[...] Le mouvement académique est ancien en Europe puisqu'il naît en Italie à la Renaissance : la première académie est l'académie platonicienne de Florence créée au XVe siècle. Le phénomène se diffuse aux XVIe et XVIIe siècles, notamment dans la péninsule italienne, mais aussi au-delà dans d'autres pays européens. C'est au cours du XVIIe siècle que naissent de prestigieuses institutions : l'Académie française (1635, sous le règne de Louis XIII et le patronage de Richelieu), qui fournit à l'Europe le modèle d'une académie nationale établissant et codifiant une norme linguistique ; la Royal Society de Londres (1660), puis l'Académie des sciences de Paris (1666). Le mouvement s'intensifie au XVIIIe siècle et s'étend à travers toute l'Europe, avec notamment la création de grandes académies scientifiques comme l'académie de Berlin (1700), l'Institut de Bologne (1711) ou l'Academia scientarum imperialis petropolitanae (Saint-Pétersbourg) en 1724. Mais le mouvement voit aussi la multiplication de petites académies provinciales en dehors des capitales et des grandes métropoles. La seconde moitié du siècle est ainsi marquée par de nombreuses créations, le mouvement s'accélérant, mais de moindre importance. Le XVIIIe est véritablement l'âge des académies.
[...] L'organisation interne des académies se ressemble. Elles comportent des membres ordinaires, qui sont rémunérés (sauf à Londres), mais aussi des membres honoraires, associés ou des correspondants, qui sont choisis par cooptation. Les membres se recrutent selon des proportions variables parmi le clergé, la noblesse, la bourgeoisie. La bourgeoisie marchande en est le plus souvent exclue. La part entre amateurs et professionnels - hommes de lettres et scientifiques - est variable. Les femmes sont presque partout exclues, sauf en Italie (Bologne).
Les académies ont pour vocation l'accroissement et la diffusion de la connaissance, dans le domaine qui est le leur. Leurs membres mènent donc des travaux érudits, littéraires ou scientifiques. Ils se réunissent lors des séances de travail où sont lus et discutés des travaux. Partout la sociabilité est donc une dimension importante de ces institutions culturelles : elles sont des lieux d'échanges oraux, lors des discussions et des conversations. Mais leur rôle au sein de la république des lettres est plus vaste.
[...] C'est par le biais des diplomates surtout que les étrangers de passage à Paris essaient de se faire accepter dans les salons. Paris est un lieu de voyage très attractif, en raison du prestige international de la mondanité parisienne. Le comte de Creutz, francophile, ambassadeur de Suède, présente la plupart des nobles suédois. Morellet introduit Beccaria. Stanislas Poniatowski arrive en 1753 avec 5 lettres de recommandation, Edward Gibbon en 1763 avec 14 lettres ! Elles lui permettent d'être reçu chez Mme Geoffrin et chez Helvétius. Mais une fois reçu, il faut savoir plaire pour pouvoir revenir et être à nouveau invité. Certains salons sont cosmopolites, réservant certains diners aux étrangers (...)
[...] Les pratiques des loges s'insèrent dans la tradition républicaine anglaise : élection, règle de la majorité, discours des responsables élus, constitution, autant d'éléments qui seront ensuite repris dans toutes les loges européennes. En vieilles loges londoniennes se réunissent pour former la Grande Loge de Londres. Le nombre de francs-maçons est alors en augmentation à Londres. En 1720 Sir Christopher Wren, architecte, est élu Grand Maître. En 1723 sont rédigées par le pasteur James Anderson les Constitutions de la Grande Loge qui serviront de modèle et de texte fondateur. Dans ses premiers temps des liens très forts unissent la franc-maçonnerie britannique avec la Royal Society de Londres. [...]
[...] Un exemple : le 26 juillet 1776, Creutz, ambassadeur suédois, dine à Saint- Ouen chez les Necker, puis il va chez la marquise Du Deffand. Il part de chez elle avec la maréchale de Luxembourg pour aller souper à Meudon chez la maréchale de Mirepoix. Le marquis Caraccioli, ambassadeur de Naples, fréquente 27 salons. Mme de La Ferté-Imbaut réunit les ministres les représentants) de Danemark, Sardaigne, Prusse, Suède, Malte, Saxe, Russie, Naples, Venise, Cologne, Saxe-Gotha et le nonce. Les diplomates courent les salons pour avoir des nouvelles, mais aussi faire courir des rumeurs C'est par le biais des diplomates surtout que les étrangers de passage à Paris essaient de se faire accepter dans les salons. [...]
[...] Il installe ensuite sa Hofloge (loge de cour) au château de Charlottenbourg et protège la franc-maçonnerie dans ses Etats. Face à la maçonnerie, l'attitude des autorités et des Eglises n'est pas partout la même. En 1738 l'Église catholique condamne l'affiliation aux loges en considérant la maçonnerie comme une nouvelle religion par la bulle papale In eminenti. Cette condamnation n'arrête pas la diffusion de la maçonnerie dans les pays catholiques, ni même l'adhésion de membres du clergé, et la rend même que plus séduisante aux yeux de beaucoup. [...]
[...] Le mouvement s'intensifie au XVIIIe siècle et s'étend à travers toute l'Europe, avec notamment la création de grandes académies scientifiques comme l'académie de Berlin (1700), l'Institut de Bologne (1711) ou l'Academia scientarum imperialis petropolitanae (Saint- Pétersbourg) en 1724. Mais le mouvement voit aussi la multiplication de petites académies provinciales en dehors des capitales et des grandes métropoles. La seconde moitié du siècle est ainsi marquée par de nombreuses créations, le mouvement s'accélérant, mais de moindre importance. Le XVIIIe est véritablement l'âge des académies. [...]
[...] Lilti fait remarquer dans son ouvrage que le célèbre tableau de Lemonnier date de 1814 et constitue une reconstruction imaginaire. Il représente une scène fictive montrant des gens qui n'ont jamais fréquenté Mme Geoffrin et des tableaux que cette dernière n'a jamais possédés. L'importance des représentations liées aux salons conduit l'historien à adopter une démarche critique vis-à-vis de celles-ci. Le premier chapitre de l'ouvrage est consacré à une présentation historiographique. Avant les années 1970, prédomine une histoire non universitaire (cf. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture