Colonialisme et nationalisme

Résumé du document

« L'Empire c'est le commerce » affirme en 1880 Chamberlain, ministre des colonies en Grande-Bretagne. En 1895, il actualise sa pensée en précisant qu'il « croit en l'Empire Britannique » et en un second lieu qu'il « croit en la race britannique ». La domination de l'Empire n'est donc plus seulement perçue à partir d'un prisme purement économique et matérialiste, mais aussi et surtout à partir de l'angle de la nation et de la race.
La colonisation, qui selon J.L Monneron est «la mise en exploitation de toutes les ressources d'un pays par une population nouvelle qui s'y installe à demeure et y forme une société complète » est ce qui permet de légitimer la doctrine du colonialisme. Colonialisme qui semble être attaché dans un premier temps strictement au commerce, comme l'a été le colonialisme Espagnol au XVI et XVIIème siècle qui a permis l'exploitation des matières premières des régions conquises et l'importation des richesses vers le vieux continent. Pour s'étendre ensuite au champ politique et national d'une façon plus ou moins brutale, à partir de la fin des années 1870 au sein des pays qui se sont constitués en États-nations comme l'Italie ou l'Allemagne, ou qui agissent comme tel, à l'instar de la France ou de la Grande-Bretagne.

Extraits

[...] Historiquement, avant les années 1870 le colonialisme n'est pas l'apanage du nationalisme, car le colonialisme lui est antérieur. En effet le processus de colonisation est ancien : il remonte aux grandes découvertes du XVIème siècle. Le discours le sous- tendant le légitimant est donc tout aussi ancien. Ces raisons sont les mêmes qui vont impulser la reprise des mouvements coloniaux en Grande- Bretagne comme en France, et justifier le colonialisme. Les plus importantes sont les suivantes. D'une part, c'est la motivation économique, qui dans un contexte de crise va avoir un rôle primordial. [...]

[...] Le colonialisme n'est donc plus seulement motivé par des motifs économiques, mais surtout politiques et nationalistes comme on le retrouve dans la l'œuvre littéraire de Kipling qui évoque le fardeau de l'homme blanc ou encore chez Victor Hugo avec le croissez, cultivez, colonisez, multipliez D'autres facteurs comme l'explosion démographique sont toutefois à prendre en compte pour nuancer et expliquer cette accélération du mouvement colonial qui se traduit par exemple en Algérie par la multiplication du nombre de colons français. En effet de colons français présents en Algérie en 1872 on passe à en 1914. [...]

[...] Le colonialisme est donc bien dans les années 1870 essentiellement tournées vers le commerce, d'où la multiplicité de comptoirs qui témoignent de la superficialité des relations entre les colonies et les métropoles. Le nationalisme n'est pas un argument légitimant le discours colonial. C'est le bien-être du l'Etat et non de la nation qui est visée, ce qui peut expliquer l'opposition de certains nationalistes au processus de colonisation. Colonialisme et nationalisme semblent ensuite s'opposer par le biais des nationalistes qui refusent le colonialisme. En France jusque dans les années 1885, on retrouve une forte opposition héritée de figures ultras nationalistes marquées par la défaite de Sedan de 1870. [...]

[...] Colon L'histoire du XIXe siècle en fiches Ouvrages spécialisés : - Histoire de la France coloniale II. L'apogée 1871-1931, Jacques Thobie, Gilbert Meyer. - J.C. Caron L'Europe au XIXe siècle, des nations au nationalisme - E. Geller Nation et nationalisme - Sandrine Kott Dictionnaire des nations et des nationalismes ( + Cours n°12 et recueil de M. [...]

[...] La politique de Bismarck témoigne de cette dynamique de changement. En effet, dans un premier temps le chancelier allemand se montre réticent face au colonialisme, auquel il finit par adhérer et défendre face à la France et l'Angleterre qui gagne de plus en plus de terrain principalement en Afrique. Cette rivalité entre Etats- nations s'exprime par la course au clocher qui est une lutte acharnée dans les années 1880 entre nations européennes et qui déplace leur lutte vers les colonies. [...]