La situation au début du règne de Marie-Thérèse (1740-1760).
Avec 600 000 km² et 25 millions d'habitants, la monarchie des Habsbourg, improprement appelée Autriche, est une des principales puissances européennes. Aux provinces patrimoniales des Habsbourg, Autriche, Tyrol, Carinthie, Styrie et Carniole, jamais unifiées sous un vocable commun, se sont ajoutés en 1526 les royaumes de Bohême (Bohême, Moravie, Silésie) et de Hongrie (avec la Croatie, la Transylvanie et le banat de Temesvár). Occupée très largement par les Turcs pendant un siècle et demi, la Hongrie fut reconquise entre 1683 et 1718 par les troupes de l'Empereur. A ce bloc très continental en dépit de l'ouverture maritime par Fiume et Trieste, irrigué d'ouest en est par le Danube, il faut ajouter les Pays-Bas anciennement espagnols et le duché de Milan.
[...] Le nouvel organisme avait compétence pour l'Autriche et la Bohême. La Hongrie, à qui Marie-Thérèse avait garanti ses libertés contre son aide armée lors de la crise de l'avènement, n'était pas concernée. Le royaume de Bohême, en revanche, tout en conservant son droit d'Etat, était ramené au statut de province. Ainsi s'esquissait une amorce de dualisme entre le bloc austro-bohême et la Hongrie. La crise ouverte par la guerre de Sept Ans (1756-1763), défaites militaires, déficit budgétaire creusé, dysfonctionnement d'un système compliqué aux compétences multiples et mal définies, entraîna une refonte totale du gouvernement et de l'administration. [...]
[...] La politique réformatrice de Marie-Thérèse (1760-1780). La souveraine accorda sa confiance à un noble morave, formé à Leipzig, Kaunitz, qui, après avoir été l'artisan comme ambassadeur à Paris du rapprochement avec la France, fut nommé chancelier en 1753 et le demeura quarante ans. A la mort de son époux, l'empereur François Ier (1765), Marie- Thérèse associa au gouvernement de ses Etats, comme corégent, son fils l'empereur Joseph II, qui tâcha, autant qu'il le put, car il demeurait en position subordonnée, de promouvoir des réformes radicales. [...]
[...] Son ministre de la police, Pergen, traqua les opposants avec ténacité. En 1786, la patente sur la franc-maçonnerie obligea les maçons, pourtant très favorables au joséphisme, à se regrouper dans une seule loge par province et à déclarer leurs membres. En Hongrie et aux Pays-Bas, où Marie-Thérèse s'était bien gardé de toucher aux divers privilèges, les mesures de Joseph II provoquèrent une révolte ouverte. En Hongrie, Joseph supprima les comtés administrés par la noblesse locale pour les regrouper dans des districts dirigés par des commissaires royaux ; ici comme ailleurs, il voulut imposer l'allemand (à la place du latin) comme langue administrative ; il refusa de se faire couronner roi de Hongrie et fit transporter la couronne à Vienne. [...]
[...] Kaunitz fut ministres des deux souverains. Ce fut la politique ecclésiastique de Joseph II qui eut le plus de retentissement. Dès 1781, ce catholique sincère, mais ennemi du fanatisme, publia l'édit de tolérance qui accordait la liberté de culte aux protestants et aux orthodoxes ; l'année suivante, les bénéfices en furent étendus aux juifs. Avec l'appui de Kaunitz, l'empereur s'engagea dans une politique de réformes ecclésiastiques, que l'on nomma joséphisme. Négligeant les protestations du pape, il supprima les ordres religieux socialement inutiles, ne conservant que les enseignants et les hospitaliers. [...]
[...] En 1781, le servage personnel fut supprimé là où il subsistait. A partir de 1783, le remplacement de la corvée par une redevance en argent fut envisagé, afin de promouvoir une classe de travailleurs indépendants. En 1789, la corvée fut supprimée et un impôt institué sur la propriété foncière quelle qu'en fût la qualité juridique, roturière, domaniale, noble ou ecclésiastique. Joseph II fut l'empereur des paysans. Dans les années 1784-1786, le contrôle des corporations dans l'artisanat et le commerce fut aboli. [...]
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