Si pour la grande majorité des Européens, l'expérience de l'espace est celle du « village immobile », sur les franges des sociétés d'ancien régime des groupes humains sont conduits à avoir une existence nomade. Tel est le sort de ceux qui ont choisi - ou que les hasards de la vie ont conduit à choisir - la vie militaire. Déracinés de leur lieu de naissance, les servitudes de leur condition et les exigences des princes qui les emploient les poussent hors de leurs horizons familiers, les entraînent, au prix de longues marches, vers des pays lointains, les obligent à de douloureuses retraites...
Les plus chanceux sillonneront ainsi de vastes zones du continent mais le voyage de nombre de leurs camarades est souvent un voyage sans retour : sur les champs de bataille gisent les cadavres de soldats, oubliés depuis longtemps par ceux qu'ils avaient quittés, et jetés dans des fosses communes anonymes, après avoir été détroussés. D'autres, blessés, prisonniers ou déserteurs, verront leur vie basculer dans de nouvelles épreuves, de nouvelles errances. Ils se trouveront mêlés aux masses des civils chassés de leur univers familier par les désastres de la guerre. Car les guerres du XVIIIe siècle ont été nombreuses, longues et cruelles. De l'ouest à l'est du continent elles ont touché la plupart des Etats, groupés en puissantes coalitions rivales. Les théâtres d'opérations se sont multipliés : ni le coeur de l'Europe ni ses périphéries n'ont été épargnées. Et même si cela excède les limites continentales du sujet, elles ont eu des lointains prolongements dans les batailles d'escadres ou la guerre de course, ainsi que dans les affrontements coloniaux en Inde ou en Amérique.
Avant de nous intéresser aux différentes catégories d'acteurs des conflits des années 1680-1780, en montrant combien la vie militaire est une vie d'errances, un constat s'impose : ces guerres impliquent d'énormes masses humaines.
Pendant la Guerre de Succession d'Espagne (1702-1714), l'effectif des armées françaises est porté à 350 000 hommes, alors que les Etats allemands en mobilisent 330 000. Par comparaison, on estime qu'à la fin de la Guerre de Trente Ans (1648), il n'y aurait que 50.000 hommes sous les drapeaux dans tous les Etats belligérants (France, Espagne, Empire, Pays-Bas, Suède...) (...)
[...] Il n'en poursuit pas moins le combat et s'illustre en Bavière aux côtés de Marlborough. Il se distingue ensuite en Italie, dont le nord passe sous une domination autrichienne durable. Il commande ensuite aux Pays-Bas, s'empare de Lille et participe à la sanglante bataille de Malplaquet indécise victoire de la coalition anti-française qu'elle ne peut exploiter du fait des pertes subies dans ses rangs. La guerre s'enlisant et l'Angleterre faisant défection, Eugène convainc le nouvel empereur Charles VI de signer la paix (Rastat, 1714). [...]
[...] Leurs officiers étaient en partie de même nationalité qu'eux. Cela facilitait l'entraînement et le commandement des troupes qui ne comprenaient pas la langue du pays qu'ils servaient. Tel est également le cas de nombreux nobles jacobites les oies sauvages d'origine anglaise, écossaise ou irlandaise. Par fidélité à la dynastie Stuart mais aussi au catholicisme, ils servaient dans les régiments écossais et irlandais de l'armée française. Les régiments irlandais sont plus anciens, du fait des persécutions contre les nationalistes et les catholiques de l'île. [...]
[...] Mercenaires et engagÉs Le mercenariat est une pratique ancienne. Toutefois, alors que les condottières italiens du XVIe siècle ou les compagnies de mercenaires de la guerre de Trente Ans formaient des troupes qui se mettaient au service d'un prince tout en poursuivant des objectifs propres (ce qui les conduisait parfois à trahir leur employeur), ce type de recrutement de soldats de fortune tend à disparaître. Au sein d'une vie militaire de mieux en mieux structurées et disciplinées, les soldats engagés volontaires se voient plutôt intégrés dans des régiments appartenant à des armées nationales et placés sous le contrôle d'officiers dévoués au souverain qui les commande. [...]
[...] Les armées ont organisé des services de recrutement pour répondre aux besoins en troupes fraîches. Les recruteurs sont des officiers et des hommes de troupe qui, désirant sortir de la routine militaire (surtout en temps de paix), sillonnent les routes pour racoler des volontaires. Une partie de leur activité se déroulent à l'intérieur du territoire national. Les jours de foire, ils organisent une parade avec quelques musiciens et de beaux uniformes, accompagnés de belles femmes. On attire et bonimente les jeunes du canton, on leur offre à boire. [...]
[...] Son armée de 30.000 hommes est écrasée et il ne doit la vie qu'à une fuite dans l'Empire ottoman tout proche, où il trouve refuge. Bloqué à Bender (actuelle Moldavie) jusqu'en 1714, il est impuissant face à l'invasion de la Suède par ses ennemis. Réussissant à s'enfuir, il regagne le port de Stralsund (en Poméranie suédoise), traverse la Baltique et regagne la Scandinavie. Il lance alors une expédition contre la Norvège (territoire danois) au cours de laquelle il perd la vie (1718). Certes, il s'agit là d'un destin hors du commun, en regard de celui des monarques de son temps. [...]
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