Le Saint-Empire-Romain-Germanique est une construction politique qui vise à l'universalité. L'Empereur est le chef d'une République chrétienne universelle qui porte le titre de Majesté et doit mener la lutte conte les hérétiques. L'Empereur est le chef temporel de l'Europe chrétienne, le glaive de Dieu. Mais les grands souverains européens, le roi d'Espagne, le roi de France et même le roi d'Angleterre ne reconnaissent pas cette supériorité. L'Empereur exerce donc son autorité seulement sur les territoires allemands (le principe d'une « nation allemande » est attesté par les textes au début du XVIe siècle), sur l'Italie (surtout les Etats de l'Italie septentrionale) et sur les cantons suisses (dont l'autonomie est cependant revendiquée depuis 1361).
[...] La religion de l'Empereur
Charles Quint se comporte en soldat du Christ. Son caractère taciturne a donné lieu à des interprétations diverses. En revanche la profondeur de la foi du souverain ne fait aucun doute. Eduqué par l'humaniste Adrien d'Utrecht (qui devient le pape Adrien VI en 1522), il est marqué par la spiritualité de la devotio moderna des frères de la Vie Commune et ne comprend pas la réforme luthérienne, même s'il est favorable à un concile réformateur. C'est un homme du dernier Moyen Âge plus qu'un prince de la Renaissance, très attaché aux traditions chevaleresques et prenant pour modèle Charles le Téméraire. La mystique des chevaliers de la Toison d'Or est très puissante dans sa vision de la lutte contre l'hérésie. Charles Quint est fasciné par le poème allégorique d'Olivier de La Marche, Le chevalier délibéré, qu'il traduit lui-même en castillan lors de sa retraite à Yuste (...)
[...] Paul III fait du concile un instrument de réforme du catholicisme axé sur les questions dogmatiques et refuse de tenir compte des réformes déjà en cours. Dès ses débuts, le concile n'apparaît donc pas comme une solution satisfaisante, ce qui pousse Charles Quint à chercher une solution interne à l'Empire lors de la diète d'Augsbourg (1547-1548) qui traite à la fois de questions juridiques et religieuses et remplit provisoirement la fonction du concile rêvé puisqu'il met en place une commission de théologiens protestants et catholiques. [...]
[...] Calvin reste très influente à la tête du Consistoire de Genève jusqu'à sa mort en 1564. [...]
[...] La souveraineté de Charles Quint est multiforme et dépasse très largement les frontières du Saint-Empire. Peut-on même parler de souveraineté dans le cas de l'Empire ? L'Empereur est le premier des nobles de cette construction plus théorique que territoriale, même si existe un territoire correspondant qui rassemble 390 Etats dont 85 villes libres. Depuis 1495, l'Empire est partagé en dix cercles destinés à protéger les Etats et à faire respecter l'interdiction de la guerre entre princes. Il existe un tribunal d'Empire, une contribution d'Empire et une armée des cercles (en fait des armées pour chaque cercle). [...]
[...] La mystique des chevaliers de la Toison d'Or est très puissante dans sa vision de la lutte contre l'hérésie. Charles Quint est fasciné par le poème allégorique d'Olivier de La Marche, Le chevalier délibéré, qu'il traduit lui-même en castillan lors de sa retraite à Yuste. La religion de Charles Quint est difficile à cerner parce qu'elle ne présente pas de caractère personnel moderne : l'Empereur n'a pas produit de confession publique et n'a jamais émis de doute sur sa foi, contrairement à Luther et aux autres réformateurs qui sont des esprits en quête perpétuelle de vérité. [...]
[...] Les diètes de 1532 (Nuremberg) et 1539 (Francfort) doivent donc concéder de nouvelles trêves. Mais la ligne directrice de la politique de Charles Quint présente une grande stabilité malgré des formes diverses : concessions nécessaires, non-interventions, dureté militaire et judiciaire chaque fois que possible. L'Empereur est attentif à préserver l'unité religieuse de ses Etats. Paradoxalement, des concessions ont été accordées en Autriche, en Bohême et en Hongrie (réduite par l'avancée ottomane) sous la régence de Ferdinand. En effet, la menace turque obligeait celui-ci à limiter les conflits internes. [...]
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