Centrés sur le prince, lequel y assiste ou les fait organiser pour son entourage, les divertissements de la cour sont nombreux car la cour est un lieu où l'on s'étourdit :
- pour se divertir : autrement dit, si l'on suit Pascal, pour oublier la « misère » de sa propre condition humaine ; misère de chaque homme ? fût-il le plus puissant des rois ? face à la mort et à l'au-delà ;
- ou, plus prosaïquement, pour s'abstraire des contraintes du « métier de roi » : longues réunions, conduite des guerres, problèmes financiers, complots et révoltes, tensions religieuses...
Mais cet étourdissement par le divertissement a une autre fonction : focaliser l'attention de la noblesse de cour sur des préoccupations autres que politiques. Avant la « cage dorée » de Versailles déjà, les rois de France ont eu conscience de cette fonction de dépolitisation de l'aristocratie par les fêtes et les jeux. Les spectacles, où, parmi d'autres artistes, sont mobilisés les écrivains, occupent à ce titre une place de choix.
[...] Comédiens professionnels et amateurs y participent. Princes et rois n'en sont pas exclus et peuvent assister à ces représentations ou les soutenir, mais le théâtre reste peu intégré à la vie de cour jusqu'à la Renaissance.
Sous les règnes de François Ier et d'Henri II, des évolutions se font jour. Victimes d'un mouvement de longue durée d'encadrement des moeurs, les fêtes à caractère transgressif et les sorties qui les accompagnent, basées sur un renversement des valeurs, sont progressivement prohibées ou réglementées. Les mystères, sont critiqués par les humanistes et les protestants ; ils y voient une exaltation des « superstitions » catholiques. Ils sont interdits en 1549. Quant aux farces, elles sont considérées comme un « genre bas » et laissées aux spectacles de foire.
À la même époque, les humanistes font découvrir les grands tragiques grecs au public cultivé : Lazare de Baïf et Jean Dorat traduisent Euripide, Eschyle et Sophocle.
[...] La reine Médicis a pourtant du goût pour un autre type de représentation théâtrale : la comédie italienne. Ainsi, dès 1548, l'archevêque de Lyon, Hyppolite d'Este (issu d'une grande famille princière d'outre-Alpes) invite des comédiens italiens lors de l'entrée royale d'Henri II et de Catherine. Plusieurs troupes s'installent alors en France ? les Gelosi, les Fedeli... ? et trouvent un égal engouement à la cour et dans le grand public. La commedia dell'arte met en scène des personnages typés (Arlequin, Pantalone, Colombine...) dans des spectacles hauts en couleurs, très dynamiques et agrémentés d'acrobaties. Elle connaîtra un succès durable. Au temps de Marie de Médicis, les Italiens font concurrence aux comédiens français ; ils resteront très populaires jusqu'au XVIIIe siècle. (...)
[...] Le modèle social et moral qu'elle prône s'accorde parfaitement avec la politique du cardinal. De telles considérations sont à prendre en compte pour analyser l'une des plus célèbres querelles de l'histoire de la littérature française : la querelle du Cid ; querelle qui marque l'intrusion tonitruante du pouvoir politique dans un débat esthétique concernant le théâtre. Lorsqu'elle éclate, en 1637, Corneille a déjà livré quelques pièces au public. Richelieu, qui l'a remarqué, l'a même invité, un temps, à participer au groupe de beaux esprits avec qui il versifiait et composait pour le théâtre. [...]
[...] Il cesse d'écrire pendant trois ans et devra attendre 1647 (soit bien après la mort de Richelieu) pour que la faveur de Mazarin lui ouvre les porte de l'Académie française. Fait significatif, les pièces suivantes Horace, Cinna, Polyeucte seront des tragédies respectueuses des règles. Le poète, même s'il signe là quelques- uns de ses chefs-d'oeuvre, s'est bien gardé des audaces de composition qui lui avaient valu sa disgrâce. Une sorte de rentrée dans le rang, qui témoigne que désormais les écrivains sont en liberté surveillée. [...]
[...] A mi-chemin entre les fonctions de divertissement princier et la propagande, signalons les hérauts d'armes qui, au Moyen Âge, étaient chargés des cartels (défis lancés par les chevaliers avant un tournoi), et, à la Renaissance, les poètes mobilisés pour des manifestations officielles de la monarchie : rédaction de discours et d'inscriptions monumentales lors des entrées royales. Parmi ces festivités princières les ballets de cour ont été très appréciés du temps d'Henri III jusqu'au règne de Louis XIII. Sur une trame souple, s'enchaînaient danses, chants et intermèdes acrobatiques, qui mêlaient artistes de professions et courtisans. Les thèmes mythologiques, chevaleresques et exotiques étaient particulièrement appréciés et se prêtaient à des travestissements extravagants. [...]
[...] Ce type d'usage des textes repose sur leur mémorisation. D'autant qu'au Moyen Âge, du fait de l'impossibilité de dupliquer les livres en grand nombre, les savants avaient développé des méthodes mnémotechniques pour apprendre par coeur les oeuvres. De même, en poésie, afin d'aider les récitants et les chanteurs, se sont répandus des procédés rhétoriques qui, avant d'être promus au rang de règles immuables, ont eu cette utilité : métrique, rythme, rime . Quant à la mise en musique des poèmes par les jongleurs et ménestrels, elle favorise également l'effort de mémorisation, tout en ajoutant l'agrément du timbre de la voix et de l'accompagnement instrumental. [...]
[...] Le Ballet comique par exemple, fut représenté pour le mariage du duc de Joyeuse. Les poètes Ronsard, Desportes, Baïf et Dorat y furent mis à contribution. Ce n'est que progressivement que le théâtre s'est imposé dans les divertissements de la cour. Le genre était pourtant apprécié dans les sociétés médiévales. Les premières pièces écrites remontent au XIIe siècle mais ce n'est qu'à l'issue de la guerre de Cent Ans que la littérature théâtrale connaît un grand essor. Il s'agit : - de farces (Farce de Maître Patelin, 1464) ; - de soties, spectacles burlesques jouées par la basoche (milieux judiciaires urbains) et les étudiants lors de fêtes profanes (carnavals, fêtes des fous . [...]
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