théorie permettre la mise en esclavage des Amérindiens ni même de les obliger à travailler.
L'anthropophagie de certaines tribus justifie le servage brutal auquel elles sont réduites, les Arawaks ou les Tainos ne sont pas anthropophages mais sont pourtant traités comme les Caribs. Les Européens supposent au départ que les Indiens sont d'origine Chamitique, soit qu'ils descendent, comme les noirs, de Cham, le mauvais fils de Noé maudit par son père. Mais finalement, après quelques débats, les Indiens sont différenciés des noirs. Leur soumission reste justifiée par leur paganisme. L'encomendero est certain de s'enrichir.
Dès 1511, certains hommes d'Eglise comme le dominicain Montesinos dénoncent le système de l'encomienda et mettent ses abus en valeur :
- Les colons cumulent parfois les encomiendas et ont sous leurs ordres des milliers d'Indiens. Pizarro, par exemple, dirige une dizaine d'encomienda et près de 30 000 Indiens alors que les rois avaient limité le nombre d'Indiens attribué à un colon à 300.
- Les encomenderos considèrent leur encomienda comme leur propriété alors qu'elle est officiellement celle du roi. Cette idée donne lieu à un trafic d'encomiendas.
- Les bénéficiaires d'encomiendas sont souvent des gouverneurs ou des juges. Par conséquent, les Indiens soumis qui ont théoriquement le droit de porter plainte contre leur sort ne peuvent profiter de cette possibilité.
- Certains encomienderos se sentent pourvus d'un droit de vie ou de mort sur leurs dépendants (Melchior Verdugo fit exécuter de nombreux Indiens à Cajamarca entre 1550 et 1560.
Cependant, deux facteurs atténuent l'importance des encomiendas : la forte mortalité des Indiens et la morale chrétienne.
Quelques cas particuliers d'encomiendas se retrouvent dans l'ancien empire inca. Dans les mines d'argent de Huancavelica ou de Potosi, les Indiens sont soumis à un travail forcé. Ils sont nombreux à y trouver la mort à cause du manque d'hygiène et du danger des travaux. Les Européens justifient cette pratique du travail forcé en affirmant qu'il s'agit d'une tradition Inca : la Mita. Or, ce système exigeait simplement que les paysans livrent une partie de leur récolte ou d'autres biens à l'Inca et aux religieux (...)
[...] L'inflation, conséquence de la conquista ? L'Espagne connait alors une hausse inédite des prix, notamment du prix de l'or. Dès 1552, Lopez de Gamara établit un lien entre l'afflux de métaux précieux et la hausse des prix, cette hypothèse est confirmée en 1568 par Jean Bodin. L'inflation est vue comme un coup de fouet économique par les historiens du XXème, comme un puissant fermant du capitalisme (voir Braudel). Malgré tout, la hausse des prix fut surtout bénéfique pour les propriétaires terriens. [...]
[...] Des corregidores sont nommés, ce sont en fait des inspecteurs, chargés de vérifier l'application des nuevas leyes, leur présence ne sera pourtant généralisée qu'en 1565. Dans les faits, l'encomienda n'est pas abolie car les décisions de Charles Quint sont contestées en Amérique. Des révoltes contre ses lois éclatent ça et là. Au Pérou, Gonzalo Pizarro mène une farouche résistance. Il assassine en 1543 le premier vice-roi : Blasco Nuñez de Vela, qui avait été nommé pour faire face aux révoltes. Une véritable guerre civile dure entre 1545 et 1548-50. [...]
[...] Le premier à répandre la légende noire de la conquête est Las Casas. Celle-ci se transforme (surtout chez les protestants) en instrument de révolte contre le pouvoir espagnol et contre le catholicisme. La légende rose montre la manière dont les espagnols ont su cohabiter avec les indiens, comment ils ont su construire une société où tous se côtoyaient. Bien sûr, la légende noire est plus vraie que la légende rose, mais il est clair que les Espagnols n'ont pas cherché à anéantir un peuple. [...]
[...] Une malédiction pour l'Espagne ? Cet or ne restait pas en Espagne mais allait souvent enrichir les autres pays européens. Dans un premier temps, l'afflux de richesses dope l'économie espagnole et en fait la plus grande puissance militaire, tant sur le plan financier que militaire ou religieux. Mais l'Espagne de Charles Quint dilapide son or en menant des guerres incessantes, dépenses non productives. La balance commerciale espagnole devient donc déficitaire, et ce également en raison du trop haut niveau de vie des hispaniques. [...]
[...] En 1542, les abus de pouvoirs des colons sur les indiens dénoncés par Las Casas entraînent la publication par Charles Quint des Nuevas Leyes destinée à moraliser les Espagnols. La conquête de l'Amérique est un premier pas de la mondialisation. Une domination brutale La loi du vainqueur Le système de l'encomienda est issu de la tradition féodale espagnole, elle est transférée dans le nouveau monde dès 1495. En 1503, la reine Isabelle de Castille avalise ce procédé, qui avait été mis en pratique par les colons eux-mêmes, par une cédule royale. [...]
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