Au XVIIIe siècle, la thématique du rapport entre les métropoles et les colonies prend de plus en plus d'importance dans la mesure où elle est un des éléments d'explication des indépendances, ou, du moins, de l'émergence d'une conscience nationale. Dans ces rapports, le secteur du commerce est capital, car il pourrait, à lui seul, justifier la tutelle européenne tant il représente d'intérêts.
Si l'on se place du point de vue du rapport entre les métropoles et leurs colonies, ce secteur du commerce, au XVIIIe siècle, est d'autant plus intéressant qu'il est dans une situation paradoxale : il serait en position de renforcer le lien entre les métropoles et les colonies, et ne semble pas devoir annoncer une série d'indépendances. Au XVIIIe siècle naît en effet le concept de « révolution commerciale ». Cette expression permet de rendre compte d'une expansion remarquable du commerce international, qui prend alors une réelle consistance dans la réalité économique.
Ainsi, entre 1720 et 1780, la valeur des biens échangés à l'échelle planétaire a été multipliée par deux ; l'Europe y occupe une place particulière : en 1720, elle contrôle les 2/3 du commerce mondial ; en 1780, elle en contrôle les ¾. Enfin, dans ces échanges, la place occupée par le continent américain est de plus en plus grande, particulièrement celle de la zone antillaise.
[...] Les échanges deviennent vite déficitaires pour le Portugal au moment où l'or commence à être exploité au Brésil. L'or du Brésil est ainsi envoyé directement en Angleterre, destinataire d'une bonne partie des richesses de la colonie. La dépendance de l'économie portugaise vis-à-vis de l'Angleterre se poursuit même après la fin du boom de l'or brésilien, et a d'importantes conséquences territoriales : elle empêche le Portugal d'adopter une attitude neutre lors des guerres napoléoniennes, ce qui lui vaut d'être envahi par les Français en 1807. [...]
[...] Cependant, les résultats ne sont pas à la hauteur. 12- Les trois principales tentatives de réforme des Bourbons La première concerne la création de compagnies de commerce à monopoles, destinées à contrôler le commerce, et donc ses revenus, et à renforcer l'exclusif. Ce n'est pas une nouveauté : le siècle précédent avait vu se multiplier, en Europe ces compagnies avec exclusif colonial détenant un monopole dans un espace donné, avec un certain nombre de privilèges et, parfois, des obligations : création de la Cie de Caracas, pour le commerce avec le Venezuela 1740 : création de la Cie royale de La Havane, pour commerce avec Cuba 1756 : création de la Cie royale de Barcelone, pour le reste de l'aire caraïbe La seconde réforme supprime le système des flottes, en 1740, autorisant le commerce libre dans les Antilles. [...]
[...] L'apport de l'Amérique portugaise en métaux précieux est alors presque égal à celui de l'Amérique hispanique, au tiers des arrivages totaux dont la composition se trouve également modifiée puisque le métal jaune intervient désormais pour 40% contre 18% en 1700. Quelles sont les conséquences de l'exploitation des métaux précieux dans les espaces coloniaux et métropolitains? La découverte de l'or fait entrer le Brésil dans un cycle économique nouveau qui se traduit, dans les années suivantes, par une poussée de population vers l'intérieur et un renforcement de la société esclavagiste. [...]
[...] Il n'existe pas non plus d'organisation semblable à la carrera des Indias. On rencontre une plus grande liberté de circulation sur les mers, avec un commerce en droiture ou triangulaire avec passage sur les côtes africaines. Ces sont les commerçants exportateurs qui fixent les rythmes des rotations des navires. Par ailleurs, le Portugal accorde de nombreuses autorisations ou licences à des négociants étrangers désireux de commercer avec les territoires coloniaux. Le phénomène s'accentue au XVIIIe, date où le commerce portugais passe par des marchands anglais. [...]
[...] La liberté de la traite permet donc son développement, sous la forme du commerce triangulaire, ou commerce circuiteux 33- Un commerce triangulaire Le principe est bien connu et comporte plusieurs variantes. Il ne concerne pas la traite portugaise, qui se fait en droiture, depuis leurs comptoirs ou colonies d'Afrique dont la maitrise est un atout considérable. Le contrôle se fait par les Brésiliens qui achètent directement les esclaves grâce à l'or. Le Brésil joue un rôle direct, à la différence des autres colonies, soumises à leurs métropoles, il est donc préférable de parler de traite lusobrésilienne. [...]
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