Avant de devenir la terre promise des ordres mendiants, la cité italienne avait connu des formes singulières d'encadrement des laïques. De longue date, le territoire urbain était occupé par un bâti religieux puissamment enraciné et prestigieux, comme la cathédrale, et divisé en circonscriptions régionales, les paroisses, correspondant bien à la prégnance du fait religieux dans l'organisation spatiale de la cité. La cité s'appuya sur cette division territoriale qui correspondait souvent à l'espace vécu.
La division administrative des diocèses s'est imposée très tôt avec l'expansion du christianisme. En principe, chaque civitas est devenue le siège d'un évêque, dont l'administration correspond à son territoire. La forte urbanisation de la péninsule italienne a contribué à la multiplication des diocèses issus de nombreuses colonies implantées par les romains. L'Italie possède une extrême densité de diocèses (au chiffre mouvant). Sous le pontificat de Jean XXII (pape qui en a augmenté le nombre), on les estime à près de 300.
[...] C'est de ces conflits que naît une grande partie des tensions entre Frédéric II et la papauté. Entre les évêques du Nord et du Sud apparaît une grande différence entre leur manière d'exercer leur fonction. Ils sont certes tous d'origine aristocratique, mais les uns doivent faire front à des gouvernements communaux qui sont de plus en plus liés aux milieux populaires, tandis que les autres doivent être capables de se plier à la volonté d'un souverain qui voit en eux des représentants de son pouvoir politique, et n'hésite donc pas à intervenir dans les élections épiscopales. [...]
[...] Les autorités publiques ne sont pas en reste et offrent régulièrement des offrandes publiques codifiées aux monastères. De nombreuses corporations artisanales choisissent comme siège social des églises abbatiales. Quant à la vie paroissiale, il ne manque pas d'exemples d'églises de monastères devenues églises de paroisse urbaine, dans laquelle s'opéraient les regroupements de fidèles du voisinage L'inurbamento des ordres mendiants 1 Un choix originel : Franciscains et dominicains recherchent les villes, qui depuis le XIème connaissent une grande expansion. Le nouveau monde urbain s'affirme à travers des valeurs et des comportements nouveaux, le goût de l'échange commercial et culturel, la recherche de la sécurité et du confort, des formes de sociabilité plus égalitaires, comme la corporation et la confrérie. [...]
[...] On aurait tort toutefois de confiner le problème au niveau idéologique, et de ne chercher dans la cathédrale qu'une expression sublimée de la conscience civique : d'une certaine manière, c'est l'institution communale elle-même qui se construit en même temps que se bâtit la cathédrale. Le cas vénitien est de ce point de vue éclairant. La cathédrale de San Pietro di Castello, trop excentrée pour dans la géographie et le cœur des vénitiens, cède sa prééminence à la basilique Saint Marc, gérée par une fabrique qui apparaît avec la commune, vers 1150. [...]
[...] Dans cette ville où règne l'urbanisme du privé il existe cependant un espace public : le port et la cathédrale. La cathédrale San Lorenzo est financée par un impôt de prélevé sur les legs pieux, attesté depuis 1174. Dans les années 1280, cet impôt est employé à financer les aménagements portuaires, et la fabrique de la cathédrale prend également en charge la gestion du port. A Gênes, la cathédrale est donc bien la mère de l'espace public, et ses fabriciens les garants d'une gestion urbaine soucieuse de l'intérêt collectif. [...]
[...] C'est notamment le cas des processions d'offrande. En 1295, la commune d'Orvieto coordonne les processions chargées d'apporter la cire à la cathédrale en construction (1290), de toutes les communautés assujetties au pouvoir de la cité. A Sienne également est attesté le rite par lequel le jour de l'Assomption, les représentants des communautés du contado viennent apporter leurs cierges à la cathédrale, le poids total de cire étant proportionnel à l'estimation de la masse imposable Un complexe cathédral : En premier lieu, c'est la cathédrale elle-même en tant que bâtiment (Duomo en latin, c'est-à-dire la cathédrale en tant que monument), massif et à la forte emprise au sol. [...]
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